Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 1 - 28 août 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Plusieurs réfugiés libanais sont admis à l’UdeM

Jean Fadel

Entre 70 et 75 ressortissants libanais pourraient être admis à l’Université de Montréal dans le cadre du programme d’accueil spécialement mis en place à leur intention à la suite de la guerre entre le Liban et Israël. Ces mesures visent à aider les étudiants dont les universités ne peuvent plus fonctionner normalement parce qu’elles ont été littéralement transformées en camps de réfugiés et parce qu’une partie importante de leur personnel est en exil.

Parmi les mesures spéciales, un programme d’échanges permet aux étudiants déjà inscrits à l’Université libanaise ou à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth de suivre des cours pendant un trimestre à l’UdeM.

«À la demande des établissements universitaires du Liban, ce programme est limité à un trimestre», précise Yves Guay, conseiller à la Direction des relations internationales. Ces étudiants sont donc reçus sur le campus pour suivre des cours liés à leur domaine d’études et non pour s’inscrire à un programme.

Au moment de mettre sous presse, une cinquantaine d’étudiants arrivés à Montréal avec les contingents de réfugiés canadiens rapatriés par le Canada les premières semaines du conflit s’étaient montrés intéressés par cette offre. Plusieurs d’entre eux étaient malheureusement inscrits dans des programmes qui sont ici contingentés, mais, selon Yves Guay, la moitié aurait des chances raisonnables de poursuivre leurs études.

Les mesures spéciales incluent en outre une prolongation de la période d’admission dans certains programmes non contingentés. Les personnes touchées par le conflit peuvent de la sorte s’y inscrire même si la date de clôture normalement prévue était le 1er juin. M. Guay s’attend donc à ce que des étudiants refusés à cause des contingentements fassent une demande dans un autre programme puisque la plupart ont exprimé le désir de s’établir définitivement à Montréal.

Cette prolongation de la période d’admission s’adresse également aux étudiants qui n’étaient pas déjà admis à l’une des deux universités libanaises et qui peuvent donc s’inscrire à un programme de l’UdeM.

En date du 23 août, 58 demandes d’admission avaient été reçues grâce à cette disposition et 52 avaient été acceptées, les autres étant encore en traitement. La plupart visent des programmes de premier cycle de la Faculté des arts et des sciences. Selon Raymond Belzil, responsable des communications au Registrariat, d’autres demandes seraient déposées.

La chance d’être citoyen canadien

Forum a rencontré deux de ces étudiants, qui ont bien voulu nous livrer leur témoignage.

Mohamad Gebai vivait à Aytit, un petit village près de Cana, dans le sud du Liban, lorsque la guerre a éclaté. Il s’en est fallu de peu que lui et sa famille soient au nombre des victimes puisqu’il a réussi à quitter son village, avec sa mère et ses deux frères, juste avant qu’il soit bombardé en même temps que Cana. On se souvient que ce raid a fait près d’une soixantaine de morts parmi les civils.

«Mon père était déjà à Montréal, où il travaille dans le commerce des vêtements, et nous avions prévu de venir nous installer ici avant le conflit, raconte-t-il. Nous avions même nos billets d’avion en main. Notre départ a été retardé parce que l’aéroport a été endommagé, mais nous avons tout de même pu partir sains et saufs.»

D’autres membres de sa famille n’ont pas eu cette chance. «Des oncles et des cousins ont fui vers la Syrie et la route qu’ils empruntaient a été bombardée. Malgré l’état de choc, ils ont réussi à atteindre la Syrie, d’où ils ont cherché à immigrer au Canada.» Hélas, la délivrance de visas a été suspendue pour donner la priorité au rapatriement des citoyens canadiens. On leur a dit qu’ils pouvaient faire une demande d’immigration, mais que cinq ans d’attente seraient peut-être nécessaires avant de recevoir un visa!

Situation chaotique

Jean Fadel, un autre jeune Libano-Canadien, est arrivé dans la métropole avec sa mère, sa sœur et son frère par les services de rapatriement mis en place par le gouvernement canadien. Il a donc connu l’évacuation par bateau jusqu’à Chypre, avant de prendre l’avion pour Toronto et ensuite le train jusqu’à Montréal.

Originaire de la province du Mont-Liban – une zone centrale du pays qui entoure Beyrouth –, Jean a connu les bombardements qui ont détruit les infrastructures du pays, soit le port, l’aéroport, les tours de communication et les ponts. «Il n’y avait plus d’électricité, les denrées de base comme la farine manquaient, l’essence et tous les autres produits étaient devenus très chers», relate-t-il.

Heureusement pour lui, une de ses tantes vit à Montréal et il possède la citoyenneté canadienne. «J’étais déjà venu à quelques reprises à Montréal, la première fois à l’âge de un an. J’ai aussi vécu ici de 1990 à 1996», souligne l’étudiant.

Le jeune étudiant pense régulièrement à ses amis restés au Liban. «Je les appelle souvent et personne là-bas ne sait ce qui va arriver; tout est désorganisé. Je pense à eux, mais il faut aussi que je poursuive mes études.»

Malgré l’épreuve, Jean est optimiste quant à l’avenir de son pays. «Il n’y a pas eu de vraie démocratie depuis des années, mais je garde espoir», indique-t-il.

Comme Mohamad, il compte s’établir de façon définitive au Canada au terme de ses études en génie mécanique, qu’il entame cette semaine.

Daniel Baril

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