Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 6 - 2 octobre 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Les calories aggravent le risque de cancer du sein

Les femmes à risque devraient éviter tout gain de poids après la ménopause

André Nkondjock

Au cours des dernières années, plusieurs études épidémiologiques ont montré le rôle que pouvait avoir l’alimentation sur la prévention ou le développement des cancers. Une nouvelle étude apporte une autre pierre à cet édifice en mettant en lumière l’effet des calories sur le cancer du sein chez les femmes génétiquement prédisposées à ce cancer.

Dans la population en général, l’alcool était jusqu’ici le seul nutriment associé à une hausse du risque de cancer du sein; la consommation d’une boisson alcoolisée par jour augmente de 7% le risque d’être atteint de ce cancer. En revanche, une heure d’activité physique par semaine diminue le risque de 3% et l’activité physique régulière, surtout à l’adolescence et au début de l’âge adulte, abaisse ce risque de 20%.

La nouvelle étude, réalisée par une équipe de l’Unité de recherche en épidémiologie et du Département de chirurgie de l’Hôtel-Dieu (CHUM) auprès de Québécoises francophones, a cherché à mesurer les effets de l’alimentation et de l’exercice chez les femmes porteuses de mutations sur l’un ou l’autre des deux gènes BRCA, mutations qui prédisposent au cancer du sein.

Les gras au banc des accusés

Pour ces femmes, le risque global de souffrir d’un cancer du sein est de 87% quand elles atteignent l’âge de 70 ans. L’étude a permis de découvrir que ce risque est proportionnel à l’apport d’énergie contenue dans l’alimentation: plus l’alimentation est riche en gras et en calories, plus le risque est important.

Les chercheurs ont tenu compte de toutes les sources d’énergie, les principales étant les lipides, les glucides, les protéines, les sucres et l’alcool. L’absorption de plus de 2339 kilocalories (kcal) par jour accroit de 2,7 fois le risque de développer un cancer du sein comparativement à une absorption se situant entre 1724 et 2339 kcal. À titre indicatif, 1 gr de protéines ou de glucides équivaut à 4 kcal, 1 gr d’alcool à 7 kcal et 1 gr de lipides à 9 kcal.

Qui dit calories dit gain de poids. Chez les femmes qui, après l’âge de 18 ans, enregistrent un gain de poids de plus de 16 kg, le risque est de 4,6 fois plus grand que chez les femmes qui auraient pris moins de 5,5 kg après 18 ans. Le risque demeure 4 fois plus élevé si le gain de poids survient après 30 ans.

 

«L’obésité ou un indice de masse corporelle élevé ont toujours été considérés comme un facteur de risque pour les cancers, mais ces résultats sont plus hauts que ce qu’on observe dans l’ensemble de la population», estime André Nkondjock, chercheur adjoint au Département de nutrition et principal auteur de l’étude publiée dans le Breast Cancer Research and Treatment.

L’étude révèle une autre donnée étonnante: quel que soit le nombre de kilos, l’âge où est enregistré le maximum de poids au cours de la vie a une incidence sur le risque de souffrir d’un cancer du sein. Si le poids le plus grand est atteint après 43 ans, le risque est trois plus important que si le poids maximal est enregistré avant 34 ans. «Le facteur de l’âge est une donnée très robuste de cette étude», affirme M. Nkondjock.

Ceci met en évidence l’importance de perdre du poids après la ménopause. Selon les chercheurs, le risque plus haut lié à l’obésité après la ménopause serait dû à l’interaction particulière entre les gras et les œstrogènes à partir de ce moment. «Soit que le type d’œstrogènes produits après la ménopause sont plus néfastes, soit que les tissus adipeux ont un effet accru sur la production et la circulation des œstrogènes après la ménopause», précise André Nkondjock.

Fait troublant, l’étude a en outre montré que la dépense d’énergie entrainée par l’activité physique n’atténue en rien le risque de cancer chez les femmes porteuses de mutations. «L’apport d’énergie fait son effet indépendamment de la dépense énergétique subséquente», signale le chercheur.

Tout indique que la seule mesure préventive pour ces femmes est de limiter l’apport des calories.

En plus d’André Nkondjock, les auteurs de cette étude sont André Robidoux, Y. Paredes et Parviz Ghadirian, tous rattachés à l’UdeM, et S.A. Narod, de l’Université de Toronto.

Daniel Baril

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