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Département de sociologie

Première étude sur l’intégration des immigrants au marché du travail québécois selon leur niveau de scolarité

27 mars 2006 – Deux chercheurs de l’Université de Montréal remettent en question le cliché de « l’ingénieur - chauffeur de taxi ». L’étude, « Un emploi correspondant à ses compétences? » a été menée par les chercheurs Jean Renaud et Tristan Cayn pour le compte du ministère de l’Immigration et des communautés culturelles du Québec (MICC). Il s’agit de la toute première étude à mesurer l’impact des différents facteurs de réussite de l’intégration des immigrants au marché du travail québécois. Selon les chercheurs, les facteurs qui influencent le plus la rapidité de l’insertion au marché du travail québécois sont, principalement, le niveau de scolarité, la préparation à la migration, les séjours préalables et la région d’origine.

« Il faut reconnaître que bien qu’il existe, le « chauffeur de taxi - ingénieur » ne représente pas la norme, » soutient Jean Renaud, professeur au département de sociologie de l’UdeM et auteur principal de l’étude, du moins pas pour les immigrants sélectionnés dans la catégorie des travailleurs. Les résultats tendent plutôt à démontrer que l’intégration à la société québécoise se déroule de façon satisfaisante pour la plupart des immigrants sélectionnés. De fait, trois mois après leur admission au Québec, la moitié d’entre eux avaient obtenu un premier emploi, et après une année, un emploi correspondant à leur niveau de scolarité . Plus des deux tiers avaient obtenu un tel emploi cinq ans après leur admission. Enfin, une fois qu’ils ont obtenu un emploi correspondant à leur scolarité, il est rare que les répondants occupent par la suite un emploi de niveau inférieur (12% des répondants ).

Selon le ministère de l’Immigration et des communautés culturelles, l’étude de M. Renaud démontre que les personnes immigrantes qui s’établissent au Québec contribuent autant à l’essor du Québec qu’au maintien de sa compétitivité sur le plan international. Le ministère constate que certains nouveaux arrivants y parviennent rapidement alors que, pour d’autres, le cheminement semble plus long. Cela démontre l’importance des actions du ministère et de ses partenaires afin d’accompagner les nouveaux arrivants dans leur projet d’intégration, de faciliter leur apprentissage du français, d’accélérer la reconnaissance de leurs compétences acquises à l’étranger et de soutenir les employeurs dans leurs démarches de recrutement et d’intégration en emploi.

L’étude a été réalisée à partir d’un échantillon représentatif de plus de 1 500 immigrants sélectionnés de la catégorie des travailleurs admis au Québec entre janvier 1997 et juin 2000. Chacun d’entre eux a été interrogé sur les caractéristiques des emplois obtenus depuis son admission au Québec et sur les périodes de non emploi. Ces renseignements ont été recoupés avec les données de la grille de sélection du MICC afin d’évaluer, pour la première fois, le caractère prédictif des résultats du mode de sélection des immigrants par le Québec.

Quel est l’impact de la région de provenance?

Les chercheurs ont été étonnés de constater l’importance de la région de provenance des immigrants sur leur accès à l’emploi : « Les immigrants issus d’Asie, du Moyen-Orient et de l’Océanie semblent désavantagés. Pour eux, toutes choses égales par ailleurs, l’accès à un emploi et à un emploi qualifié est significativement plus lent », explique le professeur Renaud.

Les immigrants issus d’Europe de l’Ouest ou des États-Unis sont ceux qui s’établissent le plus rapidement. Pour les ressortissants du Maghreb, de l’Europe de l’Est et de l’ex-URSS, l’impact de la région de provenance n’est significatif que pour les premiers dix-huit mois. C’est donc dire qu’après cette période, ils connaissent le même taux d’accès aux emplois et aux emplois qualifiés que les ressortissants d’Europe de l’Ouest ou des États-Unis. Les immigrants provenant des régions de l’Asie, du Moyen-Orient et de l’Océanie, accusent, pour leur part, un retard dans l’accès à l’emploi, pendant toute la période observée, qui s’étend jusqu’à cinq années. « Il pourrait s’agir d’un phénomène d’acclimatation plus lent ou alors d’une résistance de la société d’accueil. Notre étude ne permet pas de conclusion décisive à cet égard », ajoute le chercheur.

On peut consulter le texte complet « Un emploi correspondant à ses compétences? – Les travailleurs sélectionnés et l’accès à un emploi qualifié au Québec » à l’adresse suivante: www.micc.gouv.qc.ca

 

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