Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 6 - 3 octobre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Situations critiques en sciences infirmières

La Faculté inaugure un laboratoire unique en son genre au Canada

«Ici, on peut se permettre de recommencer une intervention», mentionne Suzanne Tremblay, responsable du Laboratoire de formation de soins critiques.

Détresse respiratoire, perte de conscience, crise d’angine, infarctus, tout peut arriver – surtout le pire – au nouveau Laboratoire de formation de soins critiques de la Faculté des sciences infirmières. Heureusement, les patients branchés de partout ne sont pas en chair et en os, mais en plastique.

«Nos mannequins sont fabriqués de façon à ressembler le plus possible à de véritables corps humains, fait observer Suzanne Tremblay, responsable des laboratoires de formation préclinique à la Faculté. On peut même sentir les côtes afin de travailler les massages cardiaques», indique-t-elle en joignant le geste à la parole.

Mais au-delà des mannequins qui reposent sur les six civières de cette unité virtuelle de soins intensifs, c’est le dispositif électronique dont est le plus fière Mme Tremblay. «Le moniteur que vous apercevez ici est en tout point semblable à ceux qu’on trouve actuellement dans les unités de soins intensifs à l’Hôpital Notre-Dame (CHUM) ou à l’Institut de cardiologie de Montréal.»

En vertu d’un partenariat entre l’UdeM et les Systèmes médicaux Philips Canada, la Faculté des sciences infirmières a obtenu six de ces appareils de monitorage haut de gamme. «Ce nouveau laboratoire créera une situation d’apprentissage exceptionnelle pour un milieu d’enseignement. Nous serons la première université du Canada à offrir ce type de formation», a souligné la doyenne de la Faculté, Céline Goulet, à l’inauguration du Laboratoire, le 29 septembre.

Les frais d’installation de 375 000$ ont été payés, aux deux tiers, par l’entreprise privée. Mais cette somme n’inclut pas les civières et autres pièces de mobilier, qui ont fait monter la facture totale à près de un demi-million de dollars.

18 étudiantes à la fois

Lorsque les premières étudiantes feront leur entrée dans ce laboratoire en janvier 2006, les mannequins électroniques pourront leur faire vivre des situations identiques à celles auxquelles elles seront confrontées en milieu de pratique. «Cette salle ressemble à une véritable unité de soins intensifs, signale Mme Tremblay, qui a elle-même travaillé dans ce type d’unité à l’Hôpital de Verdun et au Centre hospitalier Pierre-Boucher, de Longueuil. On peut avoir à intuber un patient, pratiquer sur lui la respiration artificielle, lui injecter des médicaments.»

Trois infirmières prendront place autour de chaque patient de polymère; 18 étudiantes à la fois pourront donc entamer leur formation. Au début, les situations seront simples, mais elles gagneront en complexité à mesure que le trimestre avancera. La salle dispose d’un immense tableau indicateur qui reprend les graphiques des moniteurs individuels.

Ici, on peut suivre en temps réel le rythme cardiaque du patient, voir l’évolution de la saturation en oxygène dans son sang, de sa pression artérielle, de sa température corporelle et on peut même savoir si le cathéter installé dans son ventricule est déplacé. Au besoin, les apprenties infirmières peuvent utiliser le défibrillateur.

«Ces simulateurs imitent de vrais patients. Mais ici, on peut se permettre de recommencer une intervention... On est là pour apprendre», dit Suzanne Tremblay.

Six mois de démarches

Avant de choisir les appareils qui ressembleraient le plus à ceux des vraies salles de soins aux malades en phase critique, Suzanne Tremblay a fait le tour des hôpitaux montréalais. Le partenariat avec Philips s’est imposé. Les premières rencontres ont eu lieu au printemps dernier. «Ce qui, au départ, ne devait être qu’un achat d’un client à un fournisseur s’est rapidement transformé en un projet de partenariat entre une université et une entreprise. C’est une association qui s’est conclue tout naturellement», explique la directrice des ventes chez Philips Canada, Suzanne Bruneau.

Le patient virtuel pourra même compter sur un «dossier électronique» à la fine pointe des connaissances en administration de la santé. Ce dossier informatisé comprenant les prescriptions passées, les allergies, les précédentes visites chez le médecin et une foule de renseignements médicaux n’est encore qu’à l’état de projet dans la plupart des centres hospitaliers. «On sent que la tendance se dessine, remarque Mme Tremblay. Dans quelques années, ce dossier patient pourrait voir le jour dans le réseau de la santé. Nos infirmières seront prêtes.»

À son arrivée à l’Université de Montréal, en 2002, Suzanne Tremblay a eu pour mandat de repenser les laboratoires, désuets, de formation clinique du pavillon Marguerite-d’Youville. La clientèle étudiante était en hausse et la demande d’une formation plus axée sur la clinique était croissante compte tenu de la nouvelle approche d’apprentissage par problèmes. Avec ce nouveau laboratoire, la situation s’est beaucoup améliorée. Au point où l’on pense louer ce laboratoire, lorsqu’il sera libre, à du personnel hospitalier désireux de suivre une formation en soins intensifs.

Mathieu-Robert Sauvé

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