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Religion, violence et contrôle social

Sous la direction de Martin Geoffroy, Élisabeth Campos et Jean-Guy Vaillancourt, le numéro 31 de la revue Religiologiques explore les liens entre la religion, la violence et le contrôle social. Il y a «instrumentalisation du religieux par le politique» et «les symboles religieux sont détournés de leur signification première», écrivent les directeurs du numéro dans la présentation du thème.

Une dizaine de chercheurs en sociologie, histoire, psychologie, criminologie, science politique et sciences des religions abordent cette problématique qui a pris une dimension nouvelle avec le suicide collectif de Jonestown en 1978 et qui a connu son paroxysme avec l’attaque du World Trade Center en 2001. Le numéro examine également des situations particulières propres à certains pays dont Haïti, le Liban, l’Iran et le Canada.

Si la violence d’inspiration religieuse a toujours existé dans l’histoire de l’humanité, le tournant du 21e siècle se caractérise par des genres nouveaux de terrorisme, qui allient «une idéologie religieuse de droite et un radicalisme sociopolitique qui se prétend progressiste mais qui, en fait, prône un retour à un âge mythique, affirment les trois directeurs. Ceux qui s’adonnent à ces activités sont souvent des jeunes possédant des formations techniques, mais sans grande formation intellectuelle dans les arts, les sciences sociales ou les humanités et encore moins en théologie. Ils se laissent guider par des gourous en mal d’un contrôle social total qu’ils ne possèdent plus.»

Auteurs de l’UdeM
Chercheuse au Centre de recherche de l’Institut Philippe-Pinel de Montréal, Élisabeth Campos analyse l’influence de la religion sur le comportement délinquant et déviant par rapport aux autres sources de contrôle social.Professeur au Département de sociologie, Jean-Guy Vaillancourt cosigne, avec Louis-Gabriel Blot, un texte où il tente de faire la lumière sur les positions souvent obscures de l’Église catholique d’Haïti à l’égard de la violence politique. Avec Mélanie Samson, du Département de sociologie, il cosigne un second article sur la résurgence de la spiritualité amérindienne; la quête d’identité des Amérindiens, marquée d’épisodes de violence, accentuerait la rupture avec les allochtones.
Kristoff Talin, chercheur invité au Département de science politique, se penche pour sa part sur les statistiques internationales afin d’illustrer comment la religion entraine des perceptions différentes de la violence.

Finalement, Pamela Chrabieh, postdoctorante à la Chaire de recherche du Canada en islam, pluralisme et globalisation, propose une relecture de la guerre du Liban (1975-2000+) afin de dépasser l’idée d’une guerre réduite à un conflit civil, voire «islamo-chrétien».

D.B.

Sous la direction de Martin Geoffroy, Élisabeth Campos et Jean-Guy Vail-lancourt, Religiologiques, no 31, Religion, violence et contrôle social, Québec, PUQ, printemps 2005.