Communiqué
 
   
  25 février 2002
Forte incidence de cancer chez les bélugas de l'estuaire du Saint-Laurent
Une étude de la Faculté de médecine vétérinaire de l'UdeM met en cause les sédiments carcinogènes du Saguenay.

Saint-Hyacinthe, le 25 février 2002 - La population de bélugas de l'estuaire du Saint-Laurent est affectée par une incidence anormalement élevée de cancer. C'est ce qui ressort d'une étude du Dr Daniel Martineau, de la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal, et qui paraîtra prochainement dans la revue Environmental Health Perspective.

De 1983 à 1999, 263 carcasses de bélugas échouées sur les rives du Saint-Laurent ont été signalées à Pêches et Océans Canada. De celles-ci, 129 ont été examinées à la Faculté de médecine vétérinaire et 100 étaient dans un état de préservation raisonnable. Le Dr Martineau et son équipe ont observé que le cancer a causé la mort de 18 % des jeunes bélugas et de 27 % des bélugas adultes. Le taux de cancer chez cette population, et particulièrement le taux de cancer du système digestif, est beaucoup plus élevé que le taux rapporté chez les animaux domestiques. «Un tel pourcentage n'a jamais été observé chez une population d'animaux sauvages où que ce soit dans le monde, affirme Daniel Martineau. À notre connaissance, c'est la première fois que l'on documente chez des mammifères sauvages un taux de cancer comparable à celui prévalant chez l'homme.»

Les chercheurs établissent un lien entre ces données et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) retrouvés dans les sédiments du Saguenay et qui comportent de puissants carcinogènes. Il a été démontré que ces composés sont émis par les alumineries situées à la source de la Rivière Saguenay. La production d'une tonne d'aluminium implique la production d'un peu moins d'une demi-tonne de HAP. Or, selon Alcan, la quantité de HAP produite et libérée dans l'air par les cinq alumineries du Saguenay s'élevait à 1488 tonnes en 1990 et à 313 tonnes en 1997.

Les chercheurs de l'UdeM ont déjà démontré, en collaboration avec le laboratoire de toxicologie d'Oak Ridge au Tennessee, que les tissus des bélugas du Saint-Laurent sont contaminés par les HAP. Les bélugas, des mammifères qui peuvent plonger à de grandes profondeurs, sont parmi les rares baleines à dents à se nourrir des invertébrés vivant dans les sédiments.

Les travailleurs de l'aluminium de la région du Saguenay Lac Saint-Jean souffrent de taux élevés de cancers de la vessie et du poumon. En 1984, des chercheurs de l'Université McGill démontraient que la cause la plus probable des cancers de la vessie était l'exposition aux HAP produits dans les usines. Les chercheurs de l'Université de Montréal notent que l'incidence des cancers du système digestif chez les habitants de la région du Saguenay Lac Saint-Jean est aussi significativement plus élevée que celle du reste du Canada et du Québec et que l'eau potable des municipalités du fjord du Saguenay provient en grande partie de l'eau de surface qui est exposée aux émissions de HAP.

Deux chercheurs de Pêches et Océans Canada, ont déjà clairement identifié l'amplitude et la persistance de cette menace pour la santé publique. En 1990, ils estimaient que 40 000 tonnes de HAP produits par les alumineries du Saguenay s'étaient accumulées au cours des années dans le bassin versant du Saguenay, desquelles 20 tonnes sont libérées annuellement dans les eaux du Saguenay.

Le résumé de l'étude de la Faculté de médecine vétérinaire de l'UdeM est disponible en ligne à l'adresse suivante : http://ehpnet1.niehs.nih.gov/docs/2002/110p285-292martineau/abstract.html et paraîtra dans l'édition de mars de la revue Environmental Health Perspectives.

L'Université de Montréal se classe au deuxième rang des universités canadiennes pour les subventions et les contrats de recherche. Avec ses deux écoles affiliées, l'École Polytechnique et l'École des HEC, elle offre des programmes d'études de 1er, 2e et 3e cycles dans presque tous les domaines du savoir. Elle accueille près de 50 000 étudiants et décerne plus de 2 500 diplômes de maîtrise et de doctorat chaque année.

Le Dr Daniel Martineau sera disponible pour répondre aux questions des journalistes lundi, le 25 février, entre 15h et 16h.


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Renseignements:

Sophie Langlois
Attachée de presse
Université de Montréal
(514) 343-7704
sophie.langlois@umontreal.ca


 

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