Les tutoriels font la marque distinctive de la Faculté de médecine

La moitié des 12 cours théoriques de base seront bientôt sur cédéroms

Jean-Pierre Messier et la Dre Louise Charron

L’apprentissage par problèmes (APP) est maintenant monnaie courante dans l’enseignement de la médecine, mais la Faculté de médecine de l’UdeM se distingue entre toutes par les tutoriels ou cédéroms expressément conçus pour sa clientèle étudiante.

Depuis 2000, quatre cours dont l’enseignement se donne par l’APP ont été mis sur cédéroms, soit les cours de neurologie, de pathologie et immunologie, de cardiologie et de pneumologie. Deux autres cédéroms sont en préparation pour les cours d’endocrinologie et du système musculosquelettique.

«Nous visons à couvrir les 12 cours théoriques de base de la première et de la deuxième année du programme de médecine», indique la Dre Louise Charron, directrice scientifique du Centre eduMed. Créé en 2001 grâce à un financement d’Apple Canada, ce centre spécialement destiné à la production de matériel pédagogique numérique poursuit les travaux du Groupe de recherche en enseignement médical informatisé de l’Hôtel-Dieu (CHUM), constitué dans les années 90 par le Dr Jean-Marie Peyronnard.

Adaptés aux besoins de la clientèle et mis à jour chaque année, «ces produits font des envieux dans les autres universités, affirme Jean-Pierre Messier, directeur informatique d’eduMed. Peu d’établissements dans le monde ont élaboré de tels outils et la réponse des étudiants est excellente.»

Fait à souligner, tout est en français. Certains tutoriels sont en voie de traduction par la compagnie Merck Frosst, qui apporte un soutien financier à eduMed tout en laissant le centre totalement maitre des contenus. Alors que des outils de cette qualité conçus par le secteur privé se vendraient facilement 200$, les cédéroms d’eduMed sont vendus au prix coutant du matériel, soit 10 ou 12$!

Mise en contexte clinique

Chaque tutoriel est créé en fonction de l’apprentissage par problèmes. Il présente différents cas que les étudiants, en groupes de 8 à 10, doivent décortiquer sur les plans physiologique, anatomique, pathologique et pharmacologique. Le matériel inclut un lexique, des documents graphiques, des séquences animées sur les concepts de base et des outils d’autoévaluation.

Une fois le cas présenté, les étudiants déterminent leurs objectifs de recherche et se revoient un ou deux jours plus tard pour partager leurs conclusions sur le diagnostic et le traitement. À chaque exercice, ils peuvent également vérifier si leurs réponses aux problèmes soumis sont les bonnes.

Le cédérom de cardiologie permet d’observer, par exemple, un cœur animé en trois dimensions que l’étudiant peut faire tourner sous tous ses angles; le futur praticien peut aussi associer le son des pulsations aux mouvements précis qu’il scrute, ce qu’un médecin ne pourra jamais réaliser avec un stéthoscope. L’animation comprend des particularités rares sur lesquelles un clinicien n’aurait peut-être pas l’occasion de se pencher autrement.

Des échographies animées de cas pathologiques sont de plus présentées et comparées avec des situations normales, de même que des bandes vidéo tournées avec de véritables patients.

Le contenu du cédérom dépasse donc les seuls besoins des cours et c’est en fait une mise en contexte clinique complète qui est offerte aux étudiants. Il ne faut pas penser qu’un tel outil leur facilite trop la tâche: «Il leur donne un coup de pouce pour chercher dans la bonne direction afin d’éviter qu’ils dispersent inutilement leurs énergies. Leur efficacité est ainsi décuplée», mentionne la Dre Charron.

La formation qu’ils acquièrent semble d’une grande qualité s’il faut s’en remettre aux examens du Conseil médical du Canada, où les étudiants de l’UdeM se classent premiers depuis six ans.

Les produits d’eduMed pourraient par ailleurs servir, en tout ou en partie, à l’enseignement d’autres disciplines comme les sciences infirmières, la pharmacologie ou l’art dentaire ou encore être employés pour l’enseignement à distance.

Ces tutoriels ont pu être réalisés grâce à la collaboration des professeurs de tous les secteurs de la santé des hôpitaux affiliés, une collaboration hautement appréciée par Louise Charron. Elle se félicite également de l’accent qu’a mis sur la pédagogie le doyen Jean Rouleau, qui veut faire de l’enseignement par tutoriels une image de marque de sa faculté.

Jean-Pierre Messier tient à souligner pour sa part l’excellence du travail accompli par l’équipe d’eduMed. «Il est difficile de trouver des gens compétents en imagerie 3D, dit-il. Notre petite équipe fait un travail formidable et ne compte pas le temps investi en bénévolat.»

On peut avoir une idée de ces productions sur le site d’eduMed, où des extraits sont présentés en démonstration: <www.edumed. umontreal.ca>.

Daniel Baril