Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 25 - 27 mars 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Rosalie Lessard remporte le prix littéraire de la SRC, volet poésie

L’étudiante consacrera les prochains mois à la rédaction de son mémoire, sous la direction de Pierre Nepveu

Rosalie Lessard

Lauréate de quatre prix littéraires, Rosalie Lessard est si modeste qu’elle s’étonne d’avoir obtenu l’une des plus importantes récompenses canadiennes couronnant des œuvres non publiées. «Je ne m’y attendais pas du tout», dit la jeune femme de 24 ans qui vient de remporter, dans la catégorie «poésie», le premier prix francophone de Radio-Canada.

Étudiante à la maitrise en études françaises, la poète a marqué une pause pour recevoir une bourse de 6000$ du Conseil des arts du Canada. Son texte primé, Petit guide des volcans d’Amérique, traite de la maternité à travers le triple portrait de femmes vivant dans trois réalités américaines aux antipodes l’une de l’autre. Il paraitra dans le magazine enRoute d’Air Canada et des extraits seront diffusés sur les ondes de CBC Radio et à la Première Chaine de Radio-Canada.

Plusieurs gagnants des prix littéraires de la société d’État sont aujourd’hui renommés dans leur domaine. Les écrivains Arlette Cousture et Jacques Godbout figurent entre autres parmi les lauréats. «C’est un grand honneur pour moi, estime Rosalie Lessard, qui désire embrasser une carrière d’auteure et enseigner la littérature. Vous savez, les prix sont des tremplins pour les jeunes carrières.»

«Chaque livre que tu liras, je te le donne»

Avec ses airs de mannequin, l’étudiante ne correspond pas à l’image qu’on se fait du poète. Mais elle a eu, comme on dit, la piqure pour de grands auteurs: Sylvia Platte, Anne Hébert, François Charron et Marguerite Duras, notamment. Son plus beau défi, elle le tient de son père, qui lui a lancé un jour: «Chaque livre que tu liras, je te le donne.» «Aujourd’hui, des centaines d’ouvrages s’entassent sur les rayons de ma bibliothèque au point où l’on ne voit plus la couleur du mur», raconte-t-elle en riant.

Pour Rosalie Lessard, la poésie ne se limite pas aux mots. Elle se manifeste de diverses façons, par exemple dans le maniement de la rime et du sonnet. «C’est un travail d’observation, mais aussi d’écoute de la langue et de soi», mentionne-t-elle.

Un extrait du Petit guide des volcans d’Amérique illustre bien la relation qu’elle entretient avec l’écriture: «helen a trois enfants/ sans relâche six yeux/voix et visages sur l’échelle de Richter/seule ou trop accompagnée la main relâchée/elle en parle comme d’une variété d’éponge particulièrement absorbante: si on serre ça contre soi un peu trop fort d’un peu trop près ça libère toutes sortes de bactéries de virus de morts microscopiques qui pénètrent à tout coup votre système ces bêtes sont contagieuses lisez la notice avant de les approcher […]»

De la Côte-Nord à Montréal

Comme on peut s’y attendre, les A se succèdent sur presque toutes les lignes du relevé de notes de Rosalie Lessard. On ne trouve que quelques B+ dans tout son bulletin. Ce qui représente une moyenne cumulative de 3,9. Mais ce qui rend la performance de l’étudiante encore plus exceptionnelle, c’est que, tout en obtenant les meilleurs résultats de sa promotion, elle a récolté de nombreuses récompenses qui attestent la qualité de sa démarche littéraire.

À 18 ans, Rosalie Lessard publie aux Écrits des Forges son premier recueil de poèmes, À perte de monde, avant même d’entamer son baccalauréat à l’Université. Auparavant, elle avait gagné, trois années d’affilée, le Prix international Jeunes auteurs: d’abord pour son poème Sens du mot, qui lui a aussi valu une bourse en 1998, puis pour une nouvelle intitulée L’aube l’après-midi en 1999. Les deux créations sont parues dans un recueil collectif aux Éditions de l’Hèbe, à Genève. Elle récidive en 2000 grâce à sa pièce de théâtre Akka, mines de sel. Cette fois-ci, l’œuvre est mise en scène à Bucarest, en Roumanie. «Ce fut toute une expérience d’assister à la première représentation», affirme l’auteure, dont un des poèmes est également recensé dans une anthologie bilingue, franco-espagnole, des poètes québécois!

Devant tant d’honneurs, il serait permis de se péter les bretelles, mais Rosalie Lessard se dit plutôt très flattée. Elle déclare que c’est grâce au soutien de ses parents, tous deux professeurs de littérature, qu’elle poursuit présentement des études dans le domaine. Ses cours préparatoires bientôt terminés, elle consacrera son été à la rédaction de son mémoire qu’elle mène sous la direction du professeur Pierre Nepveu. «Je m’intéresse aux notions d’espace, d’intériorité et d’identité dans l’œuvre poétique d’Hélène Dorion. Mon analyse portera notamment sur l’image du visage, le thème de la quête identitaire, les champs lexicaux de l’effritement et de la perte de repères», signale l’étudiante.

Originaire de Baie-Comeau, elle connait bien les avantages mais aussi les inconvénients d’habiter en région. Retournera-t-elle vivre sur la Côte-Nord à l’issue de sa formation? La jeune femme hésite un instant avant de répondre. «Je ne crois pas. J’aime les paysages démesurés et exceptionnels où j’ai grandi, mais c’est tellement loin…», confie-t-elle en soupirant.

Dominique Nancy

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