Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 10 - 7 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

La filière bolognaise s’offre aux étudiants

Les possibilités de stages à l’étranger n’ont jamais été aussi alléchantes pour les étdiants

De gauche à droite, Yves Guay, Eugenia Scarzanella, professeure à Bologne qui était de passage à Montréal le mois dernier, Laurence Niosi, étudiante, Graciela Ducatenzeiler, les étudiantes italiennes Tosca Vivarelli, Laura Stefanelli et Eleonora Diamanti et Gilles Dupuis.

Lorsqu’elle est arrivée à l’Université de Bologne, Laurence Niosi avait une connaissance très rudimentaire de l’italien. Mais elle a plongé et, forcée d’apprendre rapidement, elle a réussi ses cours avec brio. «Mon professeur de statistique ne parlait ni français ni anglais, alors…» L’étudiante, qui a terminé son baccalauréat en science politique, parle aujourd’hui un excellent italien. «Question de pratique», résume-t-elle.

En élisant temporairement domicile à Bologne, la jeune femme a poursuivi une tradition déjà bien ancrée sur le campus: cela fait plusieurs années en effet que l’UdeM a des liens avec le plus vieil établissement universitaire d’Europe et le plus prestigieux d’Italie. Bologne fait partie de la dizaine d’universités européennes avec lesquelles l’UdeM entretient des liens privilégiés. Les échanges d’étudiants se sont surtout développés en littérature et en cinéma ainsi qu’en science politique.

Mais Yves Guay, conseiller en relations internationales Europe et Moyen-Orient à la Direction des relations internationales, souhaite que le programme d’échanges attire un plus grand nombre d’étudiants. Il sait que la langue peut rebuter, mais il estime que cet obstacle ne devrait pas freiner les étudiants qui rêvent d’acquérir une expérience de formation à l’étranger. De toute manière, les étudiants qui projettent de séjourner en Italie s’inscrivent en général aux cours d’italien du Département de littératures et de langues modernes l’année précédant leur départ.

En revanche, les étudiants bolognais ne se font pas prier pour venir ici et M. Guay se réjouit de cette «internationalisation» du campus. Forum a rencontré trois de ces étudiantes, l’une en communication et deux en science politique. Elles ne nient pas qu’une période d’adaptation a été nécessaire au début et elles ne se feront sans doute jamais à cette habitude des jeunes en résidence de s’enfermer dans leur chambre pour manger en quatrième vitesse, qui plus est devant un écran d’ordinateur. Elles admettent également que la charge de travail est grande.

Les trois Italiennes se frottent en effet à des méthodes de travail aux antipodes de celles qu’elles ont expérimentées dans leur pays. «Ici, on doit faire beaucoup plus de travail individuel et d’exposés; chez nous, il y a davantage de cours magistraux, et à la fin du trimestre un gros examen. Ici, on doit déjà avoir une idée du travail qu’on désire faire. Les choses vont assez rapidement.»

Une autre souligne que la distance est moindre entre le professeur et ses étudiants. Les échanges sont plus faciles.

«Je peux dire beaucoup de bien des étudiants italiens, affirme pour sa part Graciela Ducatenzeiler, professeure du Département de science politique et responsable du programme de deuxième cycle en études internationales. Mme Ducatenzeiler est une des personnes ayant contribué à tisser des liens étroits entre l’UdeM et l’Université de Bologne.

De son côté, Gilles Dupuis, professeur adjoint au Département d’études françaises, a passé cinq ans à Bologne à titre de lecteur. Car il y a un Centre interuniversitaire d’études québécoises à Bologne, auquel sont associées sept universités. Ce centre a permis l’éveil de plusieurs vocations, rappelle M. Dupuis. Il dirige présentement la thèse d’une étudiante de Bologne qui porte sur la nourriture dans le roman québécois et canadien-français des 19e et 20e siècles.

«C’est intéressant de voir le regard étranger sur notre littérature, signale Gilles Dupuis. Par exemple, j’avais une étudiante qui a travaillé sur Hubert Aquin.»

Si c’est par la littérature que les échanges sont nés, la science politique a vite suivi. Mais pas nécessairement pour causer politique européenne ou canadienne: c’est l’intérêt de professeurs des deux établissements pour les enjeux Nord-Sud qui a ouvert la voie à des échanges plus suivis. «Le réseau en science politique s’est construit grâce aux études sur le développement en Afrique, en Amérique latine et en Asie, souligne Mme Ducatenzeiler, et aujourd’hui nous voulons faire profiter nos étudiants de ces liens.»

Pour sa part, le responsable de ce dossier à la Direction des relations internationales, M. Guay, souhaite non seulement multiplier le nombre d’étudiants au baccalauréat qui s’envolent pour Bologne, mais aussi permettre à ceux de troisième cycle d’entreprendre des cotutelles. Une entente de cotutelle permet en effet d’avoir deux directeurs de thèse et, comme il s’agit surtout d’activités de recherche, la langue ne constitue pas automatiquement un obstacle. Des programmes communs à la maitrise sont aussi envisageables.

La flamme est également nourrie par les professeurs. Ainsi, chaque année, trois professeurs de chaque université effectuent un séjour d’une dizaine de jours dans l’autre université pour y donner des cours. Les directions des relations internationales des deux établissements appuient financièrement ces voyages.

Quant aux étudiants, ils ont la possibilité d’obtenir une bourse de 1000$ par mois. L’entente avec Bologne concerne les étudiants de toutes les disciplines et, comme les équivalences s’obtiennent facilement, l’étudiant n’a pas à étirer sa scolarité.

Paule des Rivières

Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.