Édition du 27 août 2001 / Volume 36, numéro 1
 
  Les toiles de Picasso: un défi pour l’œil


Si chaque chercheur avait sa devise, celle de Stéphane Molotchnikoff, professeur au Département de sciences biologiques, serait Voir, c’est croire. Le chercheur mène des études en neurobiologie et en physique relatives à la vision. Comme il le dit, la vue est le sens dominant chez l’homme, celui qui façonne son contact avec la réalité.

«Lorsque nous examinons un objet, nous faisons appel à plusieurs modules distincts de notre cerveau, explique-t-il. Chacune de ces régions joue un rôle particulier dans la vision: l’une, par exemple, est responsable de la sensibilité aux mouvements; les autres, de la perception des couleurs et de la sensibilité aux formes, telles les lignes. C’est la synchronisation de ces multiples régions cérébrales qui nous fournit la vue d’ensemble d’un objet. Toutes ces parties du cerveau communiquent entre elles en parfaite synchronie... tout cela à l’intérieur d’un millième de fraction de seconde et à notre insu!»

Stéphane Molotchnikoff

Quand survient une illusion d’optique, le cerveau est déjoué. Le défi consiste à déterminer les circonstances précises dans lesquelles notre vision nous joue des tours ou, au contraire, nous rend service. En analysant la façon dont notre cerveau traite l’image, le chercheur a fait des découvertes prometteuses. Ainsi, l’équipe de son laboratoire a découvert les formes des images qui conduisent à une synchronisation parfaite, propice à une vision optimale. Entre autres, ces chercheurs ont remarqué que certains types d’images favorisent une vision cohérente et bien structurée, notamment celles qui contiennent des traits opposés. «Par exemple, la représentation de deux voitures de forme et de couleur différentes se déplaçant en sens inverse aide à la synchronisation des impulsions cérébrales associées à la perception visuelle, explique-t-il. Dans ce cas, cette synchronisation correspond à un déclic qui se produit lorsque l’observateur saisit la teneur de l’information visuelle.»

Par ailleurs, notre cerveau a beaucoup plus de difficulté à déchiffrer un visage abstrait peint à la façon de Pablo Picasso. En effet, les traits de ces toiles ne nous étant pas familiers, chaque fraction de cette image exige un effort cérébral de la part de l’observateur jusqu’au moment où se produira une synchronisation engendrée par l’image.

Par l’intermédiaire de leurs travaux, les membres de l’équipe du professeur Molotchnikoff contribuent non seulement à mieux faire comprendre les mécanismes de la vue, mais aussi à favoriser la conception de nombreux outils destinés aux personnes atteintes de troubles de la vision. «À long terme, nos études pourraient mener à la création de prothèses visuelles à puces électroniques pour ces individus. La réalisation d’images de synthèse plus saillantes pour les simulations de vol ainsi qu’une foule d’autres applications, tel le calibrage adéquat des lampes halogènes pour les phares de voitures, pourraient aussi découler des résultats de nos recherches», ajoute M. Molotchnikoff.

(Source: Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada.)



 
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