Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 19 - 6 fÉvrier 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Il fait plus chaud sur le campus qu’à Dorval

La station de Paul Comtois enregistre quotidiennement toutes les données météorologiques

 

On se souvient tous de cette horrible journée du mercredi 18 janvier, au cours de laquelle les rues de Montréal ont été transformées tantôt en patinoire, tantôt en piscine, après avoir connu pluie, neige et pluie verglaçante. Selon Environnement Canada, il est tombé «près de 50 mm» de pluie et de pluie verglaçante sur Montréal, un record de tous les temps, la moyenne étant de 25 mm pour le mois de janvier au complet.

Dans l’environnement immédiat de l’Université de Montréal, les précipitations ont atteint très précisément 49,5 mm, sans compter la neige. Ce chiffre ne provient pas des données de la station d’Environnement Canada à Dorval, mais de la station de météorologie du Département de géographie.

Exploitée par le professeur Paul Comtois, cette station installée sur le toit du pavillon situé au 520, chemin de la Côte-Sainte-Catherine (ancien pavillon Strathcona) est l’un des secrets bien gardés du campus.

Station complète

On y trouve tous les appareils nécessaires au prélèvement de l’ensemble des données météorologiques, soit un anémomètre pour calculer la vitesse et la direction du vent, deux pluviomètres pour mesurer les précipitations et recueillir des échantillons d’eau de pluie, un radiomètre qui donne l’intensité de la lumière, un appareil d’évapotranspiration pour déterminer la perte en eau des plantes selon la chaleur et le vent, et deux capteurs de pollen pour établir la quantité de particules en suspension dans l’air.

«Ces instruments servent principalement pour le cours de science atmosphérique et de climatologie, précise le professeur Comtois. Les données recueillies sont également utiles afin de connaitre le taux d’évapotranspiration et la proportion de particules allergènes dans l’air.» Les appareils sont posés à demeure sur le toit du pavillon depuis trois ans. Auparavant, Paul Comtois devait les installer dans différents endroits selon les besoins du moment.

La station alimente également le Laboratoire d’aérobiologie, dont le site Internet fournit, en saison, les concentrations quotidiennes de pollens d’arbres, de foin et d’herbe à poux. Le chercheur est d’ailleurs l’un des conseillers experts dans le fameux recours collectif contre la Ville de Montréal au sujet de l’herbe à poux.

Tout cet équipement est branché sur son ordinateur, d’où il peut prendre connaissance en un seul coup d’œil de la température, des précipitations, de la vitesse du vent, de l’intensité de la lumière, de l’humidité relative et de la pression barométrique.

Un campus chaud!

Les données collectées par ces appareils montrent que la météo peut varier sensiblement d’un lieu à l’autre à l’intérieur d’un territoire comme celui de l’île de Montréal. Si vous partez de Rosemont et que vous trouvez que le temps n’est pas le même lorsque vous arrivez dans le quartier Côte-des-Neiges, ceci n’est pas le fruit de votre imagination. Les données de la station de Paul Comtois montrent qu’il fait généralement plus chaud sur le campus qu’à Dorval, un écart qui atteint régulièrement deux degrés.

Au moment de notre passage à la station, Environnement Canada annonçait un maximum de 0 °C, mais les instruments de M. Comtois avaient déjà enregistré 1,9 °C.

Les relevés indiquent par exemple que, du 1er au 25 novembre, la température maximale a été plus élevée sur le campus que ce que signalait Dorval – 18 fois sur 25. On a même observé un écart de 7 °C le 4 novembre. Selon Paul Comtois, cette tendance s’observe à l’année; la température est soit plus chaude, soit égale, mais rarement plus froide.

Cette différence peut étonner puisque la station se trouve à 70 m d’altitude comparativement à 15 m pour celle de Dorval. Selon le professeur, la différence s’explique par «l’effet d’ilot de chaleur urbain. Il y a autour du campus moins de verdure et plus d’asphalte qu’à Dorval.» Le centre-ville ferait même sentir son effet jusqu’au pavillon de la Côte-Sainte-Catherine, et ce, même en hiver.

L’humidité est également plus faible sur le campus qu’à Dorval, ce qui va de pair avec une chaleur plus grande. Quand nous étions à la station, l’humidité était de 91% à Dorval et de 84% sur le campus.

Le mont Royal fait par ailleurs sentir sa présence sur la vélocité des vents; ceux-ci sont généralement moins forts dans le quartier Côte-des-Neiges qu’à Dorval, où la zone est plus ouverte. Toujours pour la période du 1er au 25 novembre, la moyenne des vents enregistrée à Dorval était de 10 à 12 km/h, alors qu’elle a été de 3 à 4 km/h pour le campus, avec un écart de près de 35 km/h le 6 novembre.

Si ce n’était que de Paul Comtois, les données enregistrées par ses différents appareils auraient une diffusion plus large que celle faite auprès des étudiants en climatologie. Il suffirait d’une interface entre l’ordinateur de son laboratoire et le site de l’UdeM pour que l’ensemble des mesures soient accessibles à quiconque voudrait les consulter en temps réel ou en données archivées.

«Un lien avec la page de l’Université permettrait, par exemple, à ceux qui partent de chez eux le matin de savoir précisément quelles sont les conditions météorologiques du campus, souligne le professeur. Cela pourrait également servir à ceux qui voudraient observer des tendances.»

Avec un hiver comme celui de cette année, où la température oscille autour du point de congélation, un écart de deux degrés peut faire la différence entre de la pluie ou de la neige, une information qui pourrait en intéresser plusieurs.

Daniel Baril

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