Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 28 - 23 avril 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Blessures à la tête: le risque de répétition est élevé

Les enfants victimes d’un choc à la tête courent deux fois plus de risques de subir un second traumatisme crânien

Le retour aux activités normales à la suite d’une blessure à la tête devrait être progressif et conditionné par la disparition complète de tout symptôme.

Jusqu’ici les chercheurs n’avaient que des témoignages anecdotiques. Maintenant les données le prouvent: les enfants qui ont été victimes d’une commotion cérébrale courent un plus grand risque d’en subir une autre. Ce risque est presque deux fois plus grand que celui couru par les enfants qui ont été blessés à un membre.

C’est ce que vient de démontrer une étude de Bonnie Swaine, professeure à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine, dont les résultats sont parus dans le numéro d’avril de la revue Pediatrics. Il s’agirait de la première étude longitudinale apportant des éléments scientifiques à ce sujet.

Selon des données citées par la chercheuse, les blessures à la tête comptent pour 10 % des admissions dans les urgences aux États-Unis. Au Canada, 24 % des blessures chez les enfants se situent à la tête.

Jusqu’à 2,5 fois plus
Bonnie Swaine a comptabilisé l’information recueillie auprès de 10 300 parents dont les enfants, âgés de 1 à 18 ans, ont dû être hospitalisés pour soigner une blessure. Parmi ces enfants, 3600 avaient subi un traumatisme cranio-cérébral, soit une commotion cérébrale, une fracture du crâne, une lacération au visage, une blessure aux yeux ou une fracture de la mâchoire à la suite d’une chute ou d’un choc contre une surface dure.

Les 6700 autres étaient blessés à diverses autres parties du corps. Deux hôpitaux montréalais ont participé à l’étude: le CHU Sainte-Justine et l’Hôpital de Montréal pour enfants.

«Nous avons inclus dans le même groupe tous les enfants ayant subi une blessure quelconque à la tête parce que nous savons que même une fracture de la mâchoire peut être une cause de commotion cérébrale, explique Bonnie Swaine. Et, dans chacun des cas, les blessures étaient assez importantes pour que l’on conduise l’enfant à l’hôpital.»
On a communiqué avec les parents à deux reprises, soit 6 mois et 12 mois après l’accident. Dans l’ensemble des deux groupes, toutes blessures confondues, 2,4 % des enfants avaient subi une blessure à la tête six mois après le premier accident, taux qui monte à 4 % après un an.

Mais, si l’on isole le groupe d’enfants initialement hospitalisés pour un traumatisme crânien, la proportion de ceux qui ont été une seconde fois blessés à la tête est de 3,2 % après six mois et de 5,5 % après un an. Certains de ces enfants ont même subi trois blessures à la tête.

Bonnie Swaine

Bonnie Swaine

«Le ratio entre les deux groupes est de 1,55, ce qui signifie que les enfants ayant déjà subi une blessure à la tête sont presque deux fois plus à risque d’en subir une autre que les enfants qui ont été victimes d’autres types de blessures, souligne la chercheuse. Chez ceux blessés deux fois à la tête, le risque qu’ils soient blessés une troisième fois est 2,5 fois plus élevé. Ce sont les garçons âgés de moins de cinq ans qui sont les plus susceptibles de l’être.»

Causes mal connues
Les causes de ces blessures répétées ne sont pas bien connues et l’étude ne permet pas de les tirer au clair. Bonnie Swaine voit toutefois deux explications possibles: d’une part, les enfants qui se blessent à la tête s’adonnent peut-être à des activités à risque, activités qu’ils poursuivent même après un premier accident; d’autre part, la chercheuse n’exclut pas la possibilité qu’une première commotion perturbent les réflexes telle la rapidité et des habiletés comme l’équilibre, rendant ainsi les victimes plus à risque de rechute.

À son avis, il est très important d’intervenir adéquatement auprès de ces jeunes. «Les conséquences des traumatismes crâniens sont nombreuses, signale-t-elle. Ils occasionnent des maux de tête, des vertiges, des vomissements, des pertes de mémoire et de l’irritabilité. Pour ces enfants, le retour à l’école est très difficile et ils ont de la difficulté à se concentrer, d’où des problèmes ou des retards d’apprentissage.»

Après un premier traumatisme, elle recommande d’éviter l’usage de l’ordinateur et l’écoute de la télévision pendant au moins un mois, même si elle convient que cela est très difficile pour de jeunes enfants. Le port d’un casque protecteur devrait par ailleurs être envisagé dans certains cas.

Son étude montre en outre que cette période sans participation aucune à des activités risquées pendant un mois, à laquelle on astreint les victimes de commotion cérébrale, est loin d’être suffisante puisque les traces du choc à la tête subsistent bien au-delà de ce délai. Le retour aux activités normales devrait être progressif et conditionné par la disparition complète de tout symptôme.

Daniel Baril

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