Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 8 - 16 octobre 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Prix de l’ACFAS : une année exceptionnelle

Près de la moitié des 20 prix vont à des chercheurs et à des étudiants de l’Université de Montréal

De gauche à droite, André Charette, Daniel Weinstock, Michel Bouvier et Louise Nadeau

L’Université de Montréal est montée neuf fois sur le podium au gala de la remise des prix de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS), qui se tenait le 12 octobre à Montréal.

Prix Urgel-Archambault

Le prix Urgel-Archambault, décerné pour des travaux de recherche en sciences physiques, mathématiques, informatique et génie, est allé à André Charette, professeur au Département de chimie.

André Charette est reconnu internationalement pour ses travaux en chimie organique de synthèse, soit la production sur mesure de composés à base de carbone. Inventeur de techniques très efficaces permettant de constituer des molécules de formes et de caractéristiques très précises, il est considéré comme un des chimistes les plus créatifs et les plus prolifiques au Canada.

Avec son équipe composée d’environ 25 chercheurs, il travaille à l’élaboration de méthodes de synthèse de composés organiques par le contrôle rigoureux de leur architecture tridimensionnelle. Une de ses contributions majeures a trait aux réactions de cyclopropanation asymétrique des alcènes, tels l’éthylène et le butène. En fait, la «cyclopropanation asymétrique de Charette» des alcools allyliques est désormais une méthode couramment utilisée par les chercheurs en chimie de synthèse partout dans le monde.

Prix André-Laurendeau

Le prix André-Laurendeau, en sciences humaines, créé en l’honneur de l’éditorialiste reconnu et humaniste remarquable, a été remis au professeur Daniel Weinstock, du Département de philosophie.

Du multiculturalisme aux droits linguistiques en passant par la justice distributive et la sécession des États, l’œuvre du philosophe Daniel Weinstock est variée et profondément ancrée dans la réalité du monde contemporain. Les travaux du chercheur ont eu des répercussions du côté du champ philosophique tant francophone qu’anglophone. Au Québec et en France, il a contribué à l’essor d’une pensée libérale dans l’esprit du philosophe américain John Rawls.

Dans ses travaux sur le rapport entre la culture, l’identité et la justice, Daniel Weinstock a fait valoir que les identités culturelles ne sont pas des données brutes, mais plutôt des réactions stratégiques souvent rationnelles, répondant, entre autres, aux diverses mesures incitatives qu’engendre le statut de minorité. Les identités sont des variables dépendantes, relatives et contextuelles.

Daniel Weinstock n’est pas seulement un universitaire réputé, il a aussi contribué à rendre la philosophie politique «utile» aux travaux des décideurs publics. Parmi les exemples les plus éloquents de cet engagement, on peut citer sa participation au Groupe de travail sur la place de la religion à l’école publique, qui a donné lieu au rapport Proulx en 1999.

Prix Léo-Pariseau

Le prix Léo-Pariseau vise à souligner le travail d’une personne dans le secteur des sciences biologiques ou des sciences de la santé. Il a été accordé cette année à Michel Bouvier, professeur au Département de biochimie.

Dès son arrivée à l’Université de Montréal en 1989, Michel Bouvier lance un programme de recherche pour élucider les mécanismes moléculaires qui contrôlent la signalisation cellulaire. Il centre alors ses efforts sur l’étude des récepteurs couplés aux protéines G (RCPG), une famille de récepteurs répartis sur la membrane des cellules jouant un rôle crucial dans la communication cellulaire.

Aujourd’hui reconnus à l’échelle internationale, les travaux de Michel Bouvier ont permis d’accroitre les connaissances sur les mécanismes moléculaires à la base des phénomènes de tolérance et de désensibilisation qui limitent l’efficacité de plusieurs médicaments. Il a, par exemple, décrit une nouvelle classe de composés pharmacologiques, les agonistes inverses, qui inhibent l’activité spontanée des RCPG. De plus, ses travaux sur les «chaperons pharmacologiques», composés grâce auxquels les récepteurs ayant une anomalie de structure retrouvent leur activité normale, ont mené à la mise au point d’approches thérapeutiques pour certaines maladies génétiques.

Ces avancées fondamentales et appliquées ont aussi été accompagnées d’innovations méthodologiques. En effet, Michel Bouvier est un des pionniers dans l’utilisation des techniques de transfert d’énergie de résonance de bioluminescence et de fluorescence pour l’étude des interactions protéine-protéine dans des cellules vivantes.

