Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 10 - 7 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Les globules blancs tuent les cellules cancéreuses

L’équipe de Claude Perreault, de l’IRIC, a obtenu des résultats spectaculaires en injectant des lymphocytes T à des souris

Claude Perreault (à gauche) et ses collègues Marie-Christine Meunier (à l’avant), Jean-Sébastien Delisle et Chantal Baron affichent une mine réjouie et pour cause : les résultats de leur recherche ont été publiés dans la prestigieuse revue Nature Medicine.

Les tumeurs malignes de type mélanome ont été totalement détruites chez des souris par l’injection de globules blancs (lymphocytes T) préalablement mis en contact avec un antigène présent sur les cellules cancéreuses.

Ces résultats spectaculaires, publiés dans le numéro de novembre de Nature Medicine, ont été obtenus par l’équipe du professeur Claude Perreault, de l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC), et sont le fruit d’une recherche doctorale réalisée par Marie-Christine Meunier.

Le procédé utilisé consiste à cultiver in vitro des lymphocytes T «tueurs» (les CD8) d’un donneur sain qui ont été mis en contact avec l’antigène H7a du cancer mélanique et de réinjecter ces globules blancs chez l’individu atteint de la maladie.

Il y a quatre ans, le Dr Perreault avait déjà démontré la non-toxicité d’une telle méthode employée pour combattre la leucémie chez la souris. Dans ce cas, 100% des cellules cancéreuses avaient été supprimées sans que les lymphocytes s’en prennent à d’autres cellules du receveur et sans qu’aucune rechute soit observée. Aux États-Unis, ce procédé en est maintenant à l’étape des essais cliniques.

«Il nous fallait savoir si la même approche pouvait se révéler efficace contre les autres types de cancers, soit les cancers solides», indique le chercheur.

Claude Perreault a donc poursuivi ses travaux en s’attaquant cette fois au cancer de type mélanome. Si le procédé parvenait à éliminer ces cellules, on aurait de bonnes raisons de croire qu’il serait aussi efficace contre d’autres cancers.

«D’autre part, ajoute le professeur, nous étions préoccupés de savoir s’il existait des risques que les CD8 détruisent d’autres cellules de la même famille que celles du mélanome. Dans un tel cas, la toxicité serait immédiatement perceptible parce que les souris noires qui ont servi à l’expérience blanchissent lorsque les mélanocytes sont atteints.»

Les souris ont été en observation pendant un an après l’expérience, ce qui équivaut à 50 ans pour un être humain. Comme dans le cas de la leucémie, aucun effet toxique n’a été noté et tous les mélanomes cancéreux ont été détruits, sans récidive du cancer. Claude Perreault estime que cette méthode pourrait probablement servir contre toutes les formes de cancers. À son avis, des essais sur les humains pourraient être entrepris dans quelques années. «Toutes les structures et fonctions en cause dans ce processus sont les mêmes chez les souris et chez les êtres humains», déclare-t-il.

La mécanique des lymphocytes T

Ces recherches ont en outre permis de mieux comprendre comment les lymphocytes T effectuent leur travail.

«Pour guérir un cancer, il faut supprimer les cellules tumorales et bloquer l’angiogenèse, c’est-à-dire le développement des vaisseaux sanguins qui alimentent la tumeur, explique le chercheur. Nos travaux ont montré que les lymphocytes font les deux et que c’est une protéine produite par les CD8, l’interféron gamma, qui joue ce rôle.»

Claude Perreault a résolu une autre énigme du fonctionnement des globules blancs. «On se demandait pourquoi les lymphocytes mis en contact avec l’antigène H7a ne s’attaquaient pas aux cellules saines puisque celles-ci portent également cet antigène. Pour détruire des cellules cancéreuses, les lymphocytes CD8 doivent d’abord pénétrer dans le tissu infecté. Nous avons découvert que ces derniers n’infiltrent que les tissus cancéreux parce qu’ils y sont attirés par une molécule, la Vcam-1, qui est présente sur les nouveaux vaisseaux sanguins de la tumeur mais pas sur les autres vaisseaux qui ont atteint leur plein développement.»

La présence à long terme, dans le corps, de globules blancs étrangers pour lutter contre le cancer ne soulève que peu d’inquiétude. «Si le lymphocyte n’est pas stimulé par l’agent étranger qu’il doit éliminer, il disparait après quelques mois», affirme le Dr Perreault.

Outre Claude Perreault et Marie-Christine Meunier ont travaillé sur cette recherche Jean-Sébastien Delisle, Julie Bergeron, Vincent Rineau et Chantal Baron.

Daniel Baril

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