Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 10 - 7 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Le plaisir de la prose récompensé

Laurent Mailhot remporte le prix de la revue Études françaises pour sa prose sur les prosateurs

Laurent Mailhot en compagnie d’Alain Leduc, de l’imprimerie Transcontinental

Au lancement collectif de la cuvée 2005 des Presses de l’Université de Montréal (PUM), la revue Études françaises a honoré le critique littéraire Laurent Mailhot, professeur émérite du Département d’études françaises, en lui décernant son prix bisannuel pour son ouvrage Plaisirs de la prose.

Ce prix vise à souligner une contribution majeure à la réflexion sur la littérature française et à l’analyse de celle-ci dans le contexte de la culture contemporaine. Attribué conjointement par la revue et les PUM pour un essai inédit, le prix comporte une bourse de 5000$ parrainée par l’imprimerie Transcontinental.

Comme l’indique le titre de son volume, Laurent Mailhot se penche sur le plaisir d’écrire chez les prosateurs que sont Saint-Denys Garneau, Gabrielle Roy, Claire Martin, Gilles Marcotte, Gilles Archambault, Pierre Morency, Bernard Arcand et Serge Bouchard.

Ces virtuoses de la langue, issus d’horizons très divers, ont ceci en commun: «Contrairement à monsieur Jourdain, ils ne font pas de la prose sans le savoir. Ils la revendiquent comme une activité fondamentale. Ils ont conscience de leur prose, prennent et donnent du plaisir en la faisant», souligne Laurent Mailhot.

Les auteurs ne sont pas étudiés en tant que romanciers, poètes, essayistes ou chroniqueurs mais en tant que lecteurs de leur environnement; chez eux, la lecture-écriture procède du même mouvement.

Qu’est-ce que la prose?

Laurent Mailhot reconnait que la prose est difficile à définir parce qu’elle n’est pas quelque chose de fixé ou de stable. Il emploie plusieurs figures de style pour arriver à la cerner. À ses yeux, la prose est à la poésie ce que la gravure est à la peinture: finesse et précision du trait.

Mais elle ne se réduit pas à «ce qui n’est point vers», comme disait Molière; elle semble parfois désigner davantage l’état du prosateur que le genre littéraire. «La prose est un essai libre, une maxime allongée, a-t-il confié à Forum. Elle est un travail de la langue qui l’oppose au parler quotidien tout en traitant de sujets de la vie quotidienne. C’est un travail d’écoute de la langue.»

Les auteurs retenus ont encore ceci en commun: «Ils aiment les genres moindres que le théâtre et la poésie, ajoute le critique littéraire. Ils ont constitué des recueils de correspondance, de portraits, de récits ou de tableaux. Leurs œuvres ne sont pas de grandes ou de hautes proses, mais elles ne sont pas des plaisirs minuscules, des genres sans lendemain. On en reste marqué. Ces œuvres ne doivent pas être délaissées et méritent d’être revalorisées.»

Lui-même a évidemment pris plaisir à écrire de la prose sur le plaisir des prosateurs; toutefois, il ne se considère pas comme prosateur au même titre que ces auteurs. «Je suis un lecteur qui passe le témoin à d’autres lecteurs pour leur transmettre le plaisir», déclare-t-il.

Cet ouvrage colle néanmoins à la liberté qui fait la prose de ses prosateurs puisque, étant à la retraite, il se dit «libre de choisir ses écritures et d’écrire par plaisir».

En présentant le prix, la directrice de la revue Études françaises, Lucie Bourassa, a souligné l’enthousiasme du jury devant l’originalité du sujet et la qualité d’écriture de Plaisirs de la prose.

Daniel Baril

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