Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 12 - 21 novembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Derrière les pavillons, des personnes

Dans une série de 14 capsules préparées par la Division des archives (www.archiv.umontreal.ca), Forum vous présente les personnalités qui ont donné leur nom à des pavillons de l’Université.

Qui était Thérèse Casgrain?

Thérèse Casgrain

Née à Montréal en 1896, Marie Thérèse Forget est la fille de lady Blanche MacDonald et de sir Rodolphe Forget, célèbre avocat, financier et homme politique. Son éducation se fait au pensionnat des Dames du Sacré-Cœur, au Sault-au-Récollet. À 20 ans, elle épouse un avocat, Pierre Casgrain, qui sera député de Charlevoix-Saguenay à Ottawa de 1917 à 1941.

Tout au long de sa vie, Mme Casgrain sera sur les scènes politique, sociale et syndicale. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, elle siège au Conseil fédéral du salaire minimum. Militante engagée, elle se joint à d’autres féministes dans la lutte pour l’obtention du droit de vote pour les femmes. Ensemble, elles fondent le Comité provincial du suffrage féminin, qui sera rebaptisé Ligue pour les droits de la femme en 1928. Un projet de loi sera présenté chaque année à l’Assemblée jusqu’à l’acquisition de ce droit, en 1940.

Ces années de revendications amèneront Mme Casgrain à travailler à la réforme du Code civil, qui ne reconnait pas aux femmes mariées le statut juridique de «personne». Elle donne son appui à divers mouvements dont la grève des ouvrières de la robe et soutient les requêtes des institutrices rurales. Elle aidera à mettre sur pied, durant la Seconde Guerre mondiale, la Commission des prix et du commerce en temps de guerre et contribuera à la fondation de la Division de la consommation de cette instance.

Convaincue de l’importance de la présence des femmes en politique, Thérèse Casgrain se porte candidate aux élections de 1942 comme libérale indépendante. Elle se ralliera à la Cooperative Commonwealth Federation (CCF), un parti socialiste, en 1946. Même si elle n’est pas élue députée, elle accèdera en 1951 à la tête de la CCF, devenant ainsi la première femme chef de parti au Québec. Elle exercera les fonctions de chef provincial jusqu’en 1957. Nommée au Sénat en 1970 par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau, elle y siègera neuf mois à titre d’indépendante, soit jusqu’à ses 75 ans, l’âge de la retraite obligatoire pour un sénateur.

Les années 60 sont des années de luttes féministes et humanistes, et Thérèse Casgrain y participe. Elle fonde en 1960 la Ligue des droits de l’homme, qu’elle présidera pendant trois mandats. L’année suivante, elle crée la division québécoise de La voix des femmes, mouvement consacré à la paix dans le monde. En 1966, Thérèse Casgrain met en place la Fédération des femmes du Québec.

Les médailles, titres et doctorats honoris causa pleuvent sur Thérèse Casgrain. Elle recevra des doctorats honorifiques en droit de 12 universités canadiennes entre 1968 et 1981. Elle sera nommée officière de l’Ordre du Canada et Femme du siècle en 1967, puis compagnon de l’Ordre du Canada en 1974; elle recevra le Prix du Gouverneur général en 1979 en reconnaissance de sa lutte pour l’égalité des femmes et des hommes et sera élue membre de l’Académie des Grands Montréalais en 1980.

Mme Casgrain restera active et fera campagne pour des œuvres de charité jusqu’à sa mort, à l’âge de 85 ans.

Pour honorer la mémoire de cette femme qui a joué un rôle majeur dans notre société, le Comité exécutif de l’UdeM, à sa séance du 18 octobre 1983, donne à la résidence des étudiantes le nom de Thérèse Casgrain.

La résidence des étudiantes, construite en 1964 au cout d’environ 1 400 000$, compte 160 chambres simples et 8 doubles. Chacune comporte un lit, une grande penderie, un bureau, une bibliothèque, un évier et un réfrigérateur.

Pour son architecture et le choix de ses matériaux, la résidence ne tardera pas à cueillir ses premiers lauriers. En effet, les concepteurs, les architectes Papineau, Gérin-Lajoie et Leblanc, gagneront en 1967 la médaille Massey pour les qualités esthétiques et fonctionnelles du bâtiment.

Depuis 2000, l’ensemble des résidences a connu une cure de rajeunissement; cette année a vu la fin des travaux de la résidence Thérèse-Casgrain. Afin d’améliorer le confort des résidentes et de répondre à leurs besoins, tout le mobilier a été changé et le branchement à Internet haute vitesse est maintenant disponible. Les aires communes n’ont pas été laissées-pour-compte: il y a eu rénovation des salles de bain, ajout d’une nouvelle cuisine communautaire, réaménagement des ascenseurs et changement du mobilier des salons et du rez-de-chaussée. Un espace consacré à Mme Casgrain a été aménagé au rez-de-chaussée en hommage à sa contribution à l’avancement de la cause des femmes au Québec.

La résidence Thérèse-Casgrain est située au 2450, boulevard Édouard-Montpetit, à proximité du pavillon J.-A.-DeSève.

Sources:
www.umontreal.ca/plancampus/index.html
http://radio-canada.ca/
www.collectionscanada.ca/femmes/
Division des archives, Université de Montréal. Fonds du Secrétariat général (D0035).
Division des archives, Université de Montréal. Fonds du Comité exécutif (A0016).
Jean Cournoyer, La mémoire du Québec, p. 264.
«La résidence des filles», L’Inter, mars-avril 1967, p. 6-7.

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