Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 10 - 7 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Une femme qui dramatise tout le temps!

Carole Fréchette est l’écrivaine en résidence en études françaises

L’écrivaine Carole Fréchette est en résidence à l’UdeM pour l’année.

Ne cherchez pas Carole Fréchette ces jours-ci. L’écrivaine est à Berlin, où elle assiste à une représentation de sa pièce Les sept jours de Simon Labrosse au théâtre Maxime-Gorki. Cette pièce a aussi été traduite en roumain et en anglais. Beau destin pour l’histoire d’un chômeur décidé à réintégrer la vie active et qui deviendra successivement cascadeur émotif, finisseur de phrases, flatteur d’égos, allégueur de conscience...

«Je suis assez chanceuse de voir mes pièces présentées à l’étranger», dit presque en s’excusant la dramaturge, qui a remporté le Prix du Gouverneur général en 1995 pour Les quatre morts de Marie. En réalité, les pièces de l’écrivaine en résidence au Département d’études françaises sont jouées régulièrement en France, en Belgique, en Angleterre, en Roumanie... et même au Canada anglais. «Carole Fréchette dénude avec une ironie proche du pathétique nos aspirations déçues, notre solitude existentielle, notre besoin de reconnaissance, cette insécurité fondamentale qui existe, au moins, dans le regard des autres», a écrit à son sujet Marie Labrecque, critique de théâtre à la revue Voir.

Carole Fréchette succède à Normand Chaurette et Monique Proulx dans le fauteuil de l’écrivain en résidence de l’UdeM. Cela signifie que, en plus d’avoir à sa disposition un bureau chauffé et un téléphone, Mme Fréchette se rend disponible pour répondre aux questions des étudiants. Une expérience qu’elle aime déjà. «Je peux rencontrer des gens qui s’intéressent à mon œuvre mais pas nécessairement. Il y a des étudiants qui ont des projets d’écriture théâtrale et veulent faire lire leurs textes par exemple. Ça me fera plaisir.»

D’abord une artiste

Pour Carole Fréchette, l’invitation du Département d’études françaises est l’occasion d’un retour en terrain connu, car elle a été responsable du secteur Théâtre au Service des activités culturelles de 1984 à 1988. Durant son passage, elle a mis sur pied le Festival québécois de théâtre universitaire.

Si elle consacre principalement sa carrière à l’écriture dramatique depuis les années 80 (elle a écrit deux romans pour adolescents à La courte échelle), Carole Fréchette se décrit d’abord comme une artiste de la scène. Elle est d’ailleurs titulaire d’un diplôme en interprétation de l’École nationale de théâtre du Canada et d’une maitrise en art dramatique de l’Université du Québec à Montréal. «Je suis venue à l’écriture par le théâtre. Aujourd’hui, je préfère écrire que jouer», déclare-t-elle.

Vit-on de l’écriture théâtrale? «Oui, depuis cinq ans, j’en vis. Le fait que mes pièces en version originale ou traduite sont fréquemment jouées m’assure un revenu régulier.»

De plus, Carole Fréchette reçoit des commandes pour des pièces. L’an dernier, elle a livré un court texte sur la guerre du Viêtnam à l’occasion des 100 ans du journal L’Humanité. En 2002, elle a été invitée par un groupe de mineurs d’Abitibi, de Sudbury et de France à écrire une pièce sur l’univers des mines. La pièce s’intitule Violette sur la terre et fait l’objet actuellement d’une nouvelle production en France.

Le théâtre n’est pas en crise

Les auteurs de théâtre sont moins connus que les romanciers, qui font la une des cahiers livre à chacune de leurs nouvelles parutions. Quand une pièce est montée, les journaux présentent plus volontiers des entrevues avec le metteur en scène ou l’acteur principal. «C’est vrai que le grand public ne connait pas toujours notre visage, concède Carole Fréchette, qui a présidé le Centre des auteurs dramatiques de 1994 à 1999. Mais nos pièces sont là, et elles trouvent leur auditoire.»

La lauréate du prix Elinore et Lou Siminovitch en théâtre 2002, la plus importante récompense annuelle du genre au Canada, ne partage pas l’avis de ceux qui affirment que le théâtre québécois est en crise. Au contraire, il est en bonne santé... toutes proportions gardées. «C’est vrai qu’en Europe les productions gardent l’affiche plus longtemps. Ici, lorsqu’on fait 20 ou 30 représentations dans une salle de Montréal, c’est un succès. En France, c’est facilement le double.»

Actuellement, Carole Fréchette travaille à une pièce qui lui donne du fil à retordre. Plutôt habituée aux petites distributions, elle s’est lancée dans l’écriture d’une pièce pour huit personnages. Mais c’est un défi qu’elle compte relever... sans en faire tout un drame.

En mars prochain, une journée de débat et de discussion portera sur l’œuvre de Carole Fréchette. Cette rencontre réunira des gens de théâtre et des universitaires. C’est à surveiller.

Mathieu-Robert Sauvé

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