Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 19 - 6 fÉvrier 2006
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 Archives de Forum

capsule science

Comment prévient-on la gastroentérite?

 

Si la grippe tarde à se manifester comparativement à pareille période l’an passé, les cas de gastroentérite semblent plus nombreux qu’à l’habitude, selon la Direction de santé publique de Montréal. Il est encore trop tôt pour parler d’épidémie, mais plusieurs cas de gastroentérite ont été signalés dans les écoles et les garderies, au grand désarroi des parents.

Professeur à la Faculté de médecine et gastroentérologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal, Pierre Poitras rappelle que la plupart des gastroentérites sont liées à une infection, la majorité étant dues à des virus. Mais comment prévient-on la gastroentérite? «Il est important de se laver les mains avant toute préparation alimentaire et systématiquement après être allé aux toilettes ou avoir changé des couches, répond le Dr Poitras. Car à l’instar de la grippe, la propagation des microbes se fait essentiellement par les échanges de poignées de main.»

Les infections au rotavirus, le virus principalement responsable des cas graves de gastroentérite, sont très contagieuses et durent de trois à sept jours, précise le gastroentérologue qui travaille depuis 25 ans à l’Hôpital Saint-Luc. «Les problèmes de diarrhées et de crampes abdominales disparaissent généralement assez vite, dit-il, mais ils peuvent être aigus et parfois même mortels.» Mortels? Oui, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS); dans les pays en développement, où l’accès à l’hydratation est limité, la gastroentérite est l’une des premières causes de mortalité chez les tout-petits. «La fièvre aidant, la déshydratation survient rapidement chez les nourrissons et les enfants de moins de trois ans, explique le Dr Poitras. Il est essentiel qu’ils boivent beaucoup, car la diarrhée et les vomissements induisent une perte importante d’eau et de sels minéraux.»

Même bénignes, les complications causées par la gastroentérite ont chez nous un impact majeur sur le système de santé. Le cout annuel des hospitalisations des très jeunes enfants s’élèverait à environ 31 M$ alors que le fardeau en journées de travail perdues pour les parents est évalué à 69 M$.

Si l’OMS, qui obtient tant de succès dans sa lutte contre la prolifération de la grippe, a tant de problèmes à limiter la dissémination du rotavirus, c’est qu’il n’existe à ce jour aucun vaccin pour mettre le holà à la gastroentérite. Mais les choses pourraient bientôt changer. C’est du moins ce que prétendent des chercheurs qui ont récemment publié dans le New England Journal of Medicine les résultats d’une étude sur le sujet. L’étude, effectuée auprès de 70 000 enfants dans 11 pays, démontre l’efficacité et l’innocuité d’un vaccin par voie orale contre cinq souches du rotavirus. «L’administration en très bas âge d’un vaccin par voie orale contre le plus fréquent virus associé à la gastroentérite permettrait de réduire de 74% l’apparition de la maladie au cours des trois premières années de vie des enfants», rapportait le 8 janvier La presse canadienne.

En espérant que l’accès à ce vaccin qui pourrait sauver des vies sera rapide et élargi, y compris pour ceux qui n’ont pas les moyens de se le payer.

Dominique Nancy

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