Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 15 - 12 dÉcembre 2005
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

capsule SGPUM

Des négociations longues et ardues pour les professeurs

Forum ouvre ses pages au Syndicat général des professeurs et professeures de l’Université de Montréal en publiant une série de capsules sur l’histoire de ce syndicat, à l’occasion de son 30e anniversaire.

Jusqu’à la négociation de cette année, les professeurs de l’Université de Montréal ont résisté à la tentation de faire grève pour faire valoir leurs revendications. Cependant, d’avoir repoussé cet ultime moyen de pression ne signifie pas pour autant que les négociations antérieures de leur convention collective se sont déroulées dans le calme et l’harmonie. Au contraire, elles ont plutôt eu tendance à susciter la frustration et surtout à s’éterniser.

La préoccupation principale du syndicat des professeurs accrédité en 1975 (SGPUM) est bien sûr la négociation d’une première convention collective de travail qui prend plutôt la forme d’une «miniconvention» d’une seule année. Elle ne comporte que des clauses syndicales minimales et un redressement de la rémunération. La structure salariale reprend celle en vigueur depuis 1960 avec les rangs académiques que nous connaissons et une échelle supérieure propre au personnel médical.

La négociation complète de la première convention survient en 1977 avec une contrainte importante cependant, puisque les deux parties s’entendent pour qu’elle tienne compte des décisions prises relativement au travail et à la carrière professorale par l’Assemblée universitaire depuis sa création, en 1967. Au départ de la négociation, le Syndicat veut notamment mieux définir les quatre tâches du professeur et ne plus lier la permanence à l’agrégation comme c’est le cas à l’UQAM, où la permanence survient quatre ans après l’embauche. L’entente conclue conserve à peu près le statuquo en ce qui touche à la définition de la tâche professorale et l’administration refuse de séparer la permanence de l’agrégation. Les augmentations de rémunération accordées sont conformes à la politique que les universités québécoises se sont donnée sous «l’inspiration» du gouvernement du Québec. Enfin, la convention prévoit la réouverture des négociations quant à la rémunération pour la dernière année de la convention; elles s’étendront sur 15 mois en 1979 et 1980 pour finalement être reportées de guerre lasse à la négociation ultérieure.

Le renouvèlement général de la convention pour les années 1981-1982 et 1983-1984 s’est déroulé rapidement (quatre mois) et il a vu l’inclusion dans l’unité de négociation des attachés de recherche. Sur le plan de la rémunération, le syndicat doit alors réaliser qu’il n’a aucune prise, car le gouvernement oblige l’administration de l’Université à suivre scrupuleusement les paramètres d’augmentation salariale établis pour les salariés des secteurs public et parapublic. Et ce n’est pas qu’aux augmentations que les professeurs doivent se plier, mais aussi aux gels, baisses de rémunération et faibles augmentations qui frapperont les salariés directs et indirects de l’État pendant les 15 années suivantes.

Ainsi les professeurs doivent-ils subir une réouverture de leur convention en 1983 et 1984 pour que soit imposés une baisse de salaire et un gel de neuf mois. Les faibles redressements salariaux des trois conventions négociées de 1985 à 1993 s’alignent fidèlement sur ceux du secteur public. Et puis, en 1993, s’abat sur les professeurs comme sur tous les employés des organismes publics la loi 102, qui gèle les salaires pendant deux ans. Ce gel se poursuit en 1995-1996 suivi de compressions de un pour cent du salaire en 1996-1997 et 1997-1998. Ce n’est que pour les conventions de 2000 et 2003 que les hausses salariales pourront se distinguer de celles du secteur public. En fin de piste, sur les 20 ans où les professeurs ont été soumis au régime minceur du secteur public, la rémunération réelle, par exemple, du professeur agrégé au premier échelon (en tenant compte de l’inflation) a fondu de 24,4% entre 1980 et 2000.

Comme la négociation véritable avec l’administration de l’Université s’est limitée pendant ces 20 années au seul plan normatif, on pourrait croire que les conclusions d’ententes en ont été facilitées. Il n’en est rien. Ainsi, il a fallu 10 mois au comité de négociation pour en venir à un accord pour la convention de 1985-1987 et 17 mois pour la convention de 1987 à 1991. Dans ce dernier cas, la négociation s’est terminée abruptement, après que les professeurs eurent refusé en assemblée de donner un mandat de grève à leur comité de négociation. La négociation suivante, en 1993, qui s’est étalée sur plus de deux ans, s’est terminée par l’imposition de la loi 102. Par la suite, il a fallu 11 mois de négociation pour parvenir à une entente en 1997, six mois en 2000 et huit mois en 2003. Au total, il y a eu relativement peu d’améliorations des clauses normatives des conventions de 1981 à 1997 si on les compare avec les conventions des professeurs de l’Université Laval. Un certain déblocage survient cependant lors des ententes de 1997, 2000 et 2003.

Sur le plan salarial, l’alignement des hausses de rémunération des professeurs sur celles du secteur public pendant une vingtaine d’années a eu pour effet de creuser un écart notable en défaveur des professeurs de l’Université de Montréal lorsqu’on compare leur rémunération avec celle de leurs collègues des autres universités canadiennes. Cette situation rend difficile le recrutement de professeurs de qualité et il y a danger de perdre des professeurs déjà embauchés. Fort consciente de cette problématique, l’administration de l’Université de Montréal estime que la rémunération de ses professeurs doit être concurrentielle avec celle offerte dans les autres établissements canadiens comparables. C’est pourquoi elle a reconnu avec le SGPUM dans la convention collective négociée en 2003 l’objectif de redresser les échelles salariales jusqu’à la moyenne des 10 plus grandes universités du pays.

Jacques Rouillard
Professeur du Département d’histoire

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