Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 17 - 22 JANVIER 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Johanne Perron, une violoncelliste et professeure intense

«Être musicien est très exigeant, signale la professeure Perron. Jouer implique une évolution constante de son savoir-faire et beaucoup de travail.»

Bien qu’elle soit musicienne, Johanne Perron n’a aucun sens de la mesure. Demandez-lui de jouer de son instrument une minute ou deux, le temps nécessaire pour que le photographe de Forum la prenne en photo, elle vous offrira tout le prélude d’une suite de Bach. «Je suis comme ça… très intense», dit en souriant la violoncelliste, qui a récemment accepté un poste de professeure à la Faculté de musique.

Artiste à la carrière internationale, qui a quitté son Chicoutimi natal pour Québec à l’âge de 13 ans, Johanne Perron a été décrite par les critiques de la revue Musical America comme «une artiste aux dimensions musicales extraordinaires joignant une intensité importante et une profonde sérénité intérieure». Mme Perron s’est produite avec orchestre et en récital au Portugal, en Suisse, en Italie, au Brésil et dans plusieurs États américains, où elle a aussi donné de nombreux cours de maitre. La violoncelliste, qui a été soliste avec l’Orchestre symphonique de Québec et celui de Lisbonne, a enseigné à l’Université de la Caroline du Nord ainsi qu’au Harid Conservatory (aujourd’hui devenu la Lynn University) à Boca Raton, en Floride. Elle revient au pays après une vingtaine d’années d’absence.

«Tout allait très bien aux États-Unis et je ne pensais pas vraiment revenir, mais, lorsque j’ai appris l’ouverture d’un poste à l’Université de Montréal, je n’ai pas hésité une minute, confie Mme Perron, qui se dit animée par les défis. Ici, ajoute-t-elle, les gens sont très ouverts et ils savent que, pour réussir, il faut travailler fort. Cela est très stimulant lorsqu’on enseigne la musique.»

Pour elle, l’enseignement ne se limite pas au seul transfert de connaissances. «Enseigner, explique-t-elle, c’est d’abord écouter et dialoguer avec les jeunes.» De son propre aveu, cette dimension humaine, exigeante sur les plans de l’investissement et de la disponibilité, donne même tout son sens à sa carrière de professeure.

Trois filles musiciennes
L’enfance de Mme Perron a été imprégnée de musique. «Il y en avait toujours dans la maison familiale, raconte la musicienne. Ma mère était une passionnée de musique. Elle enseignait le piano aux petits. C’est elle qui nous a donné, à mes deux frères, à ma sœur et à moi, le gout d’apprendre cet instrument.»

Pourquoi avoir choisi plus tard le violoncelle? «J’avais huit ans lorsque j’ai entendu une symphonie de Mendelssohn par l’Orchestre symphonique de Québec, répond la professeure. Ce moment a été déterminant pour moi. J’ai aussitôt su que je deviendrais violoncelliste.»

Consciente d’avoir transformé en profession la source de ses plus grands plaisirs, cette mère de trois enfants (Natasha, 18 ans; Sheila, 17 ans; et Isabella, 6 ans) a, elle aussi, communiqué sa passion à sa progéniture. «L’ainée étudie présentement le violoncelle à New York; l a cadette, qui joue également de cet instrument, projette de s’inscrire à la Faculté de musique de l’UdeM l’an prochain; et la plus jeune adore chanter et jouer du violon et du piano», indique fièrement Mme Perron.

Le Trio Garami
Johanne Perron est titulaire d’un baccalauréat du conservatoire de Québec, où elle a étudié avec Pierre Morin et Jean-Louis Rousseau, et remporté un premier prix en violoncelle et en musique de chambre. Grâce à une bourse du Conseil des arts du Canada, elle entreprend une maitrise avec Aldo Parisot à la Yale School of Music. Puis, en 1979, elle part pour New York suivre des cours de perfectionnement avec Leonard Rose à la Juilliard School of Music. En 1982, elle remporte le Prix d’Europe ainsi que le premier prix des cordes du Tremplin international des concours de musique du Canada.

L’éclectique violoncelliste peut aussi bien interpréter des œuvres baroques et romantiques que des pièces classiques et contemporaines. Le violoncelle sur lequel joue Johanne Perron est un Bernardel fabriqué à Paris en 1901. «J’ai opté pour un instrument inimitable qui me permet un vaste répertoire», souligne-t-elle modestement.

Ce qu’elle ne dit pas, c’est que dans l’Encyclopédie de la musique au Canada figurent des critiques fort élogieuses à son égard, dont une de Gilles Potvin: « [...] sa sonorité est constamment belle et d’un fluide généreux. Ce qui frappe davantage chez elle, ce sont ses dons de musicienne, qui lui permettent de phraser avec sensibilité et élégance [...] » Imaginez, à l’époque où ses mots étaient publiés dans Le Devoir, en 1982, la musicienne ne possédait pas encore son Bernardel.

Membre fondateur du Trio Garami (fondé à la mémoire du violoniste Arthur Garami), elle donne aujourd’hui avec le violoniste Claude Richard et la pianiste Maneli Pirzadeh (tout deux également professeurs à la Faculté de musique) plusieurs concerts par année en plus de performer en soliste, d’enseigner et de s’occuper de sa famille. «J’adore être occupée», conclut la professeure Perron.

Ouf! Heureusement.

Dominique Nancy

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