Hebdomadaire d'information
 
Volume 41 - numÉro 29 - 7 mai 2007
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 Archives de Forum

capsule science

Le compostage réduit-il les gaz à effet de serre?

Sensibiliser les enfants aux vertus du recyclage, c’est bien, mais encore faut-il que les gestes encouragés soient bel et bien utiles pour la sauvegarde de l’environnement.

Dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), Environnement Canada a mis sur pied un programme de sensibilisation au vermicompostage dans les écoles primaires. Des bacs et des vers spécialement sélectionnés sont distribués gratuitement et les enfants sont invités à y déposer les résidus végétaux de leurs diners et collations.

Mais, à première vue, l’effet du compostage sur la réduction des GES n’est pas évident: composté ou non, un végétal va retourner à l’atmosphère la même quantité de gaz carbonique (CO2) qu’il y a puisée au cours de sa croissance. On pourrait aussi penser que l’incinération produirait le même résultat.

«La question n’est pas simple, convient Sébastien Sauvé, professeur au Département de chimie et spécialiste des contaminants environnementaux. Tout dépend en fait des conditions de compostage. Un produit végétal qui se décompose à l’air libre émet du CO2, engendré par la digestion des bactéries qui se nourrissent de ces résidus. Mais, si l’on enfouit les résidus végétaux, ce ne sont plus les mêmes bactéries qui vont dégrader le végétal: les bactéries qui vivent en milieu anaérobique, c’est-à-dire sans oxygène, produisent du méthane plutôt que du gaz carbonique par leur digestion.»

Or, l’effet de serre attribué au méthane est 30 fois plus important que celui du gaz carbonique. Le compostage domestique se traduit donc par un gain réel dans la lutte contre les GES, mais à condition qu’il soit très bien aéré. Selon les environnementalistes, la meilleure solution serait toutefois le compostage industriel anaérobique, où l’on peut récupérer le méthane qui sert alors de source d’énergie; sa combustion n’entrainerait presque aucun résidu.

Le CO2 n’est pas toxique et nous en avons même besoin pour vivre. Seul le CO2 causé par la combustion des matières fossiles est considéré comme un GES parce qu’il s’ajoute au gaz carbonique déjà présent dans l’atmosphère et qui est continuellement recyclé.

Vermicompostage et broyage
Que font les vers dans le processus de compostage? «Ils accélèrent la décomposition puisque ce qu’ils rejettent est digéré plus facilement par les bactéries, répond Sébastien Sauvé. De plus, ils contribuent à oxygéner et à humidifier le sol.»

Par contre, faire bruler son tas de feuilles n’est «vraiment pas une bonne idée, affirme le professeur. Le compostage permet de conserver une partie du CO2 dans la biomasse alors que l’incinération détruit tout. Si la combustion de feuilles ou de foin n’est pas très toxique, elle dégage quand même du monoxyde de carbone ainsi que des HAP [hydrocarbures aromatiques polycycliques] et envoie des particules de suie en suspension dans l’air.»

En l’absence d’installations de compostage, le chimiste estime qu’il vaut encore mieux broyer ses résidus végétaux domestiques et les envoyer à l’égout plutôt que de les mettre à la poubelle et de les destiner à l’enfouissement si le méthane n’est pas récupéré. «Les résidus broyés vont se retrouver à l’usine d’épuration et les boues seront incinérées, un procédé qui produit zéro méthane», assure-t-il.

En plus d’éviter la production de méthane, le compostage domestique bien contrôlé réduit la saturation des sites d’enfouissement et les frais qui y sont associés tout en produisant un fertilisant qui évitera le recours aux engrais chimiques polluants.

Daniel Baril

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