Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 6 - 3 octobre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Les oméga-3 sauveront votre cœur

Anil Nigam mène des travaux sur le régime méditerranéen

Fruits et légumes devraient être au menu quotidiennement.

Cet automne, la cuisine méditerranéenne est au menu d’un groupe de 20 patients qui ont survécu à une crise cardiaque. Pendant trois mois, leur menu comprend du poisson au moins deux fois par semaine et d’autres sources d’acides gras oméga-3. De 5 à 10 portions de fruits et légumes, par jour, se retrouvent aussi dans leur assiette en raison de leurs propriétés antioxydantes. L’huile d’olive y figure également en abondance. Les sujets de recherche ne consomment pas plus de deux portions de viande rouge par semaine, n’ont pas droit au beurre et ne mangent qu’une petite quantité de crème. Mais ils n’ont aucune restriction en matière de volaille.

Selon le cardiologue Anil Nigam, une alimentation comme celle-ci, qui fait une grande place aux diverses sources d’oméga-3 et d’antioxydants, peut réduire considérablement les risques associés à la mort subite due à un arrêt cardiaque. Autant, en tout cas, que la prise quotidienne d’une aspirine ou d’un autre médicament reconnu pour ses effets préventifs. «Le fait de suivre un régime méditerranéen est une des meilleures façons de prévenir les crises cardiaques mortelles», croit ce professeur de la Faculté de médecine et médecin à l’Institut de cardiologie de Montréal.

Les arrêts cardiaques mortels, qui font succomber une victime en moins d’une heure après l’apparition des premiers symptômes, causent de 35 000 à 40 000 décès annuellement au Canada. Ce sont des «tueurs silencieux», selon le Dr Nigam, car ils s’attaquent à des gens qui ignorent leur vulnérabilité coronarienne. Pourtant, leur condition est due, dans la majorité des cas, à des choix de vie parfaitement conscients tels le tabagisme, la sédentarité et une alimentation déficiente. «En médecine et en cardiologie, on met beaucoup l’accent sur la médication et très peu sur le style de vie», explique le médecin de 37 ans qui s’intéresse de près aux approches non pharmacologiques. Le projet de recherche qui l’occupe actuellement consiste à démontrer comment un régime particulier peut prévenir les attaques cardiaques meurtrières mieux encore qu’un médicament.

La recherche, menée conjointement avec Stephen Kopecky, de la Clinique Mayo, à Rochester, comprend un second groupe de patients qui suivent un régime plus conforme au style de vie nord-américain et relativement riche en acides gras oméga-6 (présents surtout dans les huiles végétales, huiles de tournesol et de maïs). En dépit de leurs noms semblables, ces deux classes d’acides gras sont très différentes: l’une (oméga-3) aurait des effets anti-thrombotique et anti-inflammatoire, et l’autre a des effets contraires. De plus, les oméga-3 ont des effets apaisants sur le système nerveux autonome, cette partie du cerveau qui régule nos organes internes, y compris le cœur.

L’objectif de cette étude est de mieux comprendre les mécanismes des maladies du cœur, particulièrement l’arythmie et les problèmes de rythme cardiaque anormal qui provoquent la mort subite. Elle s’inspire de deux études publiées en 1999. Dans la première, on a suivi 11 000 Italiens, dont la moitié avaient consommé des suppléments d’oméga-3; dans la seconde, 400 patients de la région de Lyon ont adopté le régime méditerranéen. Les résultats ont été spectaculaires. Dans les deux cas, il y a eu réduction des décès par arrêt cardiaque dans les groupes ayant consommé des acides gras oméga-3.

Dans la recherche québécoise, Anil Nigam assurera un suivi de la santé cardiaque des patients et veillera au bon fonctionnement de leur système nerveux autonome. Si tout va bien, un projet à plus large échelle pourrait voir le jour sur tout le continent.

Philip Fine
Collaboration spéciale

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