Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 12 - 21 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Le porc pourrait transmettre la méningite aux humains

Ghyslaine Vanier mène des recherches sur une bactérie pathogène touchant le porc qui peut être transmise à l’humain

La truie peut abriter une bactérie pathogène dans ses sécrétions nasales et vaginales.

Après le sida attribué aux chimpanzés, la grippe aux poulets, l’Hantavirus aux rongeurs et le virus du Nil occidental aux oiseaux, voilà que la barrière interespèce est encore franchie. Cette fois, c’est la méningite qui peut être transmise par les porcs aux êtres humains.

C’est par Streptococcus suis sérotype 2, une bactérie pathogène qui se trouve entre autres dans les sécrétions nasales et vaginales de la truie, que les travailleurs de l’industrie porcine risquent d’être infectés. «La bactérie peut profiter d’une coupure à la main pour contaminer une personne. Non traitée, l’infection risque d’entrainer la surdité et même la mort», prévient Ghyslaine Vanier, étudiante au doctorat à la Faculté de médecine vétérinaire.

Plus de 300 cas d’infections et une quarantaine de décès ont été dénombrés seulement cet été en Chine. «La contamination est essentiellement due à la proximité entre hommes et animaux dans certains marchés publics d’Asie, où prévalent de mauvaises conditions d’hygiène», explique la lauréate du prix Desjardins d’excellence 2005. Chez nous, la bactérie n’a infecté qu’une personne. Malgré tout, il faut demeurer vigilant, selon la chercheuse. «Les cas sont sous-diagnostiqués vu la méconnaissance de cet agent pathogène dans le domaine de la médecine humaine.»

Chez le porc, on sait que la bactérie S. suis de type 2, le plus virulent des sérotypes de cette famille, parvient à percer la barrière hémato-méningée et à se rendre jusqu’au cerveau de l’animal. «Nos études ont démontré une invasion dans des microvaisseaux cérébraux, indique Ghyslaine Vanier. La bactérie pourrait utiliser ce mécanisme pour envahir le système nerveux central.» Depuis trois ans, l’étudiante se penche sur ce problème. Elle en a fait l’objet de sa thèse. «Je cherche à comprendre les interactions entre la bactérie et les cellules endothéliales du porc. Ces dernières font partie de la barrière hémato-méningée, précise-t-elle. À long terme, on espère contribuer à la mise au point d’un remède contre la méningite.»

Sa recherche, la première effectuée sur la bactérie avec des cellules porcines endothéliales, est menée sous la direction du Dr Marcelo Gottschalk, professeur à la Faculté.

Embrasser le métier de professeure d’université

Les prix Desjardins d’excellence pour jeunes chercheurs sont décernés annuellement par l’Association francophone pour le savoir à de jeunes chercheurs à la maitrise ou au doctorat. Assortis d’une bourse de 5000$, ils visent à encourager la recherche tout en suscitant la poursuite de l’excellence chez les étudiants.

Ghyslaine Vanier est surprise d’avoir été choisie parmi les candidats. «Il s’agit d’un concours hautement compétitif à l’échelle du Québec, dit-elle en toute humilité. Et je ne fais pas de recherches très spectaculaires sur le sida ou le cancer.» En tout cas, les résultats de ses travaux publiés dans plusieurs revues scientifiques de renom, dont Infection and Immunity et Microbiology, revêtent une importance de premier ordre pour l’industrie porcine. «L’infection des porcs par la bactérie engendre chaque année des pertes économiques considérables pour les producteurs», souligne la doctorante.

Âgée de 25 ans, la chercheuse originaire d’Acton Vale continue actuellement ses études sur le sujet. Reconnue pour son expertise en biologie cellulaire et pathogénie des bactéries, elle revient d’un stage en Autriche qui lui a permis d’apprendre des techniques in vitro. «C’est un domaine passionnant», confie à Forum la jeune femme qui désire embrasser le métier de professeure d’université.

Dominique Nancy

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