Édition du 17 septembre 2001 / Volume 36, numéro 4
 
  Témoignages
Jean Baudot - Éphrem Jacques - Pierre Franchebois

Hommage à Jean Baudot
Jean Baudot nous a quittés le 16 août 2001, après une maladie insidieuse qui ne pardonne pas. Après une brève carrière d’ingénieur, Jean Baudot a été appelé à l’Université de Montréal, vers la fin des années 50, pour prendre en charge les activités engendrées par l’outillage de calcul électronique, comme on disait alors, dont disposait le Centre de statistique du Département de mathématiques. Il s’agissait de la LGP-30 de vénérée mémoire. Sa présence s’y avéra d’une fécondité remarquable tant pour les étudiants que pour les enseignants et les chercheurs.

Au printemps de 1964, Jean Baudot participe activement à la création du Centre de calcul, dont il devint dès 1971 le directeur. Ce centre répondait à un besoin. On comprend qu’il prit rapidement son essor sous l’impulsion de Jean Baudot. De nombreux travaux s’amorcèrent dans les domaines les plus divers, mais toujours avec le même succès, parmi lesquels on peut rappeler: DATUM (base de données juridiques), TAUM (traduction automatique), TERMIUM (banque de terminologie), PRDH (démographie historique), PRCH (médecine dentaire), etc...

Comme la linguistique et l’informatique font bon ménage, Jean Baudot s’intéressa de plus en plus à la linguistique et aux liens indispensables à forger entre ces deux disciplines. Après avoir suivi des cours de linguistique, il fait, en 1978, le saut et obtient un poste de professeur au Département de linguistique et philologie. C’est là qu’il élabore les cours de linguistique formelle, de terminotique, de linguistique statistique, etc. Ses travaux de recherche se concrétisent par d’importantes publications. Rappelons pour mémoire ses divers articles et notamment ses livres: Introduction aux grammaires formelles (Montréal, Sodilis, 1985) et sa traduction en italien Intoduzione alle grammatiche formali (Naples, Liguori), Fréquences d’utilisation des mots en français écrit contemporain (Presses de l’Université de Montréal, 1992) et Dictionnaire compact des sciences et de la technique (Wiesbaden, Brandstetter, vol. II, 1991, vol. I, 1996, écrits en collaboration).

S’il est vrai que nous n’avons qu’une vie, il est également vrai que, si nous avons accompli notre tâche, une seule vie suffit. C’est à ne pas en douter le cas de Jean Baudot. En plus de ses travaux d’enseignant et de chercheur, Jean Baudot avait à cœur de rendre service, d’aider, chaque fois qu’il le pouvait et sans attendre un remerciement en retour. Qualité de plus en plus rare, admettons-le, de nos jours. Nombreux sont ceux qui s’en souviennent et lui en savent gré.

Jacques St-Pierre et André Clas
Anciens professeurs

Décès du Dr Éphrem Jacques
Le Dr Éphrem Jacques, ancien doyen, collègue et ami de bon nombre d’entre nous, nous a quittés pour un autre monde à l’âge de 84 ans. Je ne suis pas en mesure de préciser si c’est pour un monde meilleur.

Né à Southbridge, au Massachusetts, en 1916, il est revenu au pays en même temps que sa famille et a fait ses humanités au Collège de l’Assomption. Il opte pour la médecine vétérinaire, à Oka à l’époque, et reçoit son diplôme en 1942. Il choisit d’aller faire un séjour auprès du Dr Lionel A. Gendreau, diplômé de l’École vétérinaire de Guelph, qui jouit d’une belle réputation et qui accepte de jeunes vétérinaires désireux de s’imprégner de cas cliniques. Le Dr Jacques s’installera ensuite à Richmond, le milieu est bilingue et le nouveau vétérinaire maîtrise les deux langues.

Une partie de sa vie professionnelle se déroulera là et il participera aussi à la vie du milieu. Il sera préfet du comté de Richmond et le premier maire canadien-français de la municipalité de Cleveland. On le verra aussi vice-président de la Société d’agriculture du comté de Richmond pendant deux ans et également membre de la commission scolaire.

Le Dr Jacques s’est aussi consacré aux activités colombiennes: grand chevalier du conseil 1950 des Chevaliers de Colomb, député du district no 23 pendant neuf ans, fidèle navigateur, maître du quatrième degré du district de la province de Champlain pendant neuf ans. Son père avait été aussi un maître du quatrième degré.

En 1957, il quitte Richmond pour Saint-Hyacinthe et accepte le poste de directeur adjoint de l’École de médecine vétérinaire de la province de Québec. En 1960, il est nommé directeur du Service de l’extension de l’enseignement et, en 1967, il devient directeur de l’École.

En 1969, lors du passage de l’École à l’Université de Montréal, il devient le premier doyen de la Faculté de médecine vétérinaire, poste qu’il occupera jusqu’en 1977. Il poursuivra sa carrière professorale à titre d’adjoint au doyen à la formation continue jusqu’en 1983.

Le passage de la médecine vétérinaire, institution gouvernementale, au giron de l’Université de Montréal s’est ainsi réalisé sous son règne. C’est grâce à lui, à sa diplomatie, à sa ténacité et au soutien de son conseil que les autorités de l’Université de Montréal et du ministère de l’Agriculture provinciale ont paraphé «l’entente cordiale». M. Roger Larose, vice-recteur, M. Clément Vincent, ministre de l’Agriculture, et le Dr Jacques furent les artisans, je devrais dire les artistes, qui ont mis au monde le rejeton de Saint-Hyacinthe. Il y eut croissance, développement harmonieux, santé, fixation des bons caractères de la race et dans les bonnes conditions.

Le Dr Jacques fut apprécié des professeurs de l’époque, très soucieux du bien-être des employés. J’ai le souvenir qu’il a joué un rôle de premier plan dans la formation des jeunes désireux de parfaire leurs connaissances. Ceux qui sont venus après lui et qui ont travaillé dans sa foulée ont vu à la préparation d’un corps professoral jeune et compétent.

Merci, docteur Jacques, votre œuvre survivra.

Olivier Garon
Professeur honoraire
Pierre Franchebois (1922-2001)

Le professeur Pierre Franchebois s’est éteint le 12 juillet à la suite d’une longue maladie, à l’unité de soins palliatifs de l’hôpital Notre-Dame. À sa retraite, qu’il a prise très tard et très progressivement, le Dr Pierre Franchebois était professeur titulaire de chirurgie à l’hôpital Saint- Luc et professeur honoraire d’anatomie à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal.

Établi au Québec en 1969 mais déjà en possession d’un curriculum prestigieux faisant honneur à la communauté chirurgicale de Montpellier (France), Pierre Franchebois s’est dévoué à sa profession, consacrant sa carrière québécoise à la clinique, à l’enseignement et à la recherche. Chacun lui reconnaît un comportement d’aristocrate. Savant et cultivé, pédagogue talentueux et généreux de son temps, interlocuteur compatissant, respectueux de chaque individu, il va laisser un vide palpable dans le milieu médical, mais non dans le souvenir des personnes qui l’ont approché et apprécié, patients, étudiants ou collègues.

Sa femme Christiane Mascrès, professeure émérite de la Faculté de médecine dentaire, remercie tous ceux et celles qui se sont efforcés d’offrir à Pierre Franchebois une fin de vie pleine de dignité, et en particulier les médecins et le personnel soignant du service de chirurgie hépato-biliaire de l’hôpital Saint-Luc (CHUM), les médecins et le personnel infirmier ainsi que bénévole de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital Notre-Dame.



 
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