Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 10 - 6 NOVEMBRE 2006
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

15 % plus de médecins s’installent en Mauricie.

Le Centre de formation médicale décentralisée exerce un indéniable attrait sur les médecins dans cette région

Les régions ont souvent de la difficulté à attirer des médecins. En Mauricie, l’affiliation universitaire a eu des effets positifs et le nombre de médecins est en hausse.

Depuis que la Faculté de médecine de l’Université de Montréal a ouvert son centre de formation médicale décentralisée en Mauricie, en collaboration avec l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), le nombre de médecins a connu une hausse de 15 % dans les deux principaux hôpitaux engagés dans le projet, soit le Centre hospitalier régional de Trois-Rivières (CHRTR) et le Centre de santé et de services sociaux de l’énergie (CSSSE), à Shawinigan. Au total, les médecins sont passés de quelque 400 en 2003 à environ 460 en 2006.

«Ce n’est pas le seul facteur, mais je crois que nos hôpitaux sont plus attirants pour les jeunes médecins depuis que nous avons une affiliation universitaire», explique, au cours d’une entrevue téléphonique de Trois-Rivières, le Dr Pierre Gagné. Vice-doyen adjoint, il a été nommé responsable de l’implantation de ce projet qui a vu le jour en 2003, à l’initiative du vice-doyen aux études médicales de premier cycle de la Faculté, le Dr Raymond Lalande.

Selon le responsable du Centre de formation médicale décentralisée en Mauricie, les 32 nouveaux étudiants qui entrent dans le programme chaque année (dont le quart viennent de cette région) auront de meilleures chances de faire carrière en région s’ils y ont reçu leur formation. D’autant plus que le programme a subi avec succès, le printemps dernier, l’évaluation du Liaison Committee on Medical Education, un comité canado-américain qui voit à la qualité des programmes médicaux du continent. «Le rapport souligne l’excellence de notre programme et la collaboration exceptionnelle entre les deux universités», commente le vice-doyen adjoint.

De façon à répondre au besoin d’espace pour l’enseignement clinique, des investissements substantiels seront consacrés à l’aménagement des locaux. Alors qu’à Shawinigan un immeuble est déjà en construction, le CHRTR annonce qu’il comptera un pavillon additionnel comprenant 12 salles de classe, un amphithéâtre, une bibliothèque, un centre d’habiletés cliniques, un local pour étudiants et un centre de services aux étudiants. Juxtaposé au pavillon G, l’immeuble de 3440 m2 coutera 11 M$, dont 1 M$ provient de la Fondation du Centre hospitalier. À cela s’ajoutera la mise à jour des structures du CHRTR pour accueillir les étudiants dans le milieu hospitalier. L’inauguration de ces installations est prévue respectivement pour les mois de mai 2008 et aout 2007.

Comme sur des roulettes
Arrivée en 2004, la cohorte initiale en est actuellement à la deuxième année du programme de médecine, mais à la troisième si l’on inclut l’année préparatoire (appelée «prémed» et qui se déroule entièrement à l’UQTR). Les nouveaux locaux seront donc prêts pour l’externat des apprentis médecins, en troisième et en quatrième année. «C’est le gros défi que nous nous apprêtons à relever», mentionne le Dr Gagné, lui-même spécialiste de la médecine nucléaire.

 

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Le Dr Pierre Gagné devant un des hôpitaux du Centre de formation médicale décentralisée en Mauricie, le Centre hospitalier régional de Trois-Rivières

Si le programme de la Mauricie est unique au Québec, il est notamment inspiré d’un programme qui fonctionne très bien depuis trois décennies sur la côte ouest américaine: les médecins des États de l’Idaho, du Wyoming, de l’Alaska, du Montana et de Washington sont tous formés par des professeurs de l’Université de Washington, à Seattle. Mais la faculté de l’UdeM a aussi été influencée par un projet similaire de l’Université de la Colombie- Britannique, qui a ouvert, également en 2004, deux campus régionaux, l’un à Victoria et l’autre à Prince George, dans le nord de la province.

L’originalité du programme de l’UdeM tient au fait que les étudiants suivent leur formation dans son intégralité en Mauricie, ce qui n’est pas le cas dans les deux programmes américain et canadien. En outre, il n’aura fallu que 14 mois pour mettre en œuvre le projet en Mauricie, un temps record puisque l’Université de la Colombie-Britannique a eu besoin de cinq ans pour le même projet.

À ce sujet, le Dr Gagné rend d’ailleurs hommage à la direction de l’Université de Montréal, au doyen de la Faculté de médecine de l’UdeM, le Dr Jean Rouleau, à l’instigateur du projet, le Dr Lalande, au directeur général du CHRTR, Jean Bragagnolo, et à la direction de l’UQTR, qui ont uni leurs forces pour mener à bien ce projet. Le succès de cette entreprise s’explique en grande partie par son aspect résolument régional et par l’appui, outre du CHRTR, de l’hôpital de Shawinigan et de l’ensemble de la communauté mauricienne, qui a porté le projet auprès des instances politiques.

Le Dr Gagné souligne par ailleurs la participation exemplaire des professeurs formés en Mauricie par les professeurs de l’UdeM. Quelque 150 personnes sont engagées, de près ou de loin, dans ce projet. Le programme d’études médicales est identique à celui de Montréal, et, dans la plupart des cas, ce sont les mêmes chargés d’enseignement clinique et les mêmes professeurs. Pareillement, l’UQTR s’acquitte de sa part du travail. C’est là que les étu- diants suivent des cours comme Anatomie du système nerveux central, Génétique médicale, Sociologie du système de santé, Biologie moléculaire de la cellule appliquée à la médecine, etc.

Le vice-doyen Lalande confiait en 2004 à Forum que, s’il était couronné de succès, ce projet pourrait servir de modèle à d’autres initiatives du genre dans d’autres régions du Québec qui déplorent une pénurie de cliniciens. L’histoire lui a donné raison puisque l’Université de Sherbrooke a ouvert un campus en Sagamie, inspiré du modèle de l’UdeM. Ce programme, qui accueille 24 étudiants par année, a débuté en septembre 2006. D’autres projets du même genre pourraient voir le jour au Canada dans les prochaines années.
Une histoire à suivre.

Mathieu-Robert Sauvé

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