Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 29 - 7 mai 2007
 Sommaire de ce numéro
 Archives de Forum

Le portfolio, une approche exigeante mais bénéfique

Cet outil stimule la réflexion sur les apprentissages

On associe spontanément le mot «portfolio» aux dessins les plus représentatifs d’un artiste réunis dans un porte-documents. Pourtant, depuis quelques années, l’utilisation de ce «dossier personnalisé» dépasse les frontières du domaine des arts. Les programmes de formation professionnelle en milieu universitaire se sont en effet approprié le portfolio pour en faire un outil d’apprentissage, de développement personnel et professionnel et d’évaluation.

«Le portfolio est beaucoup plus qu’un curriculum vitæ, explique Alain Legault, professeur adjoint à la Faculté des sciences infirmières. C’est un ensemble de travaux, de lectures, de rapports de stage, parfois même d’enregistrements vidéo. Chaque pièce est accompagnée d’un texte réflexif. On pourrait ainsi dire que le CV est le squelette et que le portfolio est la chair qui l’entoure.»

La création d’un portfolio, en version papier ou électronique, permet aux étudiants de faire une synthèse articulée de leurs apprentissages et de démontrer l’évolution de leurs compétences tout au long du programme. «Le principe du portfolio réside moins dans l’accumulation de travaux que dans la réflexion sur la pratique», précise la conseillère pédagogique au Centre d’études et de formation en enseignement supérieur Claire Bélanger.

Cette démarche imprègne le cheminement des étudiants même à l’extérieur de l’Université. «On constate que la première cohorte qui a expérimenté cet instrument est plus à l’aise en entrevue», remarque M. Legault. Pour les professeurs, le portfolio devient un outil d’évaluation formative. Ils peuvent ainsi motiver les étudiants en leur fournissant une rétroaction régulière.

Un outil exigeant
Le concept du portfolio est intimement lié à l’approche par compétences. «Comme ces compétences s’acquièrent avec le temps, nous avons besoin d’un outil tel que le portfolio pour en démontrer l’évolution», affirme Mme Bélanger.

Son utilisation a gagné le campus en 2001. Aujourd’hui, les facultés des sciences infirmières, de pharmacie et des sciences de l’éducation, les programmes d’audiologie et d’ergothérapie, de même que certains programmes de la Faculté de l’éducation permanente l’ont adopté. Claire Bélanger a par ailleurs contribué à la mise sur pied d’un groupe d’intérêt sur le portfolio en janvier 2005.

L’intérêt suscité par le portfolio ne facilite pas nécessairement son implantation. «Les réactions à la Faculté des sciences infirmières sont partagées, concède Alain Legault. Des étudiants voient immédiatement la pertinence du portfolio, alors que d’autres le considèrent comme une surcharge de travail. Même chose chez les professeurs.»

Selon un article publié dans la revue Pédagogie médicale en mai 2006, le portfolio est un outil «potentiellement très fécond», mais qui demeure cependant «vulnérable». Le manque de temps, la mauvaise qualité de la supervision pédagogique et des consignes de travail peu explicites, entre autres, peuvent nuire à sa portée éducative.

Pour une mise à jour continue
Malgré tout, l’aventure du portfolio se révèle concluante jusqu’à présent. Des enseignants et des étudiants d’une vingtaine de pays l’emploient. Le marché du travail y a en outre de plus en plus recours. Alain Legault élabore actuellement un portfolio de «développement professionnel» en collaboration avec le CHUM. «Dans trois ans, toutes les infirmières cliniciennes devront continuer la mise à jour de leur portfolio commencé au début du programme», dit-il.

Diverses expériences menées dans le monde lui laissent dire que le portfolio pourrait suivre les individus tout au long de leur carrière. «En Colombie-Britannique, au moment de renouveler le permis d’exercice des infirmières, on en choisit un certain nombre au hasard chaque année dont le portfolio sera évalué par leur association. L’Ordre des ergothérapeutes du Québec vérifiera bientôt le portfolio de ses membres lors de l’inspection professionnelle. C’est une manière de s’assurer que les travailleurs poursuivent la mise à jour de leurs connaissances.» Selon lui, ce n’est qu’une question de temps avant que les ordres professionnels du Québec entrent dans la danse.

Marie Lambert-Chan

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