Prix Marcel-Vincent

Le prix Marcel-Vincent, qui couronne des travaux en sciences sociales, est allé à Louise Nadeau, professeure au Département de psychologie.

De haut en bas,

Valérie Mongrain, Philippe Gauthier, Jacques Forest, Nathalie Charbonneau et Stéphanie Pellerin

Depuis le début de sa carrière, Louise Nadeau s’intéresse au phénomène de la toxicomanie chez les femmes. Elle a réussi à attirer l’attention sur ce domaine jusqu’alors très peu exploré non seulement au Québec, mais ailleurs dans le monde.

Ses travaux ont, notamment, contribué à l’émergence d’un regard axé sur la compréhension plutôt que sur le blâme: le modèle moral doit céder le pas à une interprétation scientifique basée sur l’étude des interactions entre les déterminants neurobiologiques, psychologiques et socioéconomiques de la toxicomanie. Cette approche systémique aurait une incidence directe sur la qualité et l’efficacité des interventions. Louise Nadeau a écrit ou coécrit plusieurs ouvrages qui sont devenus des références incontournables, dont Vivre avec l’alcool et Va te faire soigner, t’es malade.

Sa contribution à l’élaboration de meilleures politiques publiques en matière de toxicomanie est significative. Elle a, entre autres, été présidente du Comité permanent de lutte contre la toxicomanie du gouvernement du Québec, a participé au Forum national sur la santé et a siégé au conseil d’administration des Instituts de recherche en santé du Canada, dont elle fut la vice-présidente. Cela fait maintenant 15 ans que Louise Nadeau est chercheuse principale au Groupe de recherche et interventions sur les substances psychoactives.

Prix Bernard-Belleau

Le prix Bernard-Belleau souligne l’excellence du dossier scolaire et la qualité du projet de doctorat d’un étudiant dans le domaine de la santé ou des produits pharmaceutiques. Cette année, le prix revient à Valérie Mongrain, du Département de sciences neurologiques.

Valérie Mongrain s’intéresse à la chronobiologie humaine, plus particulièrement aux interactions entre les mécanismes homéostatiques et les rythmes circadiens. Dans son projet de recherche, la lauréate entend comparer deux groupes de sujets: ceux de chronotype matinal – qui se couchent et se lèvent tôt – et ceux de chronotype vespéral, soit ceux qui se couchent et se lèvent tard.

Prix Desjardins d’excellence

Le prix Desjardins d’excellence pour étudiant-chercheur destiné à un étudiant à la maitrise est décerné à Philippe Gauthier, du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques. Dans son projet de recherche, il étudie des configurations de l’alternance dans les pratiques du montage aux premiers temps du cinéma. L’alternance est un procédé permettant de voir des évènements qui se produisent dans un même temps mais dans des espaces différents. En cartographiant le contexte d’émergence du «montage alternant», Philippe Gauthier espère ultimement mieux comprendre en quoi cette figure est devenue l’enjeu majeur du processus d’institutionnalisation du cinéma.

Vulgarisation scientifique

Trois autres chercheurs ont également remporté des prix de vulgarisation scientifique pour des articles traitant de leurs travaux.

Jacques Forest, doctorant au Département de psychologie, a remporté l’un de ces prix pour son article «Si le travail est plaisir, la vie sera joie». Dans la lignée de sa thèse en psychologie positive, il illustre dans cet article comment les attitudes positives ont des effets très notables sur l’amélioration de notre bien-être cognitif, émotif et physique, ce qui conduit le sujet à être plus créatif, plus résilient et moins sujet aux crises cardiaques.

Un deuxième prix de vulgarisation est allé à Nathalie Charbonneau, doctorante à la Faculté de l’aménagement, pour son article «Le site archéologique de Karnak: un gigantesque casse-tête». La chercheuse nous emmène au pays des pharaons en compagnie d’archéologues d’un genre nouveau qui préfèrent la souris de leur ordinateur à la truelle pour remonter des temples entiers.

Stéphanie Pellerin, chercheuse à l’Institut de recherche en biologie végétale, a remporté le troisième prix de vulgarisation scientifique. Son article «Les tourbières… des archives à la dérive» sonne l’alarme sur la disparition de ces milieux humides qui ont été fortement perturbés depuis 200 ans par les activités humaines.

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