Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 14 - 5 dÉcembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Conférence sur la biodiversité: leçon d’écologie végétale… et politique

Un groupe d’étudiants de Robert Kasisi revient d’une rencontre onusienne sur la biodiversité

Guylaine Bourgeault et Robert Kasisi

Parallèlement à la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques se déroulait, la semaine dernière, la réunion d’une autre instance onusienne: celle de l’Organe subsidiaire chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et technologiques à la Convention sur la diversité biologique (CDB).

«Cette convention est issue du Sommet de la terre tenu à Rio en 1992», précise Robert Kasisi, professeur à l’École d’architecture de paysage. La réunion de l’Organe subsidiaire, qui rassemblait quelque 600 spécialistes de la biodiversité, est passée totalement sous silence dans les médias, mais 10 étudiants de l’Université de Montréal y ont pris part en compagnie du professeur Kasisi. Outre les représentants politiques et les experts techniques des différentes nations, les responsables avaient en effet invité des représentants de la société civile, dont des professeurs des quatre universités montréalaises qui pouvaient se faire accompagner d’une dizaine d’étudiants chacun.

Écologie végétale… et politique

Robert Kasisi y a vu une excellente occasion de compléter les objectifs de son cours portant sur l’écologie végétale. «Dans ce cours, nous abordons la problématique de la conservation des aires protégées et cette question est le thème général de la convention sur la biodiversité, souligne-t-il. Plus précisément, les buts de la CDB visent la conservation des gènes des diverses espèces et de leurs écosystèmes, l’utilisation durable des ressources biologiques et le partage juste et équitable des avantages liés à l’utilisation de ces ressources.»

Les enjeux sont donc énormes puisque cette thématique englobe les OGM et la recherche pharmaceutique. Selon le professeur Kasisi, l’objectif global désigné du sigle APA, pour accès-partage-avantages, est en voie de donner naissance à une nouvelle convention. Comme la Convention sur la diversité biologique et celle sur les changements climatiques relèvent toutes les deux du Programme des Nations unies pour l’environnement, le principe du APA serait l’une des raisons pour lesquelles les États-Unis ont refusé de ratifier le protocole de Kyoto.

Les étudiants ont donc pu profiter des présentations faites par des spécialistes de renommée internationale sur la biodiversité. Même si la rencontre traitait de questions d’ordre scientifique et technologique, elle leur a aussi donné l’occasion d’observer les intérêts politiques à l’œuvre derrière les conventions internationales.

«Les pays présents avaient des intérêts divergents et parfois antagoniques, a pu constater Guylaine Bourgeault, étudiante à la mineure en architecture de paysage. L’Afrique du Sud, par exemple, a mis l’accent sur la pauvreté et l’alimentation, le Brésil cherchait à promouvoir l’exploitation des biogaz, d’autres pays ont mis les droits de la personne au premier plan.»

L’Organe subsidiaire joue un rôle de conseiller technique auprès des pays signataires de la CDB, mais le fait que les parties civile, scientifique et politique y soient réunies lui donne un poids moral déterminant dans les décisions prises par les parties à la Convention.

Dans l’ombre de Kyoto et des États-Unis

Parmi les leçons de choses, c’est probablement l’attitude des États-Unis qui a été la plus révélatrice aux yeux des étudiants. Leur refus de se conformer au protocole de Kyoto n’a pas manqué de déborder du Palais des congrès et de teinter les discussions de la réunion de l’Organe subsidiaire, qui avait lieu au siège de l’Organisation de l’aviation civile internationale.

«Les États-Unis sont très mal perçus parce qu’ils ont signé le protocole mais ne l’ont pas ratifié, signale Robert Kasisi. Cela leur permet de présenter des recommandations même s’ils ne sont pas liés par le protocole.»

À son avis, le blocage vient de l’administration Bush et non du Parti républicain. «Dès qu’il y aura un changement de gouvernement, les États-Unis vont ratifier le protocole quel que soit le parti au pouvoir, estime-t-il. Il ne nous reste que trois ans à attendre; à l’échelle géologique, c’est très peu!»

Le professeur d’écologie appliquée revient donc optimiste de la rencontre malgré les manœuvres politiques et malgré l’émergence de géants comme la Chine et l’Inde, qui ont pris le chemin du développement.

«Je ne peux pas être alarmiste. Il y a 30 ans, on ne pouvait pas parler de protection environnementale et de biodiversité. Beaucoup de choses ont été faites, notamment pour réduire les pluies acides, et le jour où ça va changer aux États-Unis, les choses vont avancer.»

Daniel Baril

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