Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 14 - 5 dÉcembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Silence, on tourne à l’UdeM!

Le campus est un lieu très prisé des cinéastes, qui demandent souvent à y tourner des scènes

Alain Tremblay a pour tâche de répondre aux besoins des producteurs de cinéma désireux de tourner des scènes sur le campus.

Le 20 novembre dernier, le comédien Raymond Bouchard était au pavillon J.-Armand-Bombardier pour tourner quelques scènes de la télésérie Casino, de Réjean Tremblay, qui sera diffusée au cours de l’hiver 2006 à Radio-Canada. Le pavillon universitaire jouait pour l’occasion le rôle d’un immeuble de la Gendarmerie royale du Canada.

Ce n’est pas rare qu’un élément du campus serve ainsi les fins du septième art. Denys Arcand, lui-même diplômé en histoire de l’Université de Montréal, se fait presque un point d’honneur de tourner à l’UdeM au moins une séquence de chacun de ses films. Dans Jésus de Montréal, son équipe s’était déplacée sur la colline située entre le CEPSUM et le cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Dans Les invasions barbares, c’est au pavillon Paul-G.-Desmarais que le personnage incarné par Rémy Girard (un professeur d’université...) donne son dernier cours. Plus récemment, l’équipe des Bougon a chassé l’orignal dans un boisé de l’Université.

«Le campus a beaucoup à offrir aux cinéastes, commente Alain Tremblay, surintendant à la régie de la Direction des immeubles. Le Hall d’honneur, du plus pur style Art déco, est le plus souvent utilisé. Mais plusieurs pavillons sont aussi très appréciés.»

Bon an, mal an, ces utilisations particulières d’espaces rapportent de 15 000 à 60 000$ à l’Université. «Nous ne perdons pas de vue que notre première mission est de servir l’enseignement et la recherche, indique le surintendant Tremblay. C’est pourquoi la plupart des tournages ont lieu l’été ou le dimanche, quand le campus est presque désert. Ces revenus permettent en partie de financer les couts d’entretien de nos immeubles.»

M. Tremblay rappelle que, grâce à un seul tournage en 2002, on a pu remplacer les 500 sièges de l’amphithéâtre Ernest-Cormier, une facture de 25 000$.

La CBS et la CIA sous la tour

Le plus important tournage sur le campus des points de vue de l’effectif et du budget a été Confessions of a Dangerous Mind, de George Clooney, en 2002. Pendant une semaine, le Hall d’honneur avait été transformé en portail de la CBS à New York et l’amphithéâtre Ernest-Cormier était devenu une salle de cinéma des années 50.

Dans le film Taking Lives, tourné l’année suivante, l’actrice américaine Angelina Jolie descendait en trombe l’escalier en colimaçon du pavillon Roger-Gaudry et la caméra fixée à un poteau la suivait dans un travelling vertical mémorable. La salle du conseil (M-425) y était devenue, cette fois, une salle de réunion de la CIA.

Même Elvis Gratton est venu faire son tour à l’Université de Montréal. C’est au pavillon André-Aisenstadt qu’il vit sa résurrection dans Miracle à Memphis. «Encore plus ironique, souligne Alain Tremblay: le pavillon Marie-Victorin a été transformé en pavillon de l’Université Laval dans un épisode de la télésérie Lance et compte.»

L’Université de Montréal a rarement l’occasion de jouer son propre rôle, mais cela lui est arrivé dans la biographie télévisée de Pierre Elliott Trudeau, notamment.

De plus, un bon nombre d’annonces publicitaires ont été tournées à différents endroits du campus. L’œil avisé a pu reconnaitre les colonnes du Hall d’honneur dans des réclames de la voiture Saturn et des téléphones Fido. En juillet dernier, Les Rôtisseries St-Hubert ont tourné une publicité qui sera diffusée sous peu.

Gratuit pour les étudiants

L’industrie publicitaire n’est pas seule à utiliser les immeubles du campus. Régulièrement, des productions cinématographiques étudiantes sont réalisées dans divers pavillons. «Dans le cas des étudiants, nous ne demandons aucuns frais, mentionne Alain Tremblay. À moins que nous devions engager du personnel supplémentaire, par exemple un gardien de nuit.»

La venue sur le campus d’une équipe de tournage, ce n’est pas une petite affaire. La régisseuse France Cadieux, chargée de la télésérie Casino chez Avantis, avait précisé dans sa demande qu’elle avait besoin de l’unité d’accueil du pavillon J.-Armand-Bombardier et du laboratoire 2323, mais aussi d’un bureau supplémentaire et d’une loge pour les comédiens et figurants. «Et ce, de 6 h à 20 h.» La demande précisait aussi que des véhicules devraient pouvoir aller et venir: une roulotte de maquillage et coiffure, trois camionnettes de voyageurs, quatre fourgonnettes, deux véhicules pour la régie et la machinerie, un générateur de cinq tonnes et une vingtaine d’automobiles de techniciens.

Tout cela se paie. Une seule journée d’utilisation du Hall d’honneur et de l’amphithéâtre Ernest-Cormier coute de 4000 à 6000$ à un producteur. «C’est une image de marque que nous vendons, signale M. Tremblay. Quand on pense que des millions de spectateurs verront les images de certains films, c’est normal de fixer un tarif en conséquence.»

Les critères d’utilisation du campus à des fins cinématographiques sont tout de même rigoureux. Chaque scénario doit être lu et approuvé par la Direction des communications et du recrutement (DCR) avant d’obtenir l’aval de la Direction des immeubles. Sophie Langlois, attachée de presse de l’UdeM, refuse rarement des projets, mais cela peut arriver. L’an dernier, elle n’a pas autorisé qu’une histoire relatant les conflits d’une étudiante musulmane avec ses parents et ses amants soit tournée dans les murs de l’établissement, car le scénario plaçait l’Université, facilement reconnaissable, dans une position délicate.

Mais des projets relativement osés passent la rampe. Par exemple, des scènes sur les émois d’un professeur d’anthropologie sexuelle, Naked Josh, ont été tournées en novembre 2004 dans le Hall d’honneur. Et la DCR a approuvé un scénario, récemment, où un professeur de sciences économiques de l’Université de Montréal (avec diplôme et tout) se fait découper en trois par un meurtrier. Cet assassinat sert de base à l’intrigue qui pourra être vue en 2006 au réseau TVA.

Mathieu-Robert Sauvé

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