Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 16 - 16 janvier 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Richard Tremblay coproduit un documentaire

Aux origines de l’agression est primé par la Health & Science Communications Association

Il faut juguler la violence dès la petite enfance, période de la vie remplie d’agressivité.

Comment d’innocents bambins finissent-ils par devenir de violents criminels? La question est cœur d’un documentaire coproduit par Richard Tremblay, directeur du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant, et Jean Gervais, de l’Université du Québec en Outaouais.

Réalisé par l’ONF, Aux origines de l’agression: la violence de l’agneau a remporté le prix Bronze 2005 de la Health & Science Communications Association, un organisme voué à la promotion de l’excellence en santé et en communication scientifique. Destiné à un large public et conçu pour la télévision, le reportage de 50 minutes aborde les aspects biologique, social et psychologique des comportements agressifs chez les enfants et propose des moyens pour les prévenir.

Agressivité innée

Produit grâce à une subvention de Valorisation-Recherche Québec, le documentaire montre que l’agressivité est observable dès les premiers mois de la vie sans qu’il y ait eu aucun apprentissage.

Cette thèse de l’agressivité innée est maintenant bien acceptée dans les milieux de la psychoéducation et fait ressortir du même coup toute l’importance des interventions éducatives visant à socialiser l’enfant et à contrer ses tendances agressives.

Comme le montrent les images fortes et troublantes tournées dans les garderies, c’est vers l’âge de deux ans qu’il se commet le plus d’actes d’agression et ces gestes diminuent au fur et à mesure que l’enfant apprend l’importance des interactions sociales. «Chez les enfants de trois ans, on compte le nombre d’agressions aux demi-heures alors que chez les adolescents on les compte par année», mentionne le professeur Tremblay.

Ce développement comportemental s’avère d’ailleurs le même que ce qui est observé chez les autres primates, comme le signalent Jan Van Hooff, de l’Université d’Utrecht, et Stephen Suomi, du National Institute of Child Health and Human Development.

Équipe internationale

Le reportage présente les propos de 16 chercheurs internationaux – psychologues, médecins, éthologistes, neurologues, économistes, criminologues – issus d’autant d’universités. On compte parmi eux le Prix Nobel d’économie James Heckman, qui affirme que plus les investissements faits pour contrer le décrochage et la délinquance ciblent le jeune âge, plus grand est le retour.

Même les conditions de la grossesse peuvent être déterminantes dans le développement des circuits neurologiques permettant de contrôler ses impulsions.

D’autres chercheurs ont révélé que ce sont les enfants qui sont frappés qui risquent d’être les plus violents: les interventions des parents et des éducateurs doivent donc en tenir compte. Il importe par ailleurs de ne pas réprimer les jeux de bataille tant qu’ils demeurent des jeux: grâce à eux, l’enfant découvre ses limites et comprend quel type d’agression est acceptable.

Parmi les autres intervenants, on remarque Mario Beauregard, du Département de psychologie de l’UdeM, qui présente le rôle de la sérotonine dans l’agressivité et des données sur le développement cérébral observé en IRM. Deux autres chercheurs du Québec participent au documentaire, soit les professeurs Simon Young et Tomas Paus, de l’Université McGill.

Produit au départ en français, ce reportage visait d’abord une diffusion à Télé-Québec. Ironie du sort, c’est l’édition anglaise qui fait du chemin: en plus du prix, cette version a été acquise par plusieurs télévisions européennes et a été diffusée à trois reprises à l’émission The Nature of Things, animée par David Suzuki à la CBC. La version originale française cherche toujours preneur au Québec et en France.

Un second documentaire destiné à la formation des éducateurs est par ailleurs en préparation.

Prix Sellin-Glueck

Au même moment où Richard Tremblay apprenait que son documentaire était primé, il recevait en novembre dernier les hommages de l’American Society of Criminology, qui lui décernait le prix Sellin-Glueck. Il s’agit de la plus importante association de criminologie du monde et le prix souligne une contribution scientifique majeure au domaine de la criminologie de la part d’un chercheur non américain.

Daniel Baril

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