Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numéro 4 - 19 septembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Voulez-vous bloguer avec moi ce soir?

Trois chercheurs participent à «Science! On blogue»

Des hommes et des femmes de science communiqueront avec le public, chaque semaine, par le blogue de l'Agence Science-Presse.

Quatre chercheurs de l’Université de Montréal, Normand Mousseau, Isabelle Ganache, Robert Lamontagne et Sjoerd Roorda, participeront à «Science! On blogue», un tout nouveau projet de l’Agence Science-Presse (ASP). Consistant en un site interactif sur le réseau Internet, le projet de l’ASP a pour but de créer un dialogue entre des chercheurs et tout interlocuteur désireux d’approfondir une question scientifique.

«C’est un projet emballant, mentionne le professeur Mousseau, un spécialiste des matériaux complexes qui est aussi engagé dans des travaux de bio-informatique. Mais je dois vous dire que nous ne savons pas trop quelle forme prendront les échanges.»

Si le professeur Mousseau avait eu à envoyer un premier blogue au moment de son entretien avec Forum, il aurait abordé la mathématique du chaos à partir de l’ouragan Katrina. Non pas à la manière d’un climatologue mais comme un physicien. Lorsqu’une tempête se forme dans le sud de l’Atlantique, son évolution est à la fois prévisible et chaotique. Une partie de la physique théorique s’intéresse à ce paradoxe. «J’essaierais de lier ma communication à un élément de l’actualité», commente le blogueur.

La difficulté de l’exercice vient du fait que l’interlocuteur au bout de la ligne est encore indéterminé. «On s’attend à ce que les participants soient renseignés et attirés par la culture scientifique sans être des spécialistes», précise le journaliste Pascal Lapointe, directeur de l’ASP. Un public curieux, formé de plusieurs jeunes mais pas exclusivement. Quatre thèmes seront alimentés chaque semaine par des universitaires aguerris: la physique, la génétique, l’environnement et l’exploration spatiale.

C’est Isabelle Ganache, étudiante au doctorat en bioéthique, qui prête son nom au projet, mais trois autres chercheurs du Groupe de recherche en bioéthique (son directeur, Hubert Doucet, et les chercheuses Marianne Dion-Labrie et Céline Durand) y prendront part chaque semaine. «Nous allons nous consulter sur les sujets les plus pertinents tirés de l’actualité en génétique humaine», indique l’étudiante dont la thèse porte sur la recherche québécoise en génomique.

Premier blogue scientifique

Le néologisme «blogue» vient de l’anglais blog, lui-même né de la contraction du terme «weblog» (log au sens de «journal de bord»). L’Office québécois de la langue française définit le blogue comme une «page Web évolutive et non conformiste présentant des informations de toutes sortes, généralement sous forme de courts messages mis à jour régulièrement et dont le contenu et la forme, très libres, restent à l’entière discrétion des auteurs».

D’abord marginal, le blogue est devenu un outil de communication précieux et facile d’accès. Après les entreprises de presse, les organismes privés et publics ont à leur tour créé leur blogue afin d’établir un contact direct avec leur clientèle. Aujourd’hui, même le premier ministre canadien, Paul Martin, a son blogue.

Dans le monde scientifique, le phénomène semble encore peu exploité. Selon Pascal Lapointe, le premier blogue scientifique à avoir été créé remonte à la sortie du film The Day After, une fiction sur les désastres causés par les changements climatiques. Sous des enrobages scientifiques, ce film tiré d’un roman de Michael Crichton a soulevé l’ire des climatologues, qui ont réagi en lançant un site où les spécialistes du monde entier étaient invités à présenter leurs commentaires.

En réaction aux médias traditionnels qui filtrent constamment les remarques de leurs lecteurs et auditeurs, les blogues ont le défaut de leur qualité: parfois, certains propos peuvent être d’une pertinence douteuse. «C’est un peu comme une expérience en laboratoire, observe le directeur de l’ASP. Nous ignorons si ça va durer. Mais nous pensons qu’il peut être intéressant de prendre cette technologie au vol et d’en profiter pour rapprocher la science du grand public.»

Il se peut que l’expérience ne soit pas prolongée au-delà de l’effet de mode. Mais entretemps, la technologie aura permis un lien direct entre les hommes et les femmes de science et le public. «La science est une chose trop importante pour être laissée uniquement entre les mains des scientifiques», dit avec philosophie Normand Mousseau. Pour lui, ces derniers doivent contribuer dans la mesure de leurs moyens à la formation du public. «La culture scientifique est au moins aussi importante que la culture littéraire ou artistique.»

On peut participer à «Science! On blogue» en consultant le site de l’Agence Science-Presse: <www.sciencepresse.qc.ca/>.

Mathieu-Robert Sauvé

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