Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 27 - 10 avril 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

parlons des personnes...

Émile Bouchard, le vétérinaire au cœur de hockeyeur

Les gens qui composent la communauté universitaire font rarement la manchette. Leur contribution n’en est pas moins indispensable. Dans cet esprit, Forum se propose de tracer ici de courts portraits de certains d’entre eux.

Émile Bouchard a contribué à la mise sur pied d’un système informatisé de gestion des troupeaux.

Photo : Marco Langlois.

Le quatrième enfant d’Émile «Butch» Bouchard, célèbre capitaine du Canadien de Montréal et quadruple gagnant de la coupe Stanley, porte le même prénom que son père, mais a choisi d’exceller dans un secteur bien différent: la médecine vétérinaire. «Quand j’étais jeune, je ne savais même pas qu’il y avait des vétérinaires rattachés aux fermes; je croyais qu’ils ne s’occupaient que des chiens et des chats», dit ce grand gaillard qui a grandi à Longueuil et qui est devenu spécialiste de la buiatrie (étude des bovins). Diplômé en médecine vétérinaire en 1981, Émile Bouchard a étudié pendant quatre ans à l’Université Davis, en Californie, avant d’accepter un poste de professeur adjoint à l’Université de Montréal. Depuis 23 ans, il enseigne à Saint-Hyacinthe.

Le directeur du développement et des relations avec les diplômés (un poste créé en 2005 et qu’il est le premier à occuper) a accompagné Forum au cours d’une visite impromptue du tout nouveau Centre hospitalier universitaire vétérinaire de Saint-Hyacinthe. La façade, sur la rue Sicotte, n’a pas changé, mais les bâtiments, derrière, ont subi une cure de rajeunissement sans précédent. «Nous possédons désormais l’un des hôpitaux vétérinaires les plus avant-gardistes du continent», lance le vétérinaire qui parle en connaissance de cause, puisqu’il a visité récemment plusieurs établissements comparables au Canada et aux États-Unis.

Dans le secteur de la radiologie, notamment, la Faculté de médecine vétérinaire a fait un bond de géant en attirant des spécialistes formés à l’étranger et en acquérant des appareils de pointe. «On a aussi agrandi les locaux de clinique, tant pour les soins des bovins que pour ceux des chevaux», ajoute-t-il en montrant les salles d’opération rutilantes et les vastes enclos. Du côté des chevaux, un tapis roulant géant permettra sous peu de voir courir les bêtes sans avoir à sortir au grand air. Au total, ce sont plus de 60 M$ qui ont été investis par les gouvernements provincial et fédéral pour doter la Faculté de nouvelles infrastructures. Cet argent a permis de doubler la superficie des installations et d’entreprendre la construction d’un nouveau pavillon, le 1500, rue des Vétérinaires.

En plus d’enseigner et de pratiquer la médecine vétérinaire (il a la responsabilité de quatre fermes laitières de la Montérégie, qui comptent ensemble près de 600 têtes), Émile Bouchard mène des travaux de recherche. Dès ses premières années à la Faculté, il a mis sur pied avec ses collègues Michel Bigras-Poulin et Denis du Tremblay un système informatisé de gestion des troupeaux qui est encore en usage, le Dossier de santé animale. «Il s’agit d’un système qui permet de suivre en détail l’évolution du troupeau à partir de données individualisées, explique-t-il. Chaque vache fait l’objet d’une évaluation qui est ensuite centralisée. Pour l’agriculteur, c’est une façon d’administrer son élevage comme une entreprise privée. Il peut ainsi améliorer sa productivité.»

Le logiciel permet de garder à jour un dossier de santé individuel qui contient toute l’information sur l’animal, de sa venue au monde à sa mort. On peut y consigner les dates de naissance, de vêlage, de sevrage, d’inséminations et de traitements contre les maladies. Le dossier peut être imprimé et transféré électroniquement. Jusqu’à présent, plus de 2000 fermes laitières ont adhéré à ce système.

En 2004, le Dr Bouchard a présidé un congrès international de buiatrie qui a attiré 1800 congressistes, dont 1450 médecins vétérinaires de 57 pays. L’activité, tenue au Centre des congrès de Québec, a engendré des retombées de l’ordre de trois millions de dollars. Le succès a été tel que le Cercle des ambassadeurs de Québec a décerné à M. Bouchard le Prix de l’évènement de l’année.

Si le vétérinaire est l’homonyme d’un des plus grands joueurs de la Sainte-Flanelle, il n’a jamais sérieusement envisagé une carrière de joueur professionnel, à la différence de son frère Pierre, qui a remporté cinq fois la coupe Stanley avec le Canadien. «De toute façon, j’aimais l’école et je voulais aller à l’université», raconte-t-il.

Mais le fils de «Butch» Bouchard a le hockey dans le sang et il s’adonne à son sport une fois par semaine dans une ligue maskoutaine. Un défenseur difficile à contourner. Comme son père.

Mathieu-Robert Sauvé

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