Édition du 27 août 2001 / Volume 36, numéro 1
 
  La FCFDU tient son assemblée annuelle à l’Université
Les femmes sont-elles maintenant les seules à comprendre l’importance d’une formation universitaire?

Claire McNicoll

Les exemples de carrières de certaines femmes peuvent être d’un grand intérêt pour les jeunes générations de même que pour ceux et celles qui veulent poursuivre la réflexion sur la question de l’avancement des femmes. C’est ce qu’a déclaré le 7 août Claire McNicoll, vice-rectrice à l’enseignement de premier cycle et à la formation continue, qui prononçait la conférence d’ouverture à l’assemblée générale annuelle de la Fédération canadienne des femmes diplômées des universités (FCFDU), qui se tenait récemment à l’Université de Montréal sur le thème des femmes savantes.

La FCFDU, qui s’est donné pour mission la recherche de la connaissance, la promotion de l’éducation et l’avancement du statut de la femme, regroupe quelque 10 000 diplômées universitaires canadiennes, réparties dans 130 associations locales.

«Si chacun fait son chemin à sa façon, il peut quand même s’inspirer de la manière dont d’autres ont fait le leur», a observé Mme McNicoll. La vice-rectrice a profité de l’occasion pour rendre hommage aux femmes de sa famille — sa mère, ses grands-mères et ses tantes —, qui furent pour elle des exemples de courage, de détermination et de sollicitude envers les plus jeunes et qui l’ont aidée à tracer son propre chemin.

Changement d’orientation

Rêvant depuis toujours de devenir professeure d’histoire de la Renaissance et des Temps modernes, la jeune Claire McNicoll traverse chaque jour l’île de Montréal pour se rendre au collège. Ce trajet d’autobus, qui emprunte le boulevard Saint-Laurent, lui fait découvrir la diversité ethnique de Montréal: le quartier juif, celui des Portugais, puis la Petite Italie et ensuite un genre de no man’s land peuplé d’immigrants d’Égypte et du Maghreb. À l’université, elle décide donc de s’inscrire non pas en histoire, mais plutôt en géographie afin de comprendre ces gens qui vivent tout près d’elle, à Montréal, comme si le reste du Québec n’existait pas. Elle fait ensuite sa thèse de doctorat sur l’évolution des groupes ethniques sur l’île de Montréal, thèse qui sera d’ailleurs publiée en 1993.

Mme McNicoll, qui avoue avoir été toujours préoccupée par le rôle primordial que joue la formation dans la vie d’un individu, considère qu’une société d’accueil a la responsabilité d’offrir le meilleur enseignement possible à tous ses citoyens, quelle que soit leur origine. Aussi constate-t-elle que les stéréotypes basés sur l’origine ethnique et le sexe en matière d’emploi ont été en majeure partie dépassés dans les sociétés occidentales, à l’exception de certains domaines tels que la physique, l’informatique et l’ingénierie, où la présence féminine laisse encore à désirer.

«Mais ce qui frappe aujourd’hui, c’est le déséquilibre qui se manifeste dans la population étudiante. Par exemple, à l’Université de Montréal, 67 % de nos étudiants sont des femmes, proportion qui s’élève à 55 % à la maîtrise et à 49 % au doctorat. Si l’on considère le diplôme obtenu, la proportion de femmes est encore plus élevée, soit 69 %, sauf au doctorat, où elle approche les 40 %. Mais dans ce dernier cas, nous atteindrons certainement les 50 % au cours des prochaines années.»

La vice-rectrice a aussi souligné que le déséquilibre est particulièrement marqué dans des domaines très contingentés, notamment la médecine, qui compte 70 % de femmes, la médecine vétérinaire, 80 % et l’optométrie, près de 90 %.

«Il semble que seules les femmes ont compris l’importance d’une formation supérieure dans notre société basée sur le savoir», observe Mme McNicoll. Cette situation n’est pas propre au Québec, révèlent les statistiques de l’OCDE.

«Ayant le plaisir et le privilège de partager ma vie avec un historien, professeur d’université, qui s’intéresse aux arts, à la musique et au théâtre aussi bien qu’aux questions sociales et politiques, je suis inquiète pour les prochaines générations de femmes, ajoute-t-elle. Celles qui chercheront un compagnon de vie capable de partager leurs préoccupations intellectuelles et leurs goûts culturels risquent d’être dépourvues.»

F.L



 
Archives | Communiqués | Pour nous joindre | Calendrier des événements
Université de Montréal, Direction des communications