Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 6 - 2 octobre 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Après un tsunami, un séisme ou un cyclone…

Le groupe de recherche IF et sa filiale i-Rec s’intéressent à la problématique de la reconstruction après les catastrophes naturelles

Colin Davidson, Gonzalo Lizarralde et Cassidy Johnson

Les médias l’ont à maintes reprises souligné après le tsunami du 26 décembre 2004: les raz-de-marée géants qui ont frappé les côtes de l’océan Indien ont provoqué l’une des catastrophes les plus colossales de l’histoire. Bilan de la tragédie humaine: 150 000 morts, 500 000 blessés, cinq millions de personnes déplacées…

«Si le même tsunami s’était produit dans l’océan Pacifique, le nombre de victimes aurait été beaucoup plus réduit», affirme Colin Davidson, professeur à l’École d’architecture et directeur du groupe de recherche IF (GRIF) de la Faculté de l’aménagement. «L’impact d’un séisme, d’un cyclone ou d’une inondation est très différent selon les pays touchés, renchérit son collègue Gonzalo Lizarralde, chargé de cours et chercheur associé au GRIF. Il dépend souvent des mesures préventives appliquées par les autorités.»

Selon MM. Davidson et Lizarralde, de meilleures stratégies de reconstruction à la suite des catastrophes naturelles sont plus que jamais indispensables. Cassidy Johnson, qui s’est intéressée dans son doctorat à la problématique des logements temporaires, partage cet avis. «Aucune région n’est épargnée, mais c’est dans les pays en voie de développement que les catastrophes naturelles provoquent les plus lourdes pertes en vies humaines», dit-elle. Une urbanisation incontrôlée, des communautés établies dans des zones à risque, un accroissement de la pauvreté et de plus grandes variations climatiques augmenteraient la vulnérabilité de ces pays.

Prenant le cas de la Turquie qui, au lendemain du tremblement de terre de 1999, a offert à la population dans le besoin près de 50 000 logements préfabriqués, elle déplore les approches stéréotypées en ce qui concerne la construction d’habitations après les catastrophes naturelles. «Souvent les programmes de prévention sont inadéquats et les approches ne contribuent pas au développement à long terme des communautés», précise son directeur de thèse. Selon le professeur Davidson, l’amélioration des programmes de reconstruction après les désastres ne peut avoir réellement d’effets que si l’on adopte une stratégie réfléchie. «Il faut éviter les solutions nées de paradigmes exclusifs comme l’autoconstruction ou la préfabrication à tout prix», estime-t-il.

C’est dans cette perspective que le GRIF concentre ses travaux sur les processus liés à la réalisation de projets d’aménagement. Présent dans plusieurs pays en développement, le groupe de recherche, qui fête cette année ses 30 ans, est considéré comme un pionnier dans le domaine de l’organisation de projets d’architecture.

Le 30e anniversaire du GRIF

«Au départ, raconte Colin Davidson, le GRIF s’est intéressé aux questions associées à l’innovation technologique, plus précisément à l’industrialisation de la construction. Cependant, il est vite apparu que le nœud du problème ne résidait pas dans la technique mais plutôt dans l’organisation. Le GRIF s’est donc penché sur les enjeux liés à l’élaboration et à la gestion de projets complexes.»

Ces maisons ont été construites par une ONG canadienne après le passage de l’ouragan Mitch à Choluteca, au Honduras, il y a cinq ans. Quatre ans plus tard, lorsque M. Lizarralde a pris ces photos, les familles avaient chacune donné une allure propre aux constructions.

Le nouvel axe de recherche adopté permet aujourd’hui d’envisager une année faste en activités de toutes sortes pour célébrer le 30e anniversaire du GRIF (voir la programmation sur le site www.GRIF.umontreal.ca).

C’est en effet en 1976 que le GRIF, dont l’acronyme est dérivé du nom de la revue Industrialisation Forum (une revue publiée de 1969 à 1979 et à l’origine du groupe), a été constitué par Colin Davidson. Mandaté par le vice-recteur Maurice L’Abbé, le professeur Davidson a incité des chercheurs tant européens que nord- et sud-américains à s’investir dans le GRIF. Dès le départ, le groupe s’est donc distingué par une ouverture sur le monde.

L’ex-doyen de l’École d’architecture s’en félicite puisque le GRIF s’appuie à présent sur un réseau d’environ 200 experts partout sur la planète. Le groupe de recherche, qui entretient des relations privilégiées avec plusieurs universités d’Europe et de pays nouvellement développés, est aussi très engagé dans l’enseignement et l’encadrement d’étudiants des cycles supérieurs, particulièrement ceux inscrits à la maitrise en montage et gestion de projets d’aménagement. Ce programme multidisciplinaire, offert en partenariat avec HEC Montréal, se fonde sur la vision du GRIF, pour qui il est important de monter et de gérer des projets d’aménagement dans une perspective de développement durable.

I-Rec

Il y a six ans, avec la venue des chercheurs Gonzalo Lizarralde et Cassidy Johnson, le GRIF a créé l’i-Rec (information et recherche pour la reconstruction), dont la mission est d’appliquer les connaissances acquises par le le groupe de recherche à la problématique de la reconstruction après les catastrophes naturelles, notamment dans les pays en voie de développement.

«Devenu un véritable réseau international, l’i-Rec permet d’établir des ponts entre les architectes, les chercheurs et les praticiens qui doivent gérer les urgences postcatastrophes, qu’il s’agisse des problèmes strictement associés à l’architecture ou de questions essentielles relevant des sciences humaines», fait valoir le professeur Davidson. Sur le site Web de l’i-Rec, on trouve d’ailleurs les notices biographiques des membres experts, une bibliographie évolutive, une banque d’études de cas ainsi que les comptes rendus des conférences bisannuelles auxquelles participent une centaine de spécialistes. On peut aussi y voir les projets d’architecture réalisés par des étudiants à l’occasion du concours international qui est lancé à chacune de ces rencontres.

Dominique Nancy

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