Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 16 - 15 JANVIER 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Sida: comment faire de la prévention chez les toxicomanes?

Il est très difficile d’évaluer l’incidence des programmes d’échange de seringues comme moyen de contrer la propagation du VIH chez les utilisateurs de drogues par injection (UDI). Cependant, il semble que le fait de s’approvisionner en seringues au même endroit, ainsi que la proximité des services soient des facteurs majeurs dans la réduction des risques.

«Nos études récentes ont démontré que les UDI qui se procurent leurs seringues au même endroit tout le temps sont deux fois moins susceptibles d’adopter un comportement à risque», a rapporté la Dre Julie Bruneau, professeure agrégée rattachée au centre de recherche du CHUM. La chercheuse a tracé un bref historique du programme d’échange de seringues à Montréal et a rappelé que plusieurs zones d’ombre restent toutefois à éclaircir.

«Est-ce que ces programmes fonctionnent?» a-t-elle demandé à son auditoire avant de préciser qu’il y avait encore du chemin à parcourir pour évaluer l’influence des méthodes de prévention sur cette clientèle mouvante et mobile que sont les utilisateurs de drogues par injection.

La Dre Bruneau a évoqué des résultats pour le moins déroutants publiés il y a quelques années et qui avaient mis en évidence le lien entre l’implantation d’un programme d’échange de seringues et… la séroconversion au VIH. En bref, les gens qui recouraient aux seringues mises à leur disposition couraient plus de risques de contracter le virus du sida. À noter que la majorité des études sur les retombées des programmes d’échange de seringues en Amérique et en Europe ont mis au jour des effets bénéfiques sur la réduction des comportements à risque et sur la transmission du VIH.

 Ces résultats, qui avaient suscité une onde de choc confirment la complexité des situations des UDI, et aussi le fait que chaque ville a son propre tissu social et ses propres caractéristiques.

Mais qu’est-ce qui distingue Montréal des autres métropoles? Plusieurs choses, mais principalement l’injection endémique de cocaïne. Alors que l’héroïnomane se pique en moyenne trois fois par jour tous les jours, le cocaïnomane fait alterner ses périodes d’injection avec des périodes de repos. Mais, en période de consommation, le cocaïnomane peut se piquer de quatre à six fois par heure, pendant 24 à 36 heures consécutives. Cela fait beaucoup de seringues.

Il est impérieux que les seringues soient propres.

Dans sa communication à Lyon, au cours du colloque sur les pandémies, Julie Bruneau a aussi insisté sur l’importance de la proximité de la source sécuritaire d’approvisionement en seringues, qui peut être un centre mais égale- ment une pharmacie.

Ainsi, les utilisateurs qui habitent dans un rayon de moins de 1,6 km d’un des trois principaux centres de distribution de seringues, tous situés dans des quartiers à concentration élevée de toxicomanes, ont moins de pratiques d’injection risquées que les autres. «La proximité d’un centre est associée à une pratique plus sécuritaire d’injection, du moins au centre-ville», a résumé la Dre Bruneau. Mais encore là, devant des situations sociologiques complexes, d’autres facteurs semblent modifier cette donnée.

Enfin, elle a noté que les deux mécanismes étudiés, soit la localisation de la source et la proximité des services, agissaient de manière indépendante l’un de l’autre.
Cette étude souligne l’importance de mieux comprendre comment implanter les programmes d’accès aux seringues. Bien que les contextes soient difficiles à changer, il est possible de modifier la nature des services, et leur localisation, afin d’en optimiser les retombées dans un contexte social précis.

Ce site a été optimisé pour les fureteurs Microsoft Internet Explorer, version 6.0 et ultérieures, et Netscape, version 6.0 et ultérieures.