Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 26 - 3 avril 2006
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 Archives de Forum

Les performances des athlètes suivies par satellite

Le soccer et le football se prêtent bien à l’entrainement par GPS, qui permet à l’entraineur de savoir si ses joueurs donnent ou non leur 100%!

Luc Léger

Tous les joueurs de soccer vous diront qu’ils se donnent à fond pour botter le ballon vers la zone adverse et compter des buts. Mais comment le vérifier? Des chercheurs viennent de découvrir comment adapter les récepteurs de géopositionnement par satellite (GPS) pour mesurer directement sur le terrain, au mètre près, la distance parcourue par les athlètes et leur vitesse d’exécution. En fixant le GPS au chandail des joueurs, l’entraineur peut désormais suivre la performance de ses attaquants et défenseurs. Et gare à eux s’ils ne fournissent pas leur effort maximal!

Cette technologie prometteuse a été mise au point par Luc Léger, professeur au Département de kinésiologie, avec qui collabore activement Nabyl Bekraoui pour les besoins de sa thèse de doctorat. «L’appareil permet de suivre avec précision le déplacement des joueurs sur le terrain. Pour le personnel d’encadrement, c’est un accès à des données précieuses», dit le professeur Léger.

En quelques clics, le tracé des déplacements des joueurs apparait, de même que des graphiques montrant la vitesse instantanée et même les efforts déployés au cours de la partie. Dans un tableau sur la vitesse aérobie maximale, on peut voir que le joueur A a accompli plus de 60% de son effort maximal pendant 80% de la partie. Il a même dépassé ce seuil durant 3% de l’affrontement, à des périodes de sprint, ce que les commentateurs sportifs appellent le «110%».

Connu internationalement pour ses travaux sur la mesure et l’évaluation des aptitudes physiques et physiologiques (le «test de Léger» est utilisé dans 200 pays pour estimer la condition physique), Luc Léger prédit un grand succès à cette nouvelle génération d’outils. «Nous avons profité de l’évolution rapide de l’électronique et des télécommunications au cours des dernières années, signale-t-il. Encore récemment, les systèmes GPS ne prenaient qu’une mesure toutes les cinq secondes. Aujourd’hui, on en trouve sur le marché qui analysent 20 mesures à la seconde.»

Calcul d’algorithmes

Un récepteur GPS se sert de divers algorithmes pour calculer la distance exacte qui le sépare d’un satellite. Au moins trois satellites doivent être simultanément accessibles pour déterminer par trigonométrie la position d’un corps. Mais les nuages n’empêchent pas la lecture des données, ni la présence d’autres capteurs. Le fait que 12 joueurs ou plus portent chacun son émetteur ne pose aucun problème d’interférence. Toutefois, les lectures doivent se faire à l’extérieur. Le système ne peut donc s’appliquer aux sports comme le basketball ou le handball, qui se pratiquent à l’intérieur.

L’amélioration du géopositionnement par satellite permet d’étudier en détail le mouvement des joueurs. On pourra bientôt voir ceux qui sautent pour intercepter le ballon... et à quelle fréquence et à quelle hauteur ils s’élancent. Le GPS ne peut pas décrire le mouvement avec la même précision qu’une caméra vidéo, souligne M. Léger. Mais il remplace à merveille la prise manuelle de données que certains membres du personnel d’encadrement sont chargés d’effectuer autour des joueurs. Au Japon, on emploie des systèmes de caméras sophistiqués qui ne sont pas aussi efficaces qu’un simple GPS. «Le fait de pouvoir suivre un joueur individuellement donne à l’entraineur un atout particulier», indique Luc Léger.

Le procédé conçu à l’Université de Montréal pourrait donner naissance à des applications qu’on commence à peine à imaginer. Des exemples? Grâce au transfert des données par courriel en temps réel, un entraineur pourrait se trouver à Montréal et son athlète à Rimouski.

On pourrait aussi recourir au dispositif en dehors du terrain de soccer. Munis d’un GPS, les enfants d’une école de ski seraient facilement repérables s’ils se perdaient dans des sous-bois en région éloignée. Des utilisations du dispositif en plein air seraient envisageables, notamment à vélo. Et en raison de sa précision, le GPS pourrait servir à étudier la mobilité chez les sujets prédisposés à la sédentarité et à l’obésité.

De joueur à chercheur

Les entraineurs sont-ils intéressés par une technologie de ce type? Selon Nabyl Bekraoui, certains le sont, alors que d’autres préfèrent les méthodes classiques. «C’est un milieu assez traditionnel», résume l’étudiant d’origine marocaine.

Il parle en connaissance de cause, car il a lui-même été un joueur de soccer de haut niveau. C’est avec un contrat d’attaquant pour l’Impact de Montréal qu’il a mis les pieds pour la première fois au Québec, en 1999. À cause d’une blessure, il a dû renoncer à sa carrière assez rapidement, mais il a quand même connu ses moments de gloire. Alors qu’il défendait les couleurs de l’équipe de Phoenix, en Arizona, où il faisait son baccalauréat, il a remporté le championnat de la National College Athletic Association après quoi il a été repêché par la ligue professionnelle américaine de soccer, avant de jouer une saison au Portugal. Il a, de plus, marqué le premier but des Carabins au cours du match inaugural de l’équipe montréalaise dans son nouveau stade, le 14 septembre 2001.

Depuis cinq ans, le soccer est devenu un objet d’études plutôt qu’un gagne-pain pour Nabyl Bekraoui. Il ne s’en plaint pas. «On a beaucoup à apprendre encore sur ce sport», observe-t-il.

Mathieu-Robert Sauvé

Courir avec les satellites

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