Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 27 - 10 avril 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Prêter son corps à la formation médicale

La Faculté de médecine est à la recherche de «faux patients» pour faciliter son enseignement.

Le Dr Raymond Lalande

Dès leur première année d’apprentissage, les étudiants en médecine de l’Université de Montréal sont initiés au contact avec le patient afin de mettre en pratique les notions d’entrevue et d’examen clinique. La Faculté de médecine de l’UdeM est l’une des rares en Amérique du Nord à offrir cette formation à ses étudiants de premier cycle. Présentement, elle est à la recherche de «faux patients» pour faciliter son enseignement.

«Il s’agit de rencontres médicales simulées avec des personnes qui présentent un signe d’une maladie particulière, par exemple un souffle au cœur, mais aussi avec des patients “acteurs” qui acceptent de jouer un jeu de rôle, explique le Dr Raymond Lalande, vice-doyen à la Faculté de médecine. Dans les deux cas, on les appelle des patients partenaires.»

Des patients partenaires? Oui, et le terme n’est pas trop fort, selon le Dr Lalande. «Ce sont des patients enseignants en ce sens qu’ils fournissent une rétroaction aux étudiants sur la qualité de leur examen. Cette approche permet aux futurs médecins de mieux intégrer des connaissances et des techniques. Il s’agit donc bel et bien de patients partenaires», affirme le vice-doyen.

C’est une nouvelle façon d’enseigner la médecine, ajoute-t-il. «On a recours à cette approche depuis une dizaine d’années avec des patientes pour l’apprentissage de l’examen gynécologique, mais ce n’est que tout récemment qu’on a généralisé la pratique.» Aujourd’hui, elle est particulièrement utilisée dans le cadre des examens de type ECOS (acronyme pour «examen clinique objectif structuré»), auxquels les étudiants en médecine sont soumis tout au long de leur formation.

Création d’un centre de recrutement

À en croire le Dr Lalande, ce type d’enseignement est appelé à connaitre une grande popularité. La raison en est simple. «Il est éthiquement de moins en moins acceptable qu’un étudiant en médecine s’adresse à des patients dans des situations de soins sans posséder une expérience clinique de base, dit-il. Bien sûr, les étudiants vont continuer de voir sur une base volontaire de vrais patients hospitalisés, mais auparavant ils seront intervenus, sous la supervision d’un médecin, auprès de patients simulés.»

À l’époque où le Dr Lalande était étudiant, l’enseignement clinique se déroulait dans les hôpitaux. «Poser des drains, donner des piqures, intuber en cas d’urgence, tous ces gestes étaient appris et répétés sur de véritables patients», confie le Dr Lalande. Aïe aïe aïe! «Je me souviens de ma première journée de garde comme si c’était hier. On m’a demandé de pratiquer un gaz artériel alors que je n’en avais jamais fait. Vous savez, c’est un peu plus complexe qu’une simple ponction veineuse. J’arrive donc à la chambre du patient et constate qu’il est dans le coma. Heureusement pour lui, il n’a pas souffert de ma technique!»

Signe des temps, un centre de recrutement et de formation des patients partenaires a été mis sur pied à l’automne 2005 par la Faculté. Le Dr Lalande, qui est chargé de l’ensemble des études médicales de premier cycle, à la formation professionnelle continue et au développement de l’enseignement, en assure le bon fonctionnement. Le néphrologue Michel Gascon coordonne les activités de recrutement du centre alors qu’une infirmière, Annie Vallée, veille à la formation des patients.

Les personnes qui acceptent de prêter leur corps à l’enseignement médical reçoivent une formation pour bien cerner leur rôle. Un scénario leur est également transmis quelques semaines avant qu’elles soient convoquées. Elles se prêtent à l’exercice de une à quatre fois pendant l’année. La Faculté offre une compensation de 50$ par visite d’une demi-journée. «Lorsqu’ils se présentent au rendez-vous, les patients partenaires sont reçus par un ou deux étudiants, indique le Dr Lalande. L’entrevue et l’examen physique sont menés sous la surveillance d’un médecin enseignant. Les étudiants doivent aussi produire un rapport résumant la visite médicale simulée. Mais le tout demeure confidentiel.»

Le Dr Lalande rappelle que ces participations sont ponctuelles et ne remplacent pas le suivi avec un médecin de famille. «Le but est vraiment de faciliter l’enseignement aux étudiants.»

Dominique Nancy

Pour devenir patient partenaire ou en savoir davantage sur cette approche, on peut s’adresser à l’Université de Montréal au (514) 890-8000, poste 3-5493.

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