Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 8 - 17 octobre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Repenser les problèmes urbains à l’échelle métropolitaine

«Il faut repenser nos modes de vie», affirme Pierre Hamel, organisateur du colloque Métropoles, modes de vie et citoyenneté(s)

Pierre Hamel

Le moins qu’on puisse dire, c’est que la campagne électorale municipale ne suscite pas l’engouement. Pourtant, ce n’est pas parce que les enjeux sont inexistants ou de peu d’importance.

«Les enjeux du développement de Montréal passent par le dynamisme de la région métropolitaine, indique Pierre Hamel, professeur au Département de sociologie. Il faut repenser les problèmes économiques, culturels et sociaux, comme le chômage, la qualité de l’environnement ou l’intégration des immigrants, à l’échelle de la région métropolitaine plutôt qu’à l’échelle de la seule ville de Montréal.» Il déplore que ces «enjeux métropolitains» soient complètement évacués de la campagne électorale.

Le professeur a fait de cette problématique le thème central du colloque Métropoles, modes de vie et citoyenneté, qui se tiendra le 28 octobre à l’occasion des activités du 50e anniversaire du Département de sociologie. Organisé par le Groupe de recherche sur l’institutionnalisation des mouvements sociaux, le colloque abordera tout autant les questions de gouvernance et de gestion que celles de la redéfinition des modes de vie qu’impose le développement des métropoles partout dans le monde.

Métropoles

Lorsque le professeur Hamel parle de la région métropolitaine de Montréal, c’est à l’entité administrative territoriale portant ce nom qu’il fait allusion. Le territoire couvre près de 4000 km2, allant de Saint-Jérôme au nord jusqu’à la vallée du Richelieu au sud, et de Vaudreuil-Soulanges à l’ouest jusqu’à Lavaltrie à l’est. Au recensement de 2001, on y dénombrait 3,5 millions d’habitants.

L’importance d’analyser les problèmes de développement à cette échelle devient évidente dès qu’on pense aux questions environnementales, au transport, à la santé, à l’éducation ou à l’étalement urbain. «L’état lamentable des rues et du système de transport en commun à Montréal est causé par un manque de ressources financières qui, lui, est dû au fait que les gens sont partis vivre en périphérie. Il faut bouger, repenser nos modes de vie et nos choix de société, et se demander quelle ville nous voulons pour l’avenir», mentionne le professeur.

L’étalement urbain et le «trou de beigne» qui en résulte entrainent par ailleurs des changements profonds dans le tissu social. Pour Pierre Hamel, on ne peut reprocher aux résidents qui en ont les moyens de rechercher un environnement qui leur plaise, mais ceci n’est pas inconciliable avec la ville. «Il y a moyen de transformer la ville centre pour assurer de meilleures conditions de vie, soutient-il. Il faut savoir innover et faire un pacte avec la banlieue pour qu’une véritable région métropolitaine puisse se dessiner.»

L’évolution d’une métropole modifie également la notion d’appartenance et d’identité. On en a eu un aperçu avec le désastre des fusions et défusions municipales. Toujours selon le professeur, il n’y a pas d’incompatibilité entre le fait de s’identifier à un quartier ou à une ville et celui d’appartenir à une métropole.

Le brassage des populations, que ce soit à l’échelle régionale ou planétaire, a comme autre conséquence de bouleverser des valeurs communes aux habitants des métropoles. Là aussi, le professeur est d’avis que les valeurs doivent être redéfinies à l’échelon métropolitain et que le pluralisme ethnique et religieux ne constitue pas un obstacle. «Montréal possède déjà un modèle et une expérience d’intégration des immigrants qui montrent qu’il est toujours possible de définir des valeurs communes facilitant le vivre ensemble et la coexistence pacifique.»

Questions en débat

Toutes ces questions seront abordées dans deux ateliers successifs qui porteront respectivement sur la gestion et sur les modes de vie. Parmi les chercheurs de l’UdeM, mentionnons la participation de Laurence Bhérer, professeure au Département de science politique, qui traitera du sens de l’appartenance en contexte métropolitain, et de Barbara Thériault, professeure au Département de sociologie, qui parlera des problèmes de pluralisme et de citoyenneté en Allemagne.

De plus, Pierre Filion (Université de Waterloo) entretiendra les participants de l’évolution de l’urbanisme depuis les années 60; Jean-Pierre Collin (INRS-Urbanisation, culture et société) se penchera sur le clivage entre valeurs progressistes et valeurs conservatrices semblant aller de pair avec ville centre et banlieue; Marie-Christine Jaillet (Université de Toulouse) exposera comment la législation française tente de limiter la fragmentation politique et sociale des métropoles; Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (CNRS) feront le point sur l’exode des classes populaires de la capitale française; Andrée Fortin (Université Laval) présentera les notions d’identité et de citoyenneté à l’ère de la mobilité et d’Internet; et Martha Radice (CEETUM) discutera des problèmes de cohabitation en milieu multiethnique.

On peut consulter la programmation du colloque sur le site du Département de sociologie.

Daniel Baril

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