Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 9 - 31 octobre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

L’engagement social et les études font bon ménage

Désireux de «changer le monde», plusieurs étudiants incluent des activités de bénévolat à leur vie. Et cela ne les empêche pas de réussir leurs études.

Rachel Murray

Chaque lundi depuis trois ans, Rachel Murray prend le métro et l’autobus pour se rendre chez une famille de Lachine où elle fait la lecture pendant une heure et demie à Manisha et Siderath, deux enfants d’origine indienne. «Au début, j’étais intimidée et eux aussi, mais ça n’a pas duré. Aujourd’hui, quand j’arrive, les deux enfants ont le nez collé à la fenêtre et ils crient “Youpi!”»

Rachel Murray est parmi la centaine de bénévoles de l’organisme à but non lucratif J’apprends avec mon enfant, qui vise à contrer l’analphabétisme au Québec. Le principe est simple: mettre des enfants qui éprouvent des difficultés d’apprentissage en contact avec des livres, car c’est en lisant qu’on apprend à lire. «Il ne s’agit pas d’une aide aux devoirs, même si je peux répondre accessoirement à des questions sur la matière scolaire. C’est une stratégie très ludique qui passe par l’imaginaire des enfants pour leur donner envie de lire.»

Retenue avec d’autres dans la catégorie «Personnalités 1er cycle» pour représenter l’Université de Montréal au concours Forces Avenir, Rachel Murray n’en est pas à ses premières interventions sociales et communautaires. Dès l’âge de 16 ans, elle donnait de son temps à des organismes d’entraide. Elle a travaillé à Premier pas, qui aide les enfants en difficulté adressés par la Direction de la protection de la jeunesse, puis à Papillon à l’aile brisée, qui soutient les personnes handicapées, et n’a jamais cessé son action bénévole auprès des guignolées et d’autres organismes de charité. Il y a cinq ans, elle a même participé à la vaccination d’une centaine de chats qui avaient trouvé refuge dans un centre de la Montérégie. «Ç’a été du sport», dit-elle en riant.

À 23 ans, Rachel Murray est également une brillante étudiante qui a obtenu une moyenne de 4,2 au cours de ses études de baccalauréat en traduction (elle est aussi titulaire d’une majeure en études hispaniques). Elle n’a pas eu la note parfaite de 4,3, mais figure tout de même parmi les meilleurs étudiants de la Faculté des arts et des sciences, honorés par les Bourses du doyen 2005.

Pourquoi tout ce travail bénévole alors qu’elle pourrait se contenter d’étudier? Simplement pour changer le monde. «J’y travaille quotidiennement!»

Des projets de toutes sortes

Forces UdeM veut souligner le travail des étudiants qui, comme Rachel Murray, tiennent à s’engager socialement tout en menant des études universitaires. Plusieurs projets ont retenu l’attention du jury cette année et ont valu un prix de 1000 $ à leurs initiateurs.

Le Défi Vet-Monde/Guatemala, réalisé par des étudiants de deuxième année en médecine vétérinaire, a consisté à apporter une aide concrète à des organismes environnementaux du Guatemala. Entre les mois de mai et d’aout, les étudiants québécois se sont rendus sur place afin «de mieux connaitre les réalités internationales, de vivre des échanges enrichissants sur les plans personnel et professionnel et d’acquérir plusieurs compétences liées à leurs champs d’études».

Dans le canton de Guano, en Équateur, un des pays les plus pauvres de la planète, un autre groupe d’étudiants a mené une campagne de sensibilisation à l’environnement autour de la rivière Guano. Ils ont nettoyé ses berges, organisé des corvées communautaires pour reboiser ses rives et mis sur pied des activités pour sensibiliser la population à la propreté du cours d’eau et de ses environs.

Dans la catégorie «Entraide, paix et justice», le lauréat est l’Atelier Sud-Nord, qui regroupe des étudiants de l’ensemble du campus. Dans une démarche locale de conscientisation de la population étudiante aux enjeux du développement international par l’élaboration de projets divers, l’Atelier Sud-Nord cherche à promouvoir un développement responsable et soucieux d’autrui.

Par ailleurs, le projet Une alternative d’achat: les chandails éthiques a aussi été récompensé. S’inscrivant dans les activités du comité Surveillance pour la consommation responsable universitaire et les transactions éthiques, il s’intéresse au commerce équitable dans le secteur du vêtement. Un millier de «chandails éthiques», c’est-à-dire fabriqués par des entreprises respectueuses des droits des travailleurs, ont circulé à l’Université.

Dans la catégorie «Santé», un projet de coopération au Sénégal, sous le patronage de l’organisme québécois d’initiation à la coopération internationale Mer et monde, a remporté un prix. Un autre prix a été attribué à un projet en ergothérapie visant à offrir des services de réadaptation et de réinsertion sociale à des enfants âgés de 0 à 18 ans en Amérique latine.

Des personnalités remarquables

Par ailleurs, dans la catégorie «Personnalités 1er cycle», Myriam Crevier a aussi été honorée, de même qu’André Kougioumoutzakis.

Bachelière en communication, bientôt diplômée en relations publiques, cette jeune femme a toujours accordé beaucoup d’importance à l’engagement social. Elle a donné de son temps notamment à la Société des relationnistes du Québec, a été cofondatrice de la troupe Le théâtre de 9 saisons et a conçu un projet de formation théâtrale pour les élèves de la polyvalente Daniel-Johnson. Myriam Crevier a également présenté une chronique mensuelle sur les ondes de CISM.

André Kougioumoutzakis, étudiant en psychologie et en sciences médicales, s’est engagé activement dans son association étudiante et dans un organisme communautaire pour la défense des droits des homosexuels

Aux cycles supérieurs, Marie-Ève Milot et Marie-Noëlle Roy sont les lauréates. Étudiante à la maitrise en architecture, la première s’est investie dans le mouvement scout, a participé à la fondation d’un clan routier et a animé une base de plein air pour des enfants en difficulté. Ses notes montrent que son engagement social ne se fait nullement au détriment de ses études.

Quant à Marie-Noëlle Roy, elle termine actuellement sa maitrise en anthropologie du développement. Le développement international est au cœur de ses préoccupations. Au cours de plusieurs stages, elle a collaboré à la création de coopératives et de productions artisanales au Mexique. Elle a aussi fait la promotion du commerce équitable. Elle a choisi de devenir une professionnelle au service des gens davantage dans le besoin.

Mathieu-Robert Sauvé

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