Édition du 15 octobre 2001 / Volume 36, numéro 7
 
  Fonction publique: jeunes diplômés recherchés
Le gouvernement du Québec a besoin de 20 000 nouveaux employés.

Tout est possible pour les jeunes qui veulent entrer dans la fonction publique québécoise, estime le ministre Sylvain Simard.

Spécialiste en traduction, bibliothécaire, agent d’information, conseiller en affaires internationales, analyste en informatique, économiste. Voilà quelques-uns des postes qui étaient affichés à un stand du Conseil du trésor, près de la cafétéria des sciences sociales, le 4 octobre à 9 h 30. Les formulaires étaient là également, avec les crayons pour les remplir. La responsable du stand, déjà débordée, n’avait pas fini d’installer ses présentoirs que les étudiants affluaient. «Les agents arrivent à 9 h 45, répétait-elle. Ils répondront à toutes vos questions; revenez plus tard.»

Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu ça: des offres pour des emplois permanents, bien payés (salaires de 60 000 à 62 000 $ par année au maximum de l’échelle) et qui ciblent particulièrement les diplômés universitaires. «Nous avons une approche énergique parce que nous voulons attirer les meilleurs, dit le ministre de la Fonction publique et président du Conseil du trésor, Sylvain Simard, en entrevue exclusive à Forum. La fonction publique québécoise ne doit pas être le huitième choix chez ceux qui se cherchent un emploi intéressant.»

Depuis une réforme du système, appliquée en avril dernier, la fonction publique est plus intéressante que jamais, estime le ministre. C’est à tort que les fonctionnaires sont encore perçus comme des ronds-de-cuir qui s’ennuient derrière un bureau poussiéreux. Ils ont désormais de plus grandes responsabilités, gérant eux-mêmes leurs budgets par exemple. «Fini le temps où il fallait signer deux formulaires pour acheter un crayon», ironise le ministre. Ils seront beaucoup plus autonomes et plus mobiles aussi: l’époque où l’on passait sa vie dans le même service du ministère X est révolue. L’employé passera deux ou trois ans à l’Environnement, puis pourra être muté à l’Éducation, à l’Industrie ou à la Culture en menant une carrière aux multiples dimensions. «Une carrière à la mesure de vos ambitions!» dit le slogan publicitaire.

Mais qui dit plus de responsabilités, dit plus d’imputabilité. Les employés de l’État devront prendre des engagements et répondre de leur rendement en fin d’année.

Tout est possible

«C’est la plus grande opération de recrutement en milieu universitaire depuis 30 ans», dit le ministre, qui est lui-même diplômé des universités de Montréal (baccalauréat), McGill (maîtrise) et de Paris (doctorat) en études littéraires. Aurait-il été tenté lui-même par une carrière de fonctionnaire? «Si j’avais 20 ans aujourd’hui, oui. Le secteur privé a exercé une grande fascination durant une vingtaine d’années, mais cette influence est terminée, je crois. Le service public retrouve sa noblesse.»

Lorsqu’il avait l’âge des étudiants qui continuent d’affluer au stand du Conseil du trésor, Bernard Landry travaillait avec René Lévesque à la nationalisation de l’électricité; Jacques Parizeau, jeune professeur aux HEC, était recruté par le premier ministre Jean Lesage. «Tout était possible à cette époque. De nos jours, on a l’impression que c’est de nouveau le cas.»

Trop peu trop tard?

Derrière cette opération médiatique qui donne au ministre une visibilité sans précédent dans les universités se cache pourtant un malaise: le gouvernement du Parti québécois a laissé vieillir sa fonction publique sans se soucier de son renouvellement. Aujourd’hui, on ne trouve que huit pour cent de moins de 35 ans dans la fonction publique québécoise. Comme la main-d’œuvre gouvernementale approche de l’âge de la retraite, des services complets risquent de se vider d’un coup d’ici 10 ans avant d’être remis à flot. M. Simard accepte le blâme mais rectifie: ce sont les gouvernements successifs qui ont négligé le souci intergénérationnel, non seulement celui du PQ. «Il ne faut plus jamais qu’un tel fossé se creuse dans la fonction publique», commente-t-il.

Son objectif est de faire passer la proportion de jeunes à 25 % d’ici 10 ans. «On a besoin de 20 000 nouveaux employés. À court terme, cela représente 1500 personnes par an.»

Pour éviter que les jeunes aient tout à apprendre dans des bureaux désertés par leurs prédécesseurs, un programme de mentorat a été mis sur pied. Il permettra de transférer les connaissances et les expériences des «vieux routiers» aux «verts». Un tel programme aurait pu prévenir bien des problèmes lors du changement de garde des infirmières, notamment.

Et la récession freinera-t-elle les ardeurs du «plus important employeur du Québec» avec 52 700 employés ? «Au pire, il pourrait y avoir un rythme d’embauche un peu moins soutenu, répond Sylvain Simard, mais une récession ne remettra pas en cause notre programme.»

Information: 1-866-672-3460; site Web: www.tresor.gouv.qc.ca/emplois.

Mathieu-Robert Sauvé



 
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