Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 9 - 30 octobre 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Ader Aimable, un dur au cœur tendre

Pour l’étudiant, les joies du football dépassent la simple compétition. Le travail collectif crée en effet une solidarité unique

image sport

Ader Aimable

Avec ses 5 pieds 9 pouces et ses 215 livres, le secondeur Ader Aimable n’a pas le physique le plus imposant sur un terrain de football. Cela ne l’empêche toutefois pas d’être reconnu pour sa robustesse et ses plaqués qui font mal à l’adversaire. En dehors du terrain cependant, il est tout, sauf un dur.

Âgé de 26 ans, Ader Aimable est le benjamin d’une famille de trois enfants. Ses parents, haïtiens, se sont installés à Montréal il y a un peu plus de 32 ans. Il a grandi dans un milieu où les liens sont tissés serrés et où le mot «solidarité» fait partie du quotidien.

C’est d’ailleurs l’esprit d’équipe qui l’a marqué dès qu’il a commencé à jouer au football en cinquième secondaire à l’école Jean-Grou de Rivière-des-Prairies. «Pour moi, le football,c’est le sport d’équipe, déclare-t-il. Personne ne quitte le terrain quand il y a une pénalité, c’est plutôt tout le monde qui recule de 5, 10 ou 15 verges.»

«C’est un travail collectif de tous les instants. Tu vis des choses que tu peux partager seulement avec tes coéquipiers qui te comprennent, car ils vivent les mêmes choses que toi, poursuit-il. Ça va au-delà de la compétition.»

Un cadet hors de l’ordinaire
De 12 à 18 ans, ce n’est pas dans le football qu’il met son énergie mais bien dans sa vie de cadet. Organisation de marches, nettoyage de rives, apprentissage du tir, tout y passe en plus de nombreuses tâches communautaires évidemment.

Des années où il se démarquera comme le démontrent les honneurs qu’il a reçus au cours de cette période: médaille de la Légion royale canadienne pour services rendus à la communauté et médaille Lord Stratcona, la plus haute décoration civile qui puisse être remise à un cadet.

Interrogé sur son jeu physique, Ader Aimable y voit un mélange de sacrifices à faire et de qualités athlétiques à développer.

«Frapper, ça fait tout simplement partie du jeu et de mes points forts comme joueur, explique-t-il. Chacun a ses qualités et doit les utiliser au maximum pour le bien de l’équipe, car nous visons tous le même but.

«Il ne faut toutefois pas oublier que le football n’est pas qu’un sport de contact. J’aime beaucoup l’aspect stratégique de ce sport, qui peut se comparer à un gros jeu d’échecs», une activité à laquelle il s’adonne d’ailleurs depuis plusieurs années.

À la croisée des chemins
Étudiant en gestion à HEC Montréal, Ader Aimable s’oriente plus particulièrement vers les aspects technologiques liés au milieu des affaires. Il commence tranquillement à penser à ce qu’il fera après sa carrière de footballeur, lui qui en est à sa dernière saison avec les Carabins.

«Il va me rester six cours à suivre après le trimestre d’automne actuel, alors je crois bien que je terminerai mes études l’automne prochain. Cet été, j’aimerais faire un long voyage, probablement en Amérique du Sud.»

Il faut dire que, après toutes ces années consacrées à la vie de cadet et au sport, l’étudiant serait heureux de prendre un certain recul pour mieux envisager son avenir. À moins qu’une équipe de la Ligue canadienne de football ne lui fasse signe.

«Si jamais je suis repêché, je verrai ça en temps et lieu. Je ne me crée pas d’attentes et je ne sais pas si j’accepterais d’aller jouer n’importe où au pays. Je ne pense pas que je voudrais m’éloigner de ma famille.»

Et Haïti? «Je n’y suis jamais allé encore, mais je souhaiterais visiter un jour le pays de mes ancêtres. Il faudrait toutefois que ce soit avec mes parents pour qu’ils puissent me le présenter, je ne voudrais pas m’y rendre en touriste.»

Quoi qu’il lui arrive sur le plan professionnel, Ader Aimable est certain d’une chose: d’ici environ quatre ans, il aimerait avoir commencé à fonder sa famille à lui.

«C’est toujours bien d’avoir une famille de deux ou trois enfants, dit-il. Ça me permettrait aussi de leur faire vivre un peu ce que moi j’ai vécu avec mes sœurs.»

Benoit Mongeon
Collaboration spéciale


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