Faculté de théologie et de sciences des religions
3 mars 2004
La revue Théologiques fête dix ans d'existence

Au cours des dernières années, les animaux ont envahi, si on peut dire, les sciences sociales et humaines, et même la théologie. Animaux consommés, animaux de laboratoires, animaux familiers, animaux sacrifiés. Certaines images fortes, comme celles de la crise de la vache folle, nous ont ébranlé. Ce renouveau d'intérêt pour un sujet de réflexion au demeurant très ancien, est peut-être, pour une part, le symptôme de l'inquiétude largement partagée au sujet de la vie, aussi bien celle des espèces animales que celle de l'espèce humaine.

La reprise et le renouvellement de certaines grandes questions s'imposent à l'évidence. Que représente le vivant, «l'homme» aussi bien que l'animal? Sur quelle conception de la vie doit-on fonder les rapports entre les êtres humains et les rapports entre les humains et les animaux? Dans quel cadre convient-il de situer cette conception : celui de la science, de la religion, de la doctrine morale ou politique? Et quelles seraient les implications aussi bien pratiques que théoriques de ces choix? Comment articuler le rapport animal / humain, en terme de continuité et de rupture? Les animaux ont-ils des droits? Avons-nous des devoirs envers les animaux? Q'en est-il de leur âme, de leur immortalité et de leur salut? Comment faut-il traiter les animaux et agir envers eux? Les animaux sont-ils au service de l'humanité? Comment nous protéger des animaux et comment les protéger?

Les traditions religieuses ou spirituelles sont rarement prises en compte dans toutes ces discussions. Or, elles constituent un immense réservoir de pensée holistique sur l'univers, sur la vie et sur le vivant. Dans une certaine mesure, elles pourraient servir de contrepoids à la science aussi bien qu'à la philosophie, sans les remplacer pour autant. Elles permettraient peut-être de poser les questions autrement, ou d'opérer des déplacements, dans un cadre où ordre et harmonie sont conçus comme la loi éternelle de l'univers, la matrice des liens et des échanges entre Dieu (ou les dieux), la nature, l'être humain et les autres vivants.

Il convenait donc d'aborder le thème des animaux du point de vue de la théologie : problématique de l'hominisation, où sciences de la nature et théologie dialoguent ; spécificité des religions amérindiennes quant au statut des animaux ; proposition d'un nouveau modèle pour penser une relation éthique aux animaux ; expérience mystique de François d'Assise ; fonction des animaux dans la Bible, entre le sacrifice et l'espoir de la délivrance ; bilan bibliographique sélectif mais représentatif sur la question. Bref, ce numéro de Théologiques représente une contribution diversifiée, innovante et plurielle, au dossier.

Rappelons que Théologiques est une revue de recherche interdisciplinaire, qui entend promouvoir l'avancement de la recherche en théologie, en dialogue avec les sciences humaines. La revue est publiée deux fois par année (printemps et automne) par la Faculté de théologie et de sciences des religions de l'Université de Montréal.

Théologiques, Volume 10, n° 1

Sommaire

Liminaire

Les animaux dans la conscience humaine.

Questions d'aujourd'hui et de toujours
Nicole Laurin,sociologue, UdeM

Thème

Quelques recherches récentes en sciences de la nature et leurs incidences théologiques sur la question de l'hominisation
Jean-François Roussel, théologien, UdeM

Les Algonquins ont-ils toujours besoin des animaux indiens ? Réflexions sur le bestiaire contemporain
Marie-Pierre Bousquet, anthropologue, UdeM

Le rapport des humains aux animaux dans la perspective de l'éthique. Mise en situation sociale
Denis Müller, éthicien, Université de Lausanne

Frère François et ses frères, les animaux. Évocations
Richard Bergeron, théologien, professeure émérite, UdeM

La Bible relue par les animaux
Olivette Genest, bibliste, professeure émérite, UdeM

L'homme et l'animal. Sélection bibliographique
Martin Chartrand, étudiant, et Jean Duhaime, bibliste, UdeM

Hors-thème

Femmes et célébration eucharistique. Jalons historiques et symbolisme
Micheline Laguë, théologienne, Université Saint-Paul, Ottawa

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