Hebdomadaire d'information
 
Volume 40 - numÉro 28 - 18 avril 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Prévenez les accidents de travail: dormez!

Le Comité de santé et de sécurité au travail reçoit Francine Therrien

Francine Therrien et Pierre Beaulne

Des études menées récemment aux États-Unis ont démontré que des employés avaient besoin de 8 à 12 heures de sommeil par jour pour récupérer après une journée de travail. Cette période est nécessaire non seulement pour donner son plein rendement au travail, mais aussi pour éviter les accidents qui surviennent dans l’exercice de ses fonctions.

C’est ce qu’a révélé Francine Therrien, kinésiologue et conseillère en organisation pour la firme Optimum SST, au cours d’une conférence donnée le 5 avril à l’amphithéâtre Ernest-Cormier. «Un accident arrive le plus souvent à cause d’une mauvaise évaluation des risques, de l’inattention ou dans un souci d’économie de temps ou d’énergie», a-t-elle expliqué aux quelque 150 membres du Syndicat des employé-es de soutien de l’Université de Montréal qui avaient répondu à l’invitation du Comité paritaire de santé et sécurité au travail pour cette conférence annuelle.

Pour illustrer ses propos, elle a cité les mésaventures de trois personnes qui se sont blessées ces derniers mois. Michel, qui souffre de douleurs chroniques à la colonne vertébrale, s’est fait mal au dos en soulevant une boite; Claudette s’est tordu une cheville en montant l’escalier; et Jacques, trop pressé de rentrer chez lui, a eu un accident de voiture. L’accident en apparence banal aurait pu avoir de fâcheuses conséquences. Claudette a frôlé la dépression: obligée d’utiliser des béquilles à cause de sa foulure, elle a rapidement engraissé, et son image d’elle-même en a souffert.

Ces trois incidents auraient pu être évités si Michel, Claudette et Jacques avaient eu une «pensée sécuritaire», selon l’expression de Mme Therrien. On évite les mauvaises surprises lorsqu’on adopte des comportements prudents. Or, en plus du sommeil, l’alimentation et l’exercice sont des facteurs importants à considérer. «Si vous voulez réduire les risques de blessures, il vous faut donc bien manger, bien bouger et bien dormir», a dit Mme Therrien, une spécialiste de la biomécanique occupationnelle qui termine un doctorat en sciences cliniques.

Bilan encourageant

Depuis 15 ans, l’Université de Montréal affiche un bilan de plus en plus rassurant en matière d’accidents de travail. Pierre Beaulne, conseiller en prévention à la Direction des immeubles, rapporte que moins de 50 accidents ont été déclarés durant la dernière année. «C’est cinq fois moins qu’en 1990, quand je suis arrivé en poste.»

Cette année-là, on avait calculé plus de 3000 jours de travail perdus à cause d’accidents. Les dernières statistiques font état de moins de 650 jours perdus par année. «Il reste encore du pain sur la planche, notamment pour prévenir les problèmes de surdité dans le cas des employés qui travaillent dans des milieux bruyants. Mais les choses s’améliorent.»

On sait, par exemple, que 20% des accidents causent 80% de la somme des jours perdus. Il se produit donc encore trop d’accidents graves. Avec ses collègues, le conseiller s’est attaqué de façon prioritaire aux risques d’accidents mortels. Bien qu’aucun employé de l’UdeM n’ait subi ce genre d’accident depuis 15 ans, M. Beaulne raconte qu’un employé d’une firme privée a fait une chute fatale du toit du pavillon Marie-Victorin il y a plusieurs années. Mais la prudence est de mise et il ne faut pas attendre les décès pour agir. «Avec plus de 1000 laboratoires sur le campus, le risque existe», souligne-t-il.

Au cours des dernières années, on a beaucoup réduit le nombre de blessures au dos et aux pieds. Au Service de polycopie, où circulent annuellement plus de 20 millions de feuilles de papier dans plus de 4000 boites, on signalait il y a 15 ans 385 jours perdus à cause d’incidents liés au transport de cette marchandise. Aujourd’hui, on n’en compte plus qu’un ou deux chaque année. Quant aux blessures aux pieds, elles survenaient le plus souvent chez des employés de l’hôpital vétérinaire de Saint-Hyacinthe. On a presque fait disparaitre ce problème en chaussant mieux les employés et en modifiant certaines pratiques.

Bonnes réactions

Même si Pierre Beaulne se consacre à la prévention des accidents de travail depuis longtemps (il a mené 8500 enquêtes en 15 ans), il a «appris des choses» à la conférence de Mme Therrien. Quoi donc? «L’importance du sommeil, répond-il. Je la sous-estimais.»

Pour Pierrette Fournel, coprésidente du Comité paritaire de santé et sécurité au travail avec Hélène Laliberté, cette conférence a permis à l’auditoire de revoir les grandes lignes d’un comportement sécuritaire. «Mme Therrien s’exprime dans un langage accessible et imagé. C’est toujours important de se faire rappeler les grands principes de la prévention.»

Yolaine Beaulieu, animatrice de la rencontre, a mentionné que, pour la première fois, le Comité paritaire avait choisi de tenir des stands dans le Hall d’honneur afin que les participants puissent en apprendre davantage sur la prévention des accidents de travail. Une douzaine de bénévoles ont poussé à la roue.

Mathieu-Robert Sauvé

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