Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 19 - 6 fÉvrier 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

La vaisselle durable entre à l’Université

Une étudiante fait prendre un virage vert à la cafétéria Chez Valère

Avec son idée de remplacer la vaisselle jetable par de la vaisselle durable, Ariane Léonard a fait prendre un «virage vert» à la cafétéria Chez Valère.

À partir du 1er mars, les salades, pizzas, frites et poutines de la cafétéria Chez Valère seront servies dans de la vaisselle lavable, non plus dans des contenants jetables. Les assiettes et bols en carton ou en plastique seront toujours disponibles sur demande, mais les clients devront payer 15 ¢ l’unité pour les utiliser.

«Le cout de la vaisselle jetable Chez Valère est d’environ 26 000$ par année, estime Réjean Duval, directeur des services auxiliaires dont relèvent les Services alimentaires. Nous pensons économiser environ 20% de ce montant grâce à la nouvelle politique. C’est une opération gagnante pour tout le monde.»

Il y a bien sûr des frais liés à ce virage vert. Ainsi, la cafétéria doit acheter des centaines de pièces de vaisselle et d’ustensiles. Facture: 12 000$. On procèdera aussi à l’embauche d’une personne à temps plein pour laver toute cette vaisselle. «Nous créons même de l’emploi!» s’exclame celle qui a eu l’idée de cette conversion, Ariane Léonard.

Étudiante à la maitrise en histoire de l’art, la jeune femme fréquente l’Université depuis cinq ans et milite auprès du comité environnementaliste UniVERTcité. «Chaque jour, je m’étonnais de voir tant de gens gaspiller de la vaisselle jetable, même lorsqu’ils mangeaient sur place. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose.»

Après avoir consulté le Bilan environnemental 2003-2004, elle apprend avec consternation que, cette année-là, 11 tonnes de vaisselle jetable ont été utilisées. En se décomposant, de tels déchets produisent du méthane, un des principaux gaz à effet de serre. Elle frappe à la porte de M. Duval et obtient un rendez-vous en novembre 2005. Le chef des cuisines des Services alimentaires, Alain Parent, et son patron se montrent réceptifs à sa demande et, au terme de réunions hebdomadaires, le projet se concrétise en janvier.

Virage vert et équitable

Après avoir décidé, en novembre dernier, d’offrir uniquement du café équitable certifié biologique à la cafétéria Chez Valère, les Services alimentaires font donc un pas de plus dans la gestion responsable. «Nous avions déjà entamé une démarche en vue d’implanter la vaisselle durable en offrant une réduction de 20 ¢ aux clients qui se présentent à la caisse avec leur tasse de café, rappelle Réjean Duval. Mais cette fois, nous allons beaucoup plus loin.»

Dans le cas du buffet de salades et du comptoir à pizza, l’économie sera substantielle. À elles seules, les deux «spécialités» entrainent l’utilisation de quelque 70 000 contenants chaque année. L’économie réalisée dépassera les 7000$ annuellement.

Sur le plan administratif, le virage durable pourrait s’avérer une opération rentable si l’investissement est amorti, comme prévu, dès la deuxième année. Une zone d’ombre demeure cependant: le vol de vaisselle. On ignore combien d’émules des Bougon profiteront de la manne pour garnir leurs armoires de cuisine. «On se croise les doigts», dit Ariane Léonard.

Pourquoi ne pas avoir étendu ce projet à l’ensemble des comptoirs gérés par les Services alimentaires? Parce que l’espace ne s’y prête pas partout. «À ces comptoirs, moins de 15% des clients mangent sur place. Difficile, donc, de récupérer la vaisselle», indique M. Duval.

De plus, la cafétéria du 3200, rue Jean-Brillant possède un atout de taille: un lave-vaisselle de grande capacité.

Pas parfait

Dès la semaine prochaine, des affiches seront placardées afin d’informer la clientèle de la nouvelle politique. Réjean Duval n’entrevoit pas de réactions négatives de la part des usagers. «Au contraire, nos clients font pression en faveur de la consommation responsable», précise-t-il.

Même si ce changement est remarqué, l’Université de Montréal n’est pas exactement une pionnière dans le domaine. Sur les campus américains, l’incitation à la gestion responsable est encore plus forte. On voit de plus en plus, à côté des bacs de recyclage, des contenants destinés à la matière organique. Et avec les produits du compostage, on fait... des assiettes.

La communauté universitaire n’est pas toujours très consciente du rôle qu’elle peut jouer en matière de réutilisation, de récupération et de recyclage des objets. Au cours de la 8e Semaine de l’environnement, qui s’est tenue du 23 au 27 janvier, quelques bénévoles ont fait les poubelles de la cafétéria et ont trouvé une grande quantité de contenants recyclables jetés par erreur. Des consommateurs plus sensibles les auraient déposés dans les bacs prévus à cette fin.

«Il y a encore de l’éducation à faire», concède Ariane Léonard. Elle reconnait que les étudiants n’ont pas toujours un comportement modèle en cette matière. Mais elle signale que les contenants de recyclage de papier et de plastique sont encore relativement nouveaux sur le campus de l’UdeM. L’habitude de trier ses déchets n’est pas encore passée dans les mœurs.

Ariane Léonard mentionne d’ailleurs qu’elle a obtenu l’aide d’autres étudiants au cours de ses démarches auprès des Services alimentaires: Marilou Skelling, Vanessa Limages et Julien Lafrance-Vanasse, notamment. Le comité UniVERTcité continue de chercher de nouvelles stratégies afin de réduire le gaspillage. Sa dernière trouvaille: le bock réutilisable. «Dans les partys deux étages, où l’on vend jusqu’à 1500 billets, tout le monde boit sa bière dans des verres moulés dans un plastique de type 6, non recyclable à Montréal. Tous sont jetés après le party. Nous croyons que les étudiants pourraient avoir leur propre verre dans ces occasions-là.»

Il est vrai qu’un nombre grandissant d’étudiants se présentent aux comptoirs des Services alimentaires avec leur tasse à café personnalisée, qu’ils remplissent à volonté. Chaque fois, ils font un petit geste pour protéger l’environnement. La tasse d’UniVERTcité est en vente au cout de 3$ au comptoir de service de la FAECUM. Compte tenu de l’économie de 20 ¢ par tasse à la cafétéria, l’étudiant a récupéré son investissement après 15 cafés.

C’est-à-dire, en fin de trimestre, à peine quelques jours après...

Mathieu-Robert Sauvé

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