Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 20 - 13 fÉvrier 2006
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 Archives de Forum

La thérapie par les mouvements oculaires est-elle efficace?

La psychothérapie basée sur les mouvements oculaires ou EMDR suscite un intérêt croissant

La psychothérapie basée sur les mouvements oculaires ou EMDR (pour Eye Movement Desensitization and Reprocessing) suscite un intérêt croissant tant chez les cliniciens que chez le public. Comme il s’agit d’une approche relativement nouvelle élaborée à l’origine pour traiter les chocs post-traumatiques, des chercheurs se questionnent sur son efficacité réelle lorsqu’elle est utilisée pour soigner tout autre trouble psychologique.

Dans le dernier numéro de la Revue de psychoéducation (vol. 34, no 2), le professeur Serge Larivée, de l’École de psychoéducation, et Maxime Bériault, doctorant au Département de psychologie, recensent toute la littérature scientifique sur le sujet en présentant et en analysant les résultats des études de cas, des études cliniques et des études de laboratoire.

L’EMDR a été conçue à la fin des années 80 par la psychologue californienne Francine Shapiro à partir d’une expérience personnelle spontanée au cours de laquelle elle s’est aperçue que ses pensées négatives intrusives disparaissaient lorsqu’elle bougeait les yeux de façon saccadée. C’est là le caractère particulier de l’approche: le patient doit se remémorer le fait traumatisant tout en suivant des yeux un objet, ou les doigts, que le thérapeute déplace de haut en bas, de gauche à droite ou en décrivant des figures.

Certains considèrent que l’EMDR constitue une percée psychothérapeutique majeure, alors que d’autres l’associent à une pratique pseudoscientifique.

Dans ses premiers écrits, Francine Shapiro attribuait l’effet thérapeutique de sa méthode aux mouvements oculaires. Toutefois, la majorité des études sur la question, selon ce que rapportent MM. Larivée et Bériault, montrent que ni les mouvements oculaires ni les autres formes de stimulation ne contribuent à l’efficacité de l’EMDR. Les composantes de cette approche ne seraient pas en cause et l’effet serait plutôt attribuable aux principes thérapeutiques généraux comme l’empathie du thérapeute.

Les données révèlent tout de même que l’EMDR constitue un traitement aussi efficace que la thérapie cognitivo-comportementale pour traiter le stress post-traumatique, mais pas pour soigner les cas de phobie ou de trouble panique.

En 1995, déjà 10 000 thérapeutes recouraient à l’EMDR, mais aucune étude n’avait encore comparé son efficacité avec celle d’un traitement cognitivo-comportemental validé. La promotion de l’EMDR ayant devancé les données empiriques, «on peut s’inquiéter de la diffusion fulgurante d’une technique thérapeutique avant que son efficacité ait été démontrée et ses mécanismes d’action explicités», écrivent les deux chercheurs.

D.B.

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