Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 7 - 10 octobre 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

L’effet du café varie selon les cycles circadiens

La caféine perturbe davantage le sommeil profond le jour

La consommation de café la nuit ddiminura la qualité du sommeil ultérieur.

Celui qui consomme du café la nuit pour lutter contre le sommeil verra son sommeil du lendemain davantage perturbé que celui qui en consomme le jour ou en soirée et qui dort la nuit. L’effet du café varie donc selon la période du cycle circadien.

On pouvait peut-être s’attendre à ce qu’il soit plus difficile de dormir le jour que la nuit, avec ou sans café, mais l’effet de cette boisson la plus consommée dans le monde n’avait jamais été mesuré en fonction des rythmes biologiques. C’est maintenant chose faite grâce à une recherche de Julie Carrier, professeure au Département de psychologie et chercheuse au Centre d’étude du sommeil et des rythmes biologiques de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal.

Sommeil lent profond écourté

«Nous savions déjà que le café influe de façon majeure sur le sommeil nocturne en retardant le moment de l’endormissement, en augmentant le nombre de réveils et en diminuant la durée du sommeil profond, explique la chercheuse. Nous avons maintenant démontré que les effets de la caféine sont encore plus grands lorsque le café est bu pendant la nuit, avant un sommeil de récupération diurne.»

Julie Carrier

L’équipe de Julie Carrier a évalué la qualité du sommeil diurne de 17 sujets privés de sommeil pendant la nuit et qui devaient prendre deux capsules de 100 gr de caféine; les données ont été comparées avec celles obtenues auprès de 17 autres personnes à qui l’on administrait la même dose de caféine le jour et qui dormaient la nuit. Un groupe témoin a également participé à l’étude et a reçu lui un placébo.

Comparés au groupe témoin, les deux groupes qui ont ingéré de la caféine ont pris plus de temps pour s’endormir. De plus, le sommeil de stade 1, qui suit immédiatement l’endormissement, a été prolongé au détriment des stades 2 et 4. Chacun des quatre stades se définit par un sommeil de plus en plus profond, le quatrième étant appelé le stade du sommeil lent profond. Après celui-ci, il en arrive normalement un cinquième, qui est celui du sommeil paradoxal, caractérisé par des mouvements rapides des yeux et par des rêves.

«C’est le sommeil lent profond qui est le plus récupérateur et c’est celui qui est le plus touché si le temps de sommeil est écourté par la caféine», précise Mme Carrier.

Effet doublé

L’étude a aussi montré que l’effet de la caféine sur le nombre de périodes d’éveil et leur durée doublait chez les sujets qui devaient dormir le jour afin de récupérer leur nuit blanche. Comme la durée du sommeil est moins longue, les périodes de sommeil lent profond sont réduites d’autant.

«De jour, notre horloge biologique, gérée par l’hypothalamus, nous envoie le message qu’il faut être éveillé, poursuit la chercheuse. Si nous voulons malgré tout dormir et que le sommeil profond est fragilisé par la caféine, notre organisme ne peut plus lutter contre l’horloge biologique, qui est court-circuitée par la caféine. C’est la première démonstration que la caféine a des répercussions différentes selon les phases du cycle circadien.»

Selon Julie Carrier, l’effet perturbateur de la caféine sur le sommeil serait dû au fait qu’elle bloque les récepteurs de l’adénosine. L’adénosine est un neuromodulateur qui influence les mécanismes du sommeil; en bloquant ces récepteurs, la caféine empêcherait la personne de s’abandonner au sommeil lent profond.

«On dit souvent que le café procure les mêmes avantages que la sieste à ceux qui doivent demeurer éveillés la nuit, mais on oublie alors de parler du prix à payer, déplore le chercheuse. Le prix à payer, c’est la perte de la qualité du sommeil récupérateur.»

Si l’effet de la caféine est doublé chez les oiseaux de nuit, il ne faut pas croire qu’elle est inoffensive lorsqu’elle est consommée de jour. «Son effet maximal survient entre 30 minutes et une heure après l’ingestion, mais sa demi-vie est de quatre heures et demie», souligne Julie Carrier. Ce qui veut dire qu’un café consommé à 13 h pourra encore se faire sentir au-delà de 22 h.

Daniel Baril

Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.