Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 5 - 25 septembre 2006
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 Archives de Forum

parlons des personnes...

«Ma vie a commencé ici»

«J’ai un travail qui m’assure la sécurité et me permet plusieurs petits bonheurs», dit Fernanda de Morais Nogueira.

«Ah, Fernanda! dit Clarence Boudreault, qui est cuisinier Chez Valère. C’est tellement agréable de travailler avec elle! Elle est patiente et toujours de bonne humeur.»

Fernanda de Morais Nogueira est caissière à la cafétéria de l’Université. Lorsque vous arrivez à son comptoir, elle vous salue, énonce le prix de vos achats qui s’affiche en même temps juste devant vos yeux. Puis, elle compte la somme que vous lui avez remise, vous rend la monnaie avec le sourire et vous souhaite une bonne journée. Tout cela se fait rapidement, aucune seconde n’est gaspillée!

Mme de Morais Nogueira a été engagée par les Services alimentaires en 1985. Voilà plus de 20 ans que, chaque jour, de 11 h 30 à 19 h 30, elle accomplit ce travail. «J’aime être avec le public, indique la caissière avec son accent chantant. Ici, la majorité des gens sont gentils et courtois.» À l’occasion de la rentrée, elle voit avec bonheur le campus s’animer de nouveau.

Originaire de Mont Alegre, un petit village du nord du Portugal, elle a immigré au Québec à l’âge de 21 ans. «Ma vie a commencé ici», souligne Fernanda de Morais Nogueira. Débarquée en novembre 1971, alors que l’automne était plus froid que d’habitude, elle a eu envie de repartir en songeant à l’hiver qui approchait. Cela n’a duré qu’un bref moment.

Très rapidement, elle tombe sous le charme de son pays d’adoption. L’année suivante, elle se marie avec un Portugais d’origine, un concierge de métier employé par une école primaire de Montréal. Le couple élève trois enfants: un garçon, aujourd’hui ingénieur chez Pratt & Whitney, et deux jumelles. L’une fait du théâtre alors que l’autre travaille au ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. Complètement intégrée à la société québécoise, la famille De Morais Nogueira reste toutefois fidèle à certaines traditions. «À la maison, on a toujours parlé portugais pour que la langue ne se perde pas, affirme la caissière. Et si les jeunes aiment les hamburgers et la pizza, ils ont aussi un faible pour la morue épicée, un plat typiquement de chez nous.»

Depuis qu’elle s’est installée au Canada, il y a 35 ans, Mme de Morais Nogueira perpétue une autre tradition: le jardinage. «J’ai des tomates grosses comme ça! lance fièrement cette femme chaleureuse et pleine de vie. L’été, je suis tout le temps dans ma cour.» Sur son lopin de terre fleuri situé dans le quartier Nouveau-Rosemont, elle se promène comme un seigneur sur ses terres, en palpant ses beaux légumes. Ils feront le bonheur des amateurs de soupe.

Mme de Morais Nogueira est une épicurienne qui aime la bonne chère et les plaisirs simples: crocheter en regardant une émission de télévision, cuisiner, manger avec des amis, discuter avec ses enfants... Son travail, qui lui procure la sécurité, lui permet de profiter de ces petits bonheurs. «C’est ce qui est le plus important», estime-t-elle.

Dominique Nancy

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