Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 13 - 28 novembre 2005
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 Archives de Forum

Bob Rae: le système d’éducation devient de plus en plus médiocre

L’ex-premier ministre ontarien Bob Rae croit que les gouvernements devraient jeter un regard attentif sur les conditions financières faites aux étudiants d’Australie, de Suède et de Grande-Bretagne

À la première rangée, Heather Munroe-Blum, Bob Rae et Luc Vinet; à la deuxième rangée, de gauche à droite, Michel Belley, recteur de l’Université du Québec à Chicoutimi; Robert Papineau, directeur général de l’École polytechnique; Yves Beauchamp, directeur général de l’École de technologie supérieure; Daniel Racette, directeur des programmes à HEC Montréal; Pierre Moreau, président de l’Université du Québec; Danielle Laberge, première vice-rectrice à l’Université du Québec à Montréal; et Jacques Bordeleau, directeur général de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec.

L’ex-premier ministre ontarien Bob Rae croit que les gouvernements devraient jeter un regard attentif sur les conditions financières faites aux étudiants d’Australie, de Suède et de Grande-Bretagne, qui offrent à plusieurs la gratuité scolaire pendant la durée des études, quitte à exiger un remboursement partiel une fois la scolarité terminée.

«C’est l’envers des pensions. Au lieu de travailler puis de recevoir de l’argent, vous recevez de l’argent pour étudier, puis vous remboursez», a dit en substance M. Rae au cours d’une allocution prononcée le 22 novembre à l’Université, devant un parterre composé surtout d’universitaires et de gens d’affaires. Fait inusité, l’activité était organisée conjointement par l’Université McGill et l’UdeM. Les recteurs Heather Munroe-Blum et LucVinet se sont tous deux félicités de cette collaboration en se promettant de recommencer.

M. Rae est l’auteur d’un rapport sur l’éducation postsecondaire en Ontario, rapport qui a conduit le gouvernement de Queen’s Park à annoncer des investissements de 8 G$ au cours des cinq prochaines années dans l’éducation postsecondaire.

L’ancien premier ministre ne croit pas que cet investissement soit un luxe, bien au contraire. «À mon avis, l’éducation est la priorité numéro un», a-t-il lancé à son auditoire. Notant que 70% des emplois exigent un diplôme d’études postsecondaires et que, quoi qu’on en dise, l’accès aux études n’est pas le même pour tous, le conférencier a prévenu que personne ne veut laisser des jeunes sur le quai de la gare.

Pour M. Rae, il ne fait pas de doute que les investissements en éducation ont été trop faible depuis 15 ans. Et, aujourd’hui, il suggère aux chefs de gouvernement de regarder ce qui se fait ailleurs, notamment en Chine et en Inde, où des investissements considérables sont actuellement engagés en éducation supérieure, et ils s’apercevront que le Canada n’est pas à la hauteur. Mais point n’est besoin d’aller aussi loin, ajoute-t-il. Des États américains font de même, comme New York, le Michigan et la Californie.

Mais d’où viendra tout cet argent? Sans s’engager trop à fond dans la bataille qui oppose les provinces et Ottawa en matière de transferts fédéraux, M. Rae souligne qu’il y a un surplus de 10 G$ dans les coffres du fédéral et que, partant, il y a un problème.

Non au gel des droits

Mais il reste convaincu que les gouvernements provinciaux doivent eux aussi faire comprendre, par des gestes concrets, que l’éducation est une priorité. Et en ce qui touche aux droits de scolarité, l’ancien chef du Nouveau Parti démocratique ontarien croit que le gel n’est aucunement la mesure de justice sociale et de solidarité qu’il peut sembler être.

«Le problème avec la formule du gel, c’est qu’elle ne garantit pas l’accessibilité. Elle garantit toutefois que les universités n’auront pas d’argent. Et ça veut dire que les pauvres subventionnent les plus riches. C’est le contraire de la démocratie sociale», a-t-il plaidé.

Ceci dit, M. Rae n’est en faveur ni d’une dérèglementation totale ni d’un interventionnisme pur en ce sens qu’il croit que les droits de scolarité devraient être établis par les universités (et varier selon les disciplines).

M. Rae sait qu’un élément importe avant tout, et c’est le leadership. Un leader ne se contentera pas de prendre le pouls des électeurs, mais tentera de faire évoluer leur opinion.

Paule des Rivières

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