Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 15 - 12 dÉcembre 2005
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 Archives de Forum

capsule science

Le manque de soleil influe-t-il sur notre humeur?

 

Il fait noir quand sonne le réveil, il fait noir au retour du travail. Le ciel est gris et ce n’est que le début de l’hiver. Soupir!

Si vous ressentez une grande envie de dormir, que vous avez tendance à manger plus que d’habitude et que votre énergie semble vous avoir abandonné, vous souffrez peut-être du trouble affectif saisonnier. Un trouble qui est lié à la diminution de la luminosité extérieure. Selon la World Medical Clinic, la luminosité passe de 100 000 lux en été à 1500 les journées d’hiver et cette variation modifie la sécrétion de la mélatonine, ce neuromédiateur du sommeil qui règle l’horloge interne de l’organisme. Pour les experts, la déprime hivernale peut se transformer en véritable dépression majeure. À la difficulté de se lever le matin peuvent s’ajouter un interminable syndrome prémenstruel, l’impuissance, des troubles de la concentration, des difficultés relationnelles et sociales, voire une tendance à l’alcoolisme.

Loin d’être exceptionnel, le trouble affectif saisonnier toucherait jusqu’à 20% des gens, selon l’Encyclopédie médicale de la famille. Probablement aussi vieille que l’espèce humaine, cette affection apparait au début de la saison froide et dure jusqu’au printemps. «Il faut distinguer la dépression saisonnière, une maladie documentée et reconnue par le DSM 4, et le simple cafard passager, signale Marie Dumont, directrice du Laboratoire de chronobiologie de l’Université de Montréal. Moi-même, je suis sensible à la baisse de luminosité, mais je n’ai jamais été atteinte de dépression saisonnière.»

Quand cette chercheuse en psychiatrie sent l’emprise du manque de soleil sur son humeur, elle procède à un traitement éprouvé: la photothérapie ou luminothérapie. Celle-ci consiste en une exposition à une lumière intense pendant au moins une demi-heure par jour. Et ça marche? «Le taux d’efficacité de la photothérapie est d’environ 60%, soit l’équivalent du taux de succès de la prise d’antidépresseurs», explique-t-elle.

Pour suivre ce traitement, le patient se place devant une source lumineuse d’environ un mètre carré, projetant quelque 10 000 lux. Il peut vaquer à certaines occupations à condition de ne pas s’éloigner trop de la lumière. «Après deux ou trois semaines, les symptômes disparaissent généralement», résume Mme Dumont.

Le mécanisme d’action de cette immersion lumineuse n’a pas été formellement établi, dit l’Encyclopédie médicale de la famille. Mais on attribue à la photothérapie un effet préventif. Chez les gens à risque, une exposition à la lumière préviendrait donc l’apparition des symptômes.

Assez étrangement, les femmes sont plus sensibles que les hommes au trouble affectif saisonnier. Elles constituent trois cas sur quatre. De plus, il semble que le trouble disparaisse subitement à la ménopause. «Question d’hormones, sans doute», lance Mme Dumont.

Dans les années 90, la chercheuse s’est penchée sur ce sujet dans une étude sur le syndrome saisonnier. Si elle a délaissé ce thème, elle continue de s’intéresser aux effets de la lumière sur la santé, notamment auprès des travailleurs de nuit et des personnes qui travaillent dans un milieu sombre.

Mathieu-Robert Sauvé

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