Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 10 - 7 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Internet: le Canada est le deuxième pays le plus branché

La télévision demeure le média de divertissement privilégié

Plus de la moitié des gens dont le revenu familial est inférieur à 40 000$ naviguent sur la toile.

Le Canada est le pays le plus branché après les États-Unis. La Corée du Sud, qui compte 71% d’internautes, se classe troisième. C’est dans ces trois pays que les gens se montrent par ailleurs le plus sceptiques lorsqu’on leur pose la question suivante: «Est-ce que l’usage d’Internet vous donne un plus grand pouvoir politique?» Seulement 17% des Coréens se disent «en accord» ou «fortement en accord» avec cet énoncé, suivis de 22% des Canadiens et de 27% des Américains.

Ces données, présentées par le titulaire de la Chaire Bell, proviennent d’un sondage international effectué dans le cadre du World Internet Project, un consortium de recherche composé de centres de recherche de plusieurs pays qui s’intéressent à l’évolution d’Internet. Quelque 25 pays participent actuellement à ce projet, dont le Chili, l’Argentine, la Bolivie, la Chine, l’Angleterre, la Suède, l’Espagne et l’Italie. André H. Caron, professeur au Département de communication, assure la responsabilité du volet canadien de l’étude avec Flet Cher et C. Zamaria, respectivement des universités York et Ryerson.

Lorsque Forum a rencontré M. Caron, il s’apprêtait à rendre publics les résultats de sa première année d’enquête comparative sur les usagers et les non-usagers d’Internet au Canada. La vaste étude, intitulée Projet Internet Canada (PIC), s’étendra sur plusieurs années et explorera les répercussions des technologies en ligne au Canada dans une perspective internationale.

«Les objectifs du PIC sont d’examiner l’influence qu’à Internet sur nos idées, nos comportements sociaux, politiques, culturels et économiques, signale le professeur. Par ce projet, on aspire à mieux comprendre les transformations apportées dans nos vies quotidiennes par l’émergence de nouveaux contenus numériques et de nouveaux réseaux de distribution.»

Selon le chercheur, malgré le foisonnement d’études portant sur les usages d’Internet, «le PIC se démarque des autres en examinant davantage le rôle social d’Internet par des enquêtes sur les attitudes et les comportements des usagers, mais aussi des non-usagers. Le PIC analyse également de façon comparative les diverses facettes du passage des Canadiens qui ont un statut dit “hors ligne” vers le statut “en ligne”.»

La télé est vulnérable

À ce jour, les données recueillies grâce au projet PIC indiquent que les usagers d’Internet désignent à la fois cet outil et la télévision comme des sources d’information importantes. Mais la télévision demeure le média de divertissement privilégié par les internautes et les non-usagers, affirme M. Caron.

Le professeur observe par ailleurs les mêmes grandes tendances quant aux contenus culturels sur Internet et à la consommation des médias traditionnels du divertissement. «Les Canadiens anglophones ont une préférence à peu près égale pour les sites de nouvelles canadiens et américains, indique-t-il, tandis que les francophones, eux, vont de façon majoritaire sur les sites canadiens. Les francophones ont une attitude davantage positive vis-à-vis de la qualité, la quantité et l’accessibilité des sites culturels.» Selon le chercheur, il ne s’agit pas uniquement d’une question de langue. «Ce n’est pas étonnant, au Québec on semble avoir innové de ce côté et ça commence à rapporter», estime-t-il.

Contre toute attente, M. Caron a toutefois constaté que plus de la moitié des gens dont le revenu familial s’élève à 40 000$ et moins naviguent sur la toile. «Internet connait une popularité montante au Canada, dit-il. Dans toutes les provinces, ce sont environ les deux tiers de la population qui sont branchés.» Évidemment, ce sont les jeunes âgés de 18 à 24 ans qui passent le plus de temps sur Internet. Mais de plus en plus d’adultes de 50 ans et plus surfent sur le Net. On commence d’ailleurs à voir des modifications dans les habitudes d’écoute de la télévision au profit d’Internet. La télé se trouve en position très délicate auprès des usagers, surtout les jeunes et les grands consommateurs d’Internet, selon le professeur Caron.

Sur ce point, il précise que le phénomène risque de s’accroitre. «Il est clair que les jeunes vont, dans un avenir très rapproché, consommer des images sur d’autres plateformes que le téléviseur classique», soutient-il. À son avis, l’utilisation du temps faite par les usagers d’Internet va se transformer sensiblement et ces changements réduiront probablement le temps accordé à l’écoute de la télévision telle qu’on la connait.

«Leur consommation se fera sous une autre forme, déclare André H. Caron. Pour conserver cet auditoire, la télévision, tout comme la radio, devra d’ailleurs trouver de nouvelles façons de mesurer son auditoire.»

L’étude réalisée dans le cadre du Projet Internet Canada a été rendue possible grâce à un partenariat entre des centres de recherche universitaires, diverses instances gouvernementales: le Conseil du Trésor du Canada, Patrimoine Canada, Industrie Canada, Téléfilm Canada et Ontario Media Development Corporation, et Bell Canada.

Dominique Nancy

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