Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 4 - 18 septembre 2006
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 Archives de Forum

capsule science

Un poulain issu du croisement cheval-orignal est-il pensable?

La nouvelle ne s’est pas rendue à Montréal, mais a fait beaucoup parlé en Gaspésie et à Québec l’été dernier. Un propriétaire de chevaux résidant près de Paspébiac, sur les rives de la baie des Chaleurs, soutient qu’une de ses juments a donné naissance à un poulain issu d’un accouplement avec un orignal!

Ce qui pourrait être une bonne blague a suffisamment intrigué des biologistes et des vétérinaires de la région pour qu’ils commandent des analyses génétiques à des chercheurs de la Faculté de médecine vétérinaire.

L’animal en question se distingue des poulains normaux par certaines caractéristiques qui, aux yeux du propriétaire, le rapprochent de l’orignal: il est haut sur ses pattes, ses oreilles sont longues et poilues, son museau est plus courbé que celui du cheval et il aurait deux petites bosses sur la tête préfigurant un panache.

De plus, la gestation chez la jument est de 11 mois et le propriétaire affirme, preuves à l’appui, avoir fait castrer ses deux seuls étalons 12 mois avant la naissance, en mai dernier, du poulain aux allures singulières.

Des choses qui arrivent, mais…

Selon Denis Vaillancourt, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire, des accouplements entre orignaux et juments, entre taureaux et juments et même entre bisons et vaches ont déjà été observés. «Ces choses peuvent arriver en milieu naturel lorsque des femelles sont particulièrement réceptives, dit-il. Des expériences ont aussi été menées entre chevaux et zèbres en captivité. Mais aucune naissance viable n’a jamais résulté de ces croisements. S’il y a fécondation, des anomalies font que la gestation ne se rend pas à terme.»

Dans le cas qui nous occupe, le professeur estime que «la probabilité que le poulain soit issu d’un croisement entre un orignal et une jument est presque nulle à cause de l’incompatibilité physiologique et chromosomique entre les deux espèces, qui ne sont même pas de la même famille».

À son avis, une grossesse qui aurait duré 12 mois est tout à fait possible. «La gestation est habituellement de 340 jours, mais cette durée est très variable», indique-t-il.

D’autres vétérinaires ont par ailleurs souligné que les caractéristiques inhabituelles du poulain pouvaient être dues à de simples malformations.

De plus, le fait que l’accouplement a eu lieu en mai ou en juillet diminue encore davantage les chances qu’un orignal soit le géniteur. «La période de reproduction de l’orignal est en septembre, précise Denis Vaillancourt. En dehors de cette période, le mâle est pour ainsi dire stérile.»

Pour le professeur, le cas de la baie des Chaleurs représente une curiosité, sans plus. Son collègue David Silverside, du Centre de recherche en reproduction animale de la Faculté de médecine vétérinaire, a toutefois entrepris des analyses génétiques à la demande du propriétaire, mais ne veut faire aucune déclaration aux médias avant d’avoir livré ses résultats à son client.

Pour l’instant, les probabilités d’un croisement entre les deux espèces sont de une contre un million, mais sait-on jamais…

Daniel Baril

